L’édition 2024 du Baromètre Gouvernance Responsable Maroc constitue une radiographie de l’état de la gouvernance dans les grandes entreprises marocaines, mettant en lumière les progrès réalisés tout en soulignant les défis persistants. Co-élaboré par la CGEM, CFA, l’IMA et Ethics & Boards, ce rapport, basé sur des données de 2023, évalue la gouvernance des 90 entreprises les plus influentes du Maroc (BM90), en combinant conformité légale, pratiques responsables et transparence.
L’édition 2024 démontre des progrès significatifs :
• Transparence accrue : 60 % des entreprises ont communiqué sur les 25 indicateurs de gouvernance, une hausse de 20 points depuis 2022.
• Environnement et société : 88 % des entreprises ont diffusé leur politique environnementale (en progression de 15 points), et 83 % leur politique sociale, notamment sur le partage de la valeur.
• Indépendance croissante : 91 % des conseils disposent d’au moins un membre indépendant (+4 points), tandis que 76 % des présidents des comités d’audit sont indépendants (+6 points).
• Diversité de genre : Bien que limité par des contraintes législatives, le taux de femmes dans les conseils atteint 23,2 % (+2 points), et 31 % des entreprises respectent désormais le seuil légal de 30 % (+6 points).
Ces chiffres traduisent une volonté accrue des entreprises marocaines de répondre aux exigences d’une gouvernance moderne, tout en s’alignant sur les pratiques internationales.
Cependant, des insuffisances structurelles persistent :
• Indépendance limitée : Seulement 22 % des administrateurs sont indépendants, loin des 60 % observés dans les benchmarks internationaux, en raison d’un plafond légal au tiers des membres.
• Faible féminisation des conseils : Malgré des progrès, les femmes restent sous-représentées comparées aux standards européens.
• Absence de données clés : Les biographies des administrateurs, la cartographie des compétences et les mandats externes sont rarement divulgués.
• Faible structuration des comités spécialisés : Avec une moyenne de 2,5 comités par entreprise, le BM90 est en retrait par rapport aux 4 comités des standards européens. Moins de 50 % des entreprises disposent d’un comité dédié à la nomination et à la rémunération, et seulement 5,5 % ont un comité ESG/RSE.
Ces lacunes montrent la nécessité d’une transformation plus ambitieuse pour aligner la gouvernance marocaine sur les meilleures pratiques mondiales.
Le rapport émet des recommandations claires pour combler ces insuffisances :
1. Renforcer les objectifs environnementaux et sociaux : Fixer des cibles mesurables et communiquer régulièrement les progrès.
2. Promouvoir l’indépendance et la diversité : Évaluer le plafond légal actuel et encourager la création de comités ESG/RSE.
3. Améliorer la transparence : Publier des biographies détaillées, les mandats des administrateurs et la composition des comités.
4. Institutionnaliser l’évaluation : Procéder à des évaluations régulières des conseils, en interne ou via des tiers.
En substance, le Baromètre Gouvernance Responsable Maroc met en évidence une dynamique positive mais insuffisante. Les entreprises marocaines ont clairement amélioré leurs pratiques, mais les standards internationaux restent un horizon à atteindre. L’adoption des recommandations du rapport pourrait non seulement combler ces écarts, mais aussi renforcer la compétitivité des entreprises marocaines dans un contexte mondial exigeant en matière de durabilité et de responsabilité.