2 avril 2025

La stratégie aéroportuaire Maroc 2030 s’attire les faveurs de IATA

L’Association internationale du transport aérien (IATA) a récemment salué la stratégie « Aéroports 2030 » du Maroc, un plan ambitieux susceptible de hisser le royaume au rang de plaque tournante aéronautique mondiale. Cette ambition, qui combine modernisation infrastructurelle, innovation opérationnelle et vision géostratégique, s’inscrit dans un contexte où l’aviation marocaine affiche déjà une croissance remarquable : +68,1 % sur la dernière décennie. Alors que le pays s’apprête à co-organiser la Coupe du monde de la FIFA en 2030, cette stratégie pourrait redéfinir sa place dans l’échiquier aérien international.

En 2023, le secteur aérien marocain a contribué à hauteur de 7,9 % au PIB national, générant 11,2 milliards de dollars et soutenant 856 000 emplois. Avec 11,7 millions de passagers transitant par ses aéroports – dont 93 % à destination internationale – et 77 900 tonnes de fret traitées, le Maroc confirme son statut de carrefour logistique et touristique. Ces chiffres, soulignés par l’IATA, illustrent une dynamique sectorielle robuste, mais encore perfectible.

La stratégie « Aéroports 2030 » ambitionne ainsi de capitaliser sur ces atouts, en modernisant des infrastructures stratégiques comme les aéroports Mohammed V de Casablanca, Marrakech-Ménara ou Agadir-Al Massira, tout en intégrant des technologies de pointe pour fluidifier l’expérience voyageur.

Pour maximiser l’impact de cette stratégie, l’IATA formule trois priorités, essentielles pour concilier croissance et durabilité :

1. L’efficacité coûts : Alors que le Maroc vise à attirer davantage de compagnies – low-cost notamment –, l’IATA insiste sur la nécessité de maintenir des « frais aéroportuaires équitables et compétitifs ». Un équilibre délicat entre investissements lourds (nouveaux terminaux, pistes intelligentes) et préservation de la rentabilité des acteurs, dans un secteur où les marges restent serrées.

2. Le renforcement des capacités humaines : Le pays devra former une main-d’œuvre qualifiée – techniciens, contrôleurs aériens, managers logistiques – pour accompagner l’expansion prévue. Un défi de taille, alors que le secteur nécessite à la fois des compétences techniques et une adaptabilité aux innovations (IA, gestion data-driven).

3. Une régulation intelligente : L’IATA met en garde contre « l’importation de législations inadaptées », notamment européennes, qui pourraient entraver la flexibilité nécessaire au modèle africain. L’enjeu est de concevoir un cadre juridique sur mesure, favorisant la concurrence tout en protégeant les consommateurs.

L’organisation de la Coupe du monde de la FIFA en 2030, en partenariat avec l’Espagne et le Portugal, représente à la fois une opportunité et un test stressant pour le Maroc. L’événement, attendu par plus de 3 millions de visiteurs, exigera une capacité aéroportuaire accrue, une logistique de fret optimisée (équipements sportifs, merchandising) et une gestion de flux en temps réel. Ce défi pourrait catalyser des avancées majeures d’interconnexion multimodale entre aéroports, réseaux ferroviaires à grande vitesse (LGV Casablanca-Tanger) et hubs routiers. Cela concerne aussi la digitalisation accélérée d’une biométrie généralisée, gestion predictive des foules, et recours à l’IA pour anticiper les goulots d’étranglement.

Et, surtout, profiter de l’exposition médiatique pour positionner le Maroc comme gateway entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques.

Si l’IATA salue la vision marocaine, elle rappelle que « le succès dépendra d’une collaboration symbiotique entre autorités, compagnies aériennes et investisseurs privés ». Les écueils à éviter sont connus :

– Centralisation excessive : Risque de négliger les aéroports secondaires (Fez, Oujda), pourtant vitaux pour désenclaver les régions.

– Sous-investissement dans le low-cost : Un modèle qui a fait le succès de Marrakech (+21 % de passagers vers Londres en 2024) mais reste sous-exploité à Casablanca.

– Décalage réglementaire : Une bureaucratie lente pourrait freiner l’agilité requise pour attirer de nouveaux acteurs (Volotea, FlyDubai).

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