Il faut dire que les professionnels d’Essaouira et, avec eux, autorités et élus, ont vraiment de la suite dans les idées, ne laissant aucune opportunité leur échapper d’entre les doigts.
Cette fois-ci, ils sortent le grand jeu en organisant, en septembre prochain, un festival gastronomique judéo-marocain. L’idée est extraordinaire et évidente, en regard du mixage culturel extraordinairement prolifère de judaïsme et d’arabité existant à Essaouira, symbole de partage et de tolérance certains.
Idée qui interpelle d’autres destinations où l’identité juive est aussi forte et remonte loin dans l’histoire, comme à Fez et Meknès où l’empreinte de la culture juive est très représentative dans les médinas des deux villes.
Faisant la part belle des choses, Fez a un palmarès honorable dans l’organisation de festivals gastronomiques dont ne subsiste que le bon souvenir d’années glorieuses atteignant leur apogée vers 2005, quand le CRT Fez-Boulemane, présidé à l’époque par Driss Faceh, initiait, avec le soutien de l’Onmt, de la RAM et du ministère des Affaires Etrangères à travers ses ambassades accréditées, des semaines gastronomiques et culturelles un peu partout en Afrique, particulièrement dans les destinations à forte communauté tijane. Pour mémoire, il faut rappeler que le CRT Fez-Boulemane était le premier CRT à avoir organisé des semaines gastronomiques et culturelles à l’étranger, soldées par des opérations promo porteuses pour la destination Fez.

En entamant cette série de festivals, le CRT Fez-Boulemane aura été précurseur dans le développement du tourisme religieux au Maroc. Une vocation légitimée par l’existence de la Zaouïa de Sidi Ahmed Tijane à Fez, sanctuaire unique et lieu de pèlerinage africain et international de la communauté tijanie là où elle se trouve. Se comptant par millions, elle se répartit sur l’Afrique de l’Ouest et même aux Etats-Unis et au-delà. Normal, Fez est une destination spirituelle par essence.
En tout, une quinzaine de semaines totalisées, réparties sur plusieurs pays d’Afrique, notamment au Sénégal, au Mali, au Cameroun, au Nigéria, au Gabon, à la Sierra Leone, etc.
A l’époque, beaucoup d’eau coulait, en effet, sous le moulin du CRT qui accompagnait l’ouverture des nouvelles lignes de la RAM sur plusieurs villes africaines au temps de Mourad Kanabi. Dakar demeure, cependant, très représentative dans ce cycle de semaines gastronomiques et culturelles, à travers des accointances assez élaborées, notamment quand le CRT avait organisé sa semaine à Dakar à l’occasion de l’ouverture d’une délégation de l’Office National du Tourisme sous l’ère Zouitene, la première du genre en Afrique de l’Ouest.

Au-delà de le formidable retombée promotionnelle générée en faveur de la destination Fez, l’objectif principal du CRT était de permettre aux pèlerins de s’initier avec la culture locale avant même l’entame de leur voyage, afin d’assurer le séjour dans des conditions maximales de bien-être et de confort. Le CRT était même parvenu à obtenir des tarifs réduits auprès de la RAM pour les pèlerins ainsi qu’une sensibilisation d’organismes bancaires africains (BMAO) pour accorder des crédits voyage au profit de ces pèlerins.
Ces semaines gastronomiques et culturelles auraient permis, selon My Ahmed Sentissi, artisan de premier ordre des semaines gastronomiques, de faire connaître sur place le potentiel touristique de Fez ainsi que son patrimoine immatériel. « En plus des actions de promotion du potentiel fassi sous toutes ses coutures, déployé sur des ateliers d’artisanat, démonstrations gastronomiques, défilés vestimentaires traditionnels sur fond de musique andalouse, etc, nous organisions des workshop destinés aux opérateurs touristiques locaux. C’est pour vous dire que c’étaient des semaines pleines où des personnalités de haut rang étaient souvent invitées, notamment des chefs d’Etat », déclare t-il.
Malheureusement, ces semaines ont été abandonnées bien avant Covid, malgré leur caractère promotionnel et à fort impact sur l’inter-culturel africain, continent sous la loupe du Maroc, tant sur le plan économique qu’humain. Dommage, un cadavre qui ne peut ressusciter à moins que…
