L’impact stratégique de l’événementiel et l’animation urbaine
La 3ème réunion de la Commission Nationale de l’Aérien, tenue le 21 avril 2025 à Rabat, s’est certainement tenue sous vent favorable pour le tourisme au Maroc, marqué par une dynamique aérienne sans précédent et d’une volonté réelle du Gouvernement de renforcer la connectivité aérienne du Royaume. Coprésidence de Madame Fatim-Zahra Ammor, Ministre du Tourisme et de Monsieur Abdessamad Kayouh, Ministre du Transport et de la Logistique, cette session aura réuni les principaux acteurs du secteur aérien et touristique, dont Hamid Bentahar, Président de la CNT, ainsi que les directeurs généraux de l’ONDA (Adel El Fakir) et de l’ONMT (Achraf Fayda), apprend-on dans le communiqué de presse diffusé hier par le ministère du Tourisme.
Comme on s’y attendait, les discussions ont d’abord mis en lumière les résultats encourageants obtenus stimulés par la feuille de route du tourisme 2023-2026. En effet, le Maroc a enregistré une croissance notable des arrivées touristiques, des nuitées et des recettes, en grande partie grâce à l’amélioration de l’offre de vols directs (point à point) qui facilite l’accès aux différentes régions du pays. Cette orientation stratégique, confirmée par l’Office National Marocain du Tourisme, s’accompagne d’une multiplication des connexions aériennes, avec plus de 40 nouvelles lignes prévues pour la saison estivale 2025, notamment vers Marrakech et Agadir, qui voient leur capacité en sièges augmenter significativement.
Cependant, malgré ces avancées, le communiqué officiel reste très prudent sur les décisions concrètes prises lors de cette réunion. Aucun détail précis n’a été communiqué sur les mesures ou recommandations adoptées, ce qui peut laisser une impression de communication institutionnelle prudente, voire un certain flou quant à l’impact immédiat des échanges. Or, cette réserve contraste avec l’importance stratégique que revêt la connectivité aérienne pour le développement touristique et territorial du Maroc.
Un des points forts de la réunion a été le focus sur la stratégie « Aéroports 2030 », consistant à adapter les infrastructures aéroportuaires aux besoins futurs tout en améliorant l’expérience des voyageurs. Cette feuille de route comprend quatre axes majeurs :
-L’évolution du trafic domestique, pour mieux desservir les régions intérieures et désenclaver les territoires.
-L’aménagement et l’extension des aéroports existants, afin d’absorber la croissance attendue.
-La construction de nouvelles infrastructures, avec un projet phare à Casablanca, cœur économique et touristique du pays.
-Un plan de transformation centré sur l’expérience client, pour rendre les déplacements plus fluides et attractifs.
Indiscutablement, cette stratégie s’inscrit dans une vision à long terme, essentielle pour accompagner la montée en puissance du secteur aérien marocain. Elle témoigne d’une volonté politique claire d’investir dans les infrastructures et de renforcer la gouvernance du secteur.
Bien sûr, les ministres Ammor et Kayouh ont unanimement salué l’esprit de collaboration qui a présidé aux échanges, soulignant l’importance de la complémentarité entre tourisme et transport aérien. Ils ont convenu d’intensifier cette coopération à travers des réunions thématiques ciblées, qui permettront d’aborder, en plus des questions aériennes, les multiples intersections entre transport et tourisme.
L’évidence même, cette approche participative est indispensable pour harmoniser les actions des différents acteurs, une condition sine qua non pour atteindre les objectifs ambitieux de la feuille de route touristique. Néanmoins, la concrétisation de cette gouvernance renforcée dépendra de la capacité des parties prenantes à traduire ces engagements en décisions plutôt opérationnelles rapides et efficaces et nullement précipitées.
Mais si cette troisième réunion de la Commission Nationale de l’Aérien confirme la dynamique positive du secteur aérien marocain, elle laisse aussi apparaître certaines limites en termes de transparence et de communication sur les mesures concrètes adoptées. L’absence d’informations précises sur les décisions, recommandations ou mesures spécifiques nuit à la lecture claire des avancées et peut susciter une certaine frustration chez les observateurs et professionnels du secteur.
Par ailleurs, la réussite de la stratégie « Aéroports 2030 » et du renforcement des vols directs dépendra incontestablement d’une mobilisation continue des ressources qu’il faudrait, d’une coordination rigoureuse entre les acteurs publics et privés dans la réalité du terrain et non pas seulement dans la paraphe de partenariats sans suite, ainsi que d’une adaptation aux évolutions technologiques et environnementales, notamment dans un contexte international où la durabilité devient un enjeu majeur. L’ONDA semble le bon élève de la classe à ce niveau, faut-il reconnaître.
Bon gré mal gré, cette réunion traduit une volonté politique forte et une prise de conscience collective des enjeux liés à la connectivité aérienne. Toutefois, pour transformer cette volonté en résultats tangibles, il faudra dépasser le stade des déclarations d’intention et mettre en œuvre des actions concrètes, mesurables et transparentes, afin que le Maroc puisse pleinement exploiter le potentiel de son secteur aérien au service du tourisme et du développement territorial.