16 novembre 2024

Assemblée Générale Ordinaire de la FNTT-CGEM

La FNTT-CGEM a tenu, hier mercredi 13 février à Casablanca et après avoit atteint largement le quorum, son Assemblée Générale au titre de l’exercice 2023, en examinant l’état de lieu du secteur face aux défis de l’heure et les grands projets touristiques en chantier au Maroc et les besoins de mobilité, les contraintes réglementaires et fiscales. Or, le Secteur du Transport Touristique Terrestre est un maillon imparable dans la chaîne de valeurs touristiques, car le premier contact qu’a le touristique a à sa descente d’avion ou de bateau est, bien entendu, le transporteur touristique. Bien qu’il soit un acteur majeur, le secteur n’est pas encore parvenu à avoir une bonne santé, d’où la détermination de la FNTT à le doter de sa Feuille de Route propre, pour une relance durable et efficace.

Bien entendu et comme le rappelle le Président Rachid Bouamara, la fédération ne cesse de taper à toutes les portes et pouvoirs de décision pour débloquer ce qui bloque et assainir, notamment auprès des politiques chez qui la FNTT-CGEM plaide sa cause et continuera à le faire. Exemple : le secteur a gagné de cause en matière de baisse de la TVA qui, progressivement, baissera à 10% au lieu de 14%.

Le secteur du transport touristique joue un rôle clé dans l’écosystème du tourisme, contribuant non seulement à l’économie, mais aussi à l’expérience touristique globale. Cependant, il fait face à des défis importants, exacerbés par la crise de la Covid-19. La mise en place d’une feuille de route pour le développement et le renforcement de ce secteur s’avère capitale pour assurer sa pérennité et sa compétitivité.

D’ailleurs, comme l’explique Othman Cherif Alami, « Depuis janvier 2022, les réunions grâce au dispositif du GIAC tourisme ont permis de délivrer fin mai 2024 une étude complète sur le diagnostic et l’évolution du secteur, avec des formations prioritaires à réaliser. Cette étude estimée à 800.000 DH TTC est un pas important vers la relance du secteur ».

N’empêche que la Fédération Nationale du Transport Touristique Terrestre  a défendu comme elle le pouvait et obtenait généralement gain de cause dans les réunions avec le ministère du Transport et son ministre pour « la refonte du cahier de charges du transport terrestre touristique. Comme elle suit également de manière permanente et avec mesure les subventions exceptionnelles et les hausses régulières des prix du gasoil décidées par le gouvernement vis à vis des entreprises structurées du TT, intervenant en cas de retard constaté », souligne Rachid Bouamara.

Comme il a été soulevé durant cette AGO, le secteur du transport touristique pâtit encore des séquelles l’ayant durement touché par la pandémie de Covid-19, avec des conséquences dramatiques sur son fonctionnement et sa viabilité économique. En 2019, le secteur comptait environ 11 000 véhicules agréés, mais 60 % d’entre eux ont été retirés de la circulation pendant la crise et plus de 600 entreprises de transport touristique ont reçu des mises en demeure en raison de l’incapacité à honorer leurs engagements financiers. Aussi, le manque de demande a entraîné une détérioration de l’état des véhicules et une perte des compétences professionnelles, notamment celles des chauffeurs et des gestionnaires.

Comme le rappelle le Président, des mesures ont été mises en place pour atténuer l’impact de la crise, mais elles ont eu des effets mitigés. « Les dispositifs financiers et fiscaux mis en place visaient à soulager la trésorerie des entreprises, souvent en arrêt d’activité. Cependant, le non-respect de certains engagements des institutions financières a conduit à des liquidations forcées et à des saisies ». Et d’ajouter que les entrepreneurs sont dissuadés d’investir dans le secteur en raison de l’incertitude économique et du manque de réglementation pour empêcher l’entrée d’acteurs informels. Cette prolifération impunie d’acteurs non professionnels nuit à la compétitivité des entreprises établies.

Plusieurs propositions ont été élaborées cependant pour garantir un avenir viable, plusieurs aspects doivent être réformés et renforcés, parmi lesquelles figure le soutien transversal des pouvoirs publics, notamment pour alléger certaines contraintes réglementaires et la mise à profit d’une offre de formation dédiée aux métiers du transport touristique permettrait de pallier le manque de profils qualifiés, notamment en matière de relation client et de sécurité routière.

Des intervenants présidents des associations régionales ont relevé que la contribution socio-économique du transport touristique reste sous-estimée par les institutions. De plus, la feuille de route 2023-2026 ne semble, selon eux, pas intégrer de mesures spécifiques pour ce secteur, malgré son importance pour l’expérience client.

Le problème du renchérissement des coûts a également été abordé, combiné à la non-indexation des prix sur l’inflation, réduit les marges des transporteurs. À cela s’ajoute une baisse du pouvoir d’achat des ménages étrangers, limitant la demande touristique.

Par ailleurs, le secteur est constitué en majorité de très petites entreprises (TPE), souvent fragilisées financièrement et endettées, dont la situation a empiré avec la crise. La rareté de main-d’œuvre qualifiée reste également un défi majeur.

L’essor du tourisme durable pourrait offrir de nouvelles opportunités aux entreprises qui adoptent des solutions de transport écoresponsables. Néanmoins, le Maroc peine à se positionner sur les tendances de l’écotourisme et du tourisme de croisière, limitant ainsi le potentiel de flux touristique. D’accord, des constructeurs et importateurs de véhicules dédiés au secteur ont proposé à ce que les nouvelles acquisitions de véhicules soient aux normes d’Euro 6 à partir de 2025. Or, les transporteurs touristiques ne sont pas encore disposés à s’outiller de pareils véhicules dans ces délais et préconisent 2027 par exemple, le temps de souffler un peu financièrement… Déjà, le secteur subit une réglementation contraignante, marquée par des procédures lourdes et non optimisées. Le manque de vision claire et d’appui institutionnel freine également l’essor du transport touristique. Sachant que majoritairement, le secteur est composé de petites entreprises à faible compétitivité, ce qui entraîne une concurrence accrue des acteurs informels où la sous-capitalisation et l’endettement sont fréquents, impactant la trésorerie et la capacité d’investissement.

Selon Bouamara, les risques persistent toujours :

-Cadre institutionnel peu favorable : La tutelle duale Transport/Tourisme et le manque de dialogue entre les acteurs constituent des obstacles au développement du secteur.

-Réglementation contraignante : Comparée à d’autres pays, la réglementation marocaine impose des procédures lourdes et des normes restrictives qui découragent l’investissement.

-Inflation et pression internationale : La hausse des coûts et la baisse du pouvoir d’achat des ménages étrangers fragilisent la demande touristique.

La création d’un dialogue constructif entre les acteurs publics et privés pourrait également favoriser une meilleure compréhension des enjeux du secteur et des synergies entre transport touristique et autres filières du tourisme. Une réponse coordonnée et proactive serait bénéfique pour relever les défis économiques, sociaux, et environnementaux et permettre au secteur de jouer pleinement son rôle dans la chaîne de valeur touristique

En affet, pour le Président de la FNTT-Cgem, le secteur du Transport Touristique nécessite un appui très important de la part de l’ensemble des parties prenantes notamment de la part de l’Etat et des établissements de financement (leasing en l’occurrence) en vue d’appuyer et aider ce secteur à dépasser cette phase de sinistralité avec le minimum de dégâts et se préparer pour une phase de relance de l’activité.

A ce sujet, la Fédération propose, à moyen et long terme, des mesures pouvant appuyer le secteur notamment dans les aspects d’ordre stratégique.

En même temps, la FNTT-Cgem préconise l’allégement du fardeau de l’endettement qui, d’ailleurs, occupe une place importante et prioritaire dans les efforts à entreprendre pour redresser le secteur. En effet, l’ensemble des opérateurs s’accordent à considérer ce sujet comme étant la priorité majeure car toute relance nécessiterait des solutions immédiates en la matière, permettant à la fois de sauvegarder le patrimoine et l’outil de production des entreprises du secteur.

Au niveau financier, la Fédération ambitionne de disposer de la marge financière en vue de relancer l’activité des transporteurs touristiques terrestres et financer la reprise (BFR en l’occurrence).

« Au regard de la sinistralité sectorielle, il est impératif d’insister sur le fait que notre secteur est un secteur qui doit être considéré de façon particulière et singulière, considération prise de l’impact d’une crise à dimension systémique et que les difficultés actuelles ne sont pas une défaillance de contrepartie dans le sens classique du terme et qu’elle ne doit pas être prise en considération en tant que tel », indique Othman Cherif Alami, Président de la FNTT-Cgem.

La question de reprofilage de l’endettement des entreprises du secteur est également à l’ordre du jour des scénarii imaginés par la FNTT. Il consiste au rachat d’une partie de l’endettement financier (contrat de leasing ou crédit à la consommation destinés à financer l’acquisition des véhicules) par les établissements bancaires à des conditions préférentielles.

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