Le communiqué de presse publié par l’Office National Marocain du Tourisme, tombé hier dans l’après-midi du vendredi, met en lumière une série d’annonces de bonne volonté pour renforcer la collaboration avec les acteurs régionaux du tourisme, tel que nous l’avions annoncé en exclusivité la matinée du même vendredi (https://premiumtravelnews.com/2025/01/10/achraf-fayda-a-marrakech-ce-vendredi-le-16-a-agadir-et-le-17-janvier-a-casablanca/). Si cette démarche traduit une ambition louable et un positionnement stratégique, plusieurs aspects de son contenu, de sa portée et de son exécution méritent quand même un regard critique.
L’ONMT annonce, dans son communiqué, sa tournée nationale conçue pour « consolider les relations avec les professionnels », recueillir leurs besoins, et ajuster ses stratégies aux spécificités locales. Cette démarche est, effectivement, pertinente dans un secteur où l’adaptation aux réalités régionales était quelque peu laissée pour compte.
L’accent mis sur le dialogue direct, l’implication des Conseils Régionaux du Tourisme et la prise en compte des particularités des 12 régions témoigne, en principe, d’une volonté de décentralisation et de proximité. Cela montre une reconnaissance des spécificités culturelles et économiques des régions, ce qui est évident pour un pays dont la richesse touristique repose sur la diversité de son patrimoine.
Cependant, cette intention doit être suivie d’une exécution concrète et mesurable. L’absence d’éléments quantifiables dans le communiqué, tels que des objectifs précis ou des indicateurs de performance, affaiblit l’impact de l’annonce en la confinant à une dimension essentiellement déclarative. En fait, un langage institutionnel parfois redondant.
Dans la forme, le style du communiqué se caractérise par un ton institutionnel et des expressions parfois redondantes, comme « croissance durable et inclusive » ou « aligner les efforts ». Si ces termes soulignent des priorités stratégiques, ils manquent de clarté et de spécificité. Par exemple, les expressions « besoins locaux » ou « propositions concrètes » restent vagues sans illustration par des exemples concrets ou des initiatives déjà envisagées.
Ce type de langage peut diluer l’impact du message et réduire la perception d’authenticité ou d’urgence. Il aurait été plus convaincant d’inclure des détails précis sur les défis identifiés, les opportunités majeures ou des exemples d’actions concrètes à court terme.
Par ailleurs, le focus sur Marrakech, comme point de départ, est un choix stratégique, mais attendu mais s’inscrivant dans une logique compréhensible : cette ville est un moteur majeur du tourisme marocain et bénéficie d’une reconnaissance internationale. Cependant, ce choix pourrait aussi être perçu comme un signe de continuité avec une stratégie déjà bien établie de l’ONMT, centrée sur des destinations phares.
Comme nous l’avions souligné dans notre article d’hier, cette approche soulève une question : comment l’ONMT prévoit-il de garantir une attention équitable aux régions moins valorisées ou moins développées sur le plan touristique ? Le communiqué aurait gagné en force en précisant les moyens qui seront mis en œuvre pour promouvoir ces régions moins valorisées, en dehors des axes traditionnels comme Marrakech.
Dans ledit communiqué, l’ONMT met en avant son rôle de « catalyseur du développement touristique » et insiste sur une approche collaborative. Cette vision est ambitieuse dans un secteur où les synergies entre acteurs publics et privés sont inévitables.
Néanmoins, l’efficacité de cette collaboration repose sur la capacité à transformer les échanges en actions concrètes. Le communiqué ne donne pas de visibilité sur les mécanismes qui seront mis en place pour traduire les propositions des professionnels locaux en initiatives tangibles. L’absence d’un calendrier détaillé, d’un budget alloué ou de projets pilotes limite sans doute la portée de cette ambition.
Le communiqué évoque un « contexte marqué par une forte reprise et un intérêt croissant pour les destinations marocaines ». Cette mention, bien que pertinente, aurait pu être mieux exploitée pour situer cette tournée dans un cadre international plus large. Par exemple, quelles tendances globales du tourisme l’ONMT entend-il capitaliser ? Comment le Maroc se positionne-t-il réellement face à ses concurrents directs (Tunisie, Égypte, Turquie) ?
L’intégration d’une perspective comparative ou d’un bilan des résultats récents du tourisme marocain aurait permis de renforcer la crédibilité et la portée stratégique du message.