A la veille des grandes vacances estivales, les Mardis du Tourisme ont tenu à adapter la thématique de la 29ème édition du mardi 14 juin au contexte estival, sous le thème du « Tourisme Sportif entre potentiel & réalité » avec pour invité Mehdi Sekkouri Alaoui, Président de la Fédération Marocaine des Professionnels du Sport. Pour des impératifs contraignants de dernière minutes ; notre 2ème invité prévu, Othmane Benghazala, n’a pu se joindre à nous. Toutefois, le débat a été passionnant et davantage éclairant, animé par Bouchra Taibi, toujours méticuleuse et bien au rendez-vous de son rôle.
Le thème de cette 29ème édition n’est pas nouveau dans notre cycle de conférences MDT, puisque nous comptons déjà une précédente édition similaire sous la thématique « Le sport et le tourisme, quel développement ».
Epousailles inséparables cependant insuffisamment déclarées et optimisées pour convoler en justes noces. Etat de fait réel et manifeste, relevé par Mehdi Alaoui dans son intervention et clairement démontré par Othmane Cherif Alamii qui en a défini les contours et les retombées mutuellement profitables tant pour l’industrie du tourisme que de l’industrie du sport, souvent prises dans leur côté loisirs plutôt que de leur côté professionnel proprement dit. Pour O. C. Alami, le Maroc peut se rattraper pour maximiser l’interaction entre les deux segments avec plus-value certaine sur l’économie à condition que la volonté politique et administrative soit au rendez-vous.
Constat largement partagé par Mehdi Alaoui quand il rejoint M. Alami en appelant à réfléchir sérieusement sur l’organisation d’assises sur le tourisme et le sport dont l’objectif serait de nourrir la réflexion chez les opérateurs et experts des deux secteurs sur les opportunités économiques d’une coopération développante. Une coopération qui doit nécessairement, selon Alami, prendre compte de l’offre existante chez les clubs de vacances, par exemple, en structures dédiées au sport comme les terrains de tennis qui doivent être certifiés, la disponibilité de 3 piscines au moins, etc. « Si les beaux parcours de golf constituent un formidable produit d’appel surtout dans la région de Marrakech qui dispose du plus grand nombre, il n’en demeure pas moins que la plupart des propriétaires de ces parcours manquent à leurs engagements de construire un hôtel tal que prescrit dans le cahier des charges, alors qu’il mettent en vente des villas et appartements de luxe sur la surface occupée », souligne t-il. Et de faire remarquer que la disponibilité d’unités hôtelières à proximité favorise, tout de même, le développement de ce sport qui rentre d’ailleurs dans les packages vendus au Maroc et auprès des marchés étrangers.
Pour sa part, Mehdi Alaoui s’est félicité que des événements sportifs soient devenus des institutions à part entière en termes d’originalité, d’image et d’organisation à plus-value touristique certaine, comme le Rallye Aicha des Gazelles et le Marathon des Sables, par exemple. « Les sports aquatiques à Dakhla se développent de plus en plus mais, ailleurs dans les destinations balnéaires du pays, ils demeurent encore embryonnaires malgré la formidable offre existante tel à Essaouira, Larache ou encore à Casablanca qui ne dispose que de 2 écoles de surf », renchérit Alami.
Révélation forte et pesant de tout son poids : Mehdi Alaoui a confié aux MDT qu’il était derrière l’idée d’organiser au Maroc le Festival International des Sports Extrêmes qui draine, selon lui, 15.000 personnes pour un séjour de 5 nuitées minimum. Mais le projet aura capoté par manque de soutien et d’implication de l’administration. Comme beaucoup d’autres événements d’ailleurs qui avortent pour parfois de menus détails.
Les débats de cette 29ème édition étaient intercalées avec 3 témoignages recueillis en live auprès de 3 acteurs majeurs de l’événementiel sportif à travers des manifestations devenues des cas d’école tant au niveau sportif que festivalier et touristique.
La première à intervenir en pleine séance est Abla Ammor qui est à la tête de l’équipe d’organisation du « Trophée Aicha des Gazelles » et Directrice Générale de l’agence Fil Rouge en charge de la communication de la Fondation Aicha. Elle a mis le point sur l’évolution et la maturité de cette manifestation sportive et immersive dont la première édition remonte à 1990 avec 9 équipages en compétition pour atteindre 195 équipages de 12 nationalités. Niveau retombées touristiques, rien que pour la cérémonie de clôture qui a lieu habituellement à Essaouira, la destination reçoit plus d’un millier de visiteurs en week-end. En termes d’image, l’événement est largement médiatisé dans plusieurs pays, ce qui constitue un coup de pouce indéniable en termes de promotion touristique du Maroc et de ses infrastructures dédiées. Cela s’est traduit, d’après elle, par un taux de retour en famille très important des différents équipages pour leurs vacances.
En deuxième lieu, c’était au tour de Laila Ouachi qui s’occupe des événements « Trophée Moulay El Hassan de Kitesurf» et de « Sahraouiya », et dont l’intervention s’est focalisée sur la contribution de ces deux événements à optimiser le taux de nuitées sur Dakhla qui a atteint 20% de croissance, en passant de 3000 nuitées il y a une dizaine d’années à 16000 nuitées en 2019. Sans doute que le rayonnement du championnat de Kitesurf My El Hassan y est également pour quelque chose durant les 12 années de son existence, attirant des champions mondiaux de ce sport et qui tombent fous amoureux de la destination Dakhla, tels le marché français, espagnol, italien et d’autres.
Le troisième à intervenir était Ali Horma, fondateur du « Grand Prix de Marrakech » qui a tenu à rappeler le positionnement de Marrakech dans le top 5 des meilleures destinations d’accueil des grands événements pour son côté magique et le professionnalisme de ses opérateurs aux standards mondiaux.
MDT 29 : Le tourisme Sportif entre potentiel & réalité