19 avril 2024

Les mauvaises pratiques qui persistent dans le tourisme

Alors que Casablanca se prépare pour mieux accueillir ses visiteurs et ses
touristes avec de nouvelles infrastructures hôtelières, muséales et de transport,
des pratiques peu orthodoxes persistent au risque de faire fuir les touristes.
Malgré le travail de la police touristique, les faux guides, les chauffeurs de taxis
qui jouent au guide et au transporteur touristique, les commerçants
démultipliant les prix… sont encore présents.
La reprise du secteur touristique se confirme avec plus de 1 million 140.000
touristes dont 620.000 MRE reçus durant le mois de juin 2022. Cela représente
une hausse de 235% par rapport à la même période en 2021. Au-delà de
Marrakech et Agadir, Casablanca reçoit aussi des touristes d’affaires, de passage
ou des curieux qui veulent découvrir la ville la plus bouillonnante et la plus
dynamique du Royaume. La ville certes toujours en chantier se fait belle et
améliore son infrastructure. Les deux nouvelles lignes de tramway T3 et T4 et
deux lignes de Busway sont toujours en cours de réalisation. Au regard de
l’animation touristique, la nouvelle offre muséale sera rehaussée par un musée
des sports, un centre de documentation et d’archivage de l’Art Déco et un projet
d’exposition itinérante. La  réhabilitation des passages historiques (Passage
SUMICA et passage TAZI) et de l’ex-Eglise du Sacré-Cœur transformée en
Centre Culturel et d’exposition ainsi que la valorisation de bâtiments
patrimoniaux (les anciens abattoirs et l’ancien marché de gros) sont en cours de
réalisation. En outre, 22 hôtels sont en cours de construction dont le Royal
Mansour et la rénovation de l’hôtel Lincoln. Au-delà des infrastructures,
certaines mauvaises pratiques envers les touristes persistent et risquent de nuire
à la réputation de la ville.
Les taxis jouent le rôle de guides, de transporteur touristique et
d’intermédiaire avec les commerçants
Les grands taxis sont pointés du doigt pour leurs pratiques à la limite de la
légalité. D’abord à l’aéroport Mohammed V, première vitrine du pays, les taxis
attendent les touristes venus seuls ou n’ayant pas réservé de transport
touristique. «Dès que le client fait appel à un grand taxi pour le transfert de
l’aéroport à son hôtel à Casablanca, il peut se voir proposer la location de son
taxi pendant une demi-journée pour des visites des monuments de Casablanca
(Mosquée Hassan II, Quartier des Habous…) voir même une excursion à
Marrakech. Les chauffeurs de taxi jouent le rôle de guide et de transporteur
touristique. Ils sont souvent en accord avec les conciergeries d’hôtels qui les
appellent, moyennant commissions, pour des transferts vers l’aéroport», déclare
Jamal Saadi, guide indépendant et ex-président de l’association régionale des

guides de Marrakech. Les petits taxis guettent les touristes, pour leur part, dans
les gares, les ports et devant les hôtels. Les prix facturés aux touristes frôlent
parfois 150 dirhams pour un trajet de 30 dirhams au maximum. Le compteur est
souvent inutilisé. «Nous avons eu le cas de touristes ayant acheté deux
bouteilles d’huile d’argan cosmétique à 300 euros à Casablanca. Le chauffeur
de taxi en mèche avec le commerçant a été incriminé participé à l’arnaque des
touristes», déclare Abdelhadi Ghali, président de l’association régionale
Casablanca Settat des guides touristiques accompagnateurs. Les réceptions
d’hôtels contactent des chauffeurs de petits taxis pour accompagner les touristes
pour des visites de monuments, faire des emplettes dans les souks… «C’est à ce
moment là que les risques d’arnaque commencent alors que les guides agréés
sont le plus habilités à faire ce travail. Les conciergeries d’hôtels ne font pas
appel à l’association des guides à cause de la complicité installée avec les
chauffeurs de taxis», déplore M. Ghali.
Le faux guide encore répandu malgré la répression de la police touristique
Autre phénomène qui nuit à la réputation touristique de la ville; la pratique de
faux guides. «Nous avons pris en flagrant délit une femme qui accompagnait
deux touristes nigérians près de Bab Marrakch. Elle essayait de les emmener
vers l’ancienne Médina pour acheter des produits cosmétiques. Nous avons
réalisé un procès verbal chez la police touristique de l’ancienne médina. La
seule solution pour réduire voir abolir ce phénomène de faux guides est la
répression des fraudes, le contrôle des points touristiques par les motards de la
police touristique ainsi que l’encouragement des associations des guides»,
propose M. Ghali. Nous avons essayé de contacter un membre de la police
touristique qui n’a pas souhaité répondre à nos questions par téléphone. En tout
cas, l’avenir du tourisme à Casablanca et ailleurs dans le pays dépend de son
écosystème touristique, de la qualité de l’accueil et de l’honnêteté de ses
habitants. Les quelques 300 guides touristiques agréés de Casablanca semblent
avoir du fil à retordre. «Le Maroc a reçu en 2019 près de 13 millions de
touristes dont 50% de MRE. Ce qui correspond à 5-6 millions de touristes
étrangers étalés sur l’année pour 4000 guides agréés dans le Royaume. Le
nombre de guides est très élevé par rapport au potentiel existent. Ajouté à cela
les faux guides et les mauvaises pratiques», déplore M. Ghali. Pour M. Jamal
Saadi, le problème des taxis peut être résolu en adoptant la méthode Dubaïote.
«Au Maroc, on doit en finir avec les agréments de taxis. Aux Emirats Arabes
Unis à Dubaï, les taxis sont une propriété de l’Etat et les chauffeurs sont
employés moyennant un salaire plus une commission de 3 à 5% sur les recettes.
Tout est automatisé et contrôlé», suggère ce guide indépendant à Marrakech. On
en est encore loin au Maroc. Mais une structuration de l’activité des taxis avec
un contrôle permanent est nécessaire afin de donner à chacun un rôle formel et
bien défini dans l’écosystème touristique.

Wiam Markhouss

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