Il fallait s’y attendre. Ce n’est pas une photo trafiquée mais bien celle d’une échoppe de la kissaria qui inaugure un nouveau cycle de business tombé du ciel : la vente du voyage protégée par décret qu’elle affiche fièrement même. Le frippier ou le vendeur de pièces détachées au même titre que le boucher peuvent donc, sous couvert de la loi 11.16 réglementant la profession d’agent de voyages, s’amuser à vendre billets d’avion et hôtels comme ils le veulent, comme une agence de voyages structurée dont c’est le seul fonds de commerce avec expertise et savoir-faire. Pourquoi pas, du moment que le métier se bâtardise à vue d’œil !
Comment le ministère aurait-il pu en arriver là alors qu’il ne cesse de donner des signes de solidarité indiscutable avec les différents métiers du tourisme ? Faire passer et adopter cette loi sans consulter les voyagistes sur les pour et les contre d’une telle « libéralisation », c’est comme ajouter de l’huile sur le feu, vu que l’agence de voyages n’est pas encore tout à fait guérie de ses meurtrissures et désavantages. En clair, la nouvelle loi tend automatiquement à : générer plus de chômage parmi le personnel de la billetterie pour la formation duquel pourtant des séminaires sont régulièrement organisés sur l’année, le choc d’image pour le secteur des voyagistes qui se voit ainsi traité sur le même pied d’égalité avec des intrus dans le métier, etc.
Au moment où l’Etat dépense un argent fou pour résorber l’effet de la crise en faveur des métiers du tourisme et que l’Onmt se dépense en énergie et en grosses finances pour redorer le blason du tourisme au Maroc, voilà qu’on le pourrit de l’intérieur, en massacrant un maillon fort de l’industrie touristique : le secteur de la distribution.
On aura tout vu. La triste réalité de l’agence de voyages est que les voyagistes sont bons à manger à toutes les sauces