A priori, Mme la Ministre du Tourisme reçoit, cette après-midi de jeudi 05 janvier, les professionnels membres de la CNT pour débattre de la feuille de route 2026-2030 qui demeure après tout très optimiste. Sans doute, un optimisme conforté par le formidable coup de promo hors-budget généré après les exploits glorieux de l’équipe nationale de foot au Mondial de Qatar. Bien entendu, tout le monde s’en est réjouit, peuple comme Gouvernement dont le 11 national a fait pour un moment le lit, avouons-le. Certainement, la discussion des effets positifs de cette belle réalisation sera au menu de la réunion avec Mme la Ministre, cadeau inespéré permettant de parler, sans sourciller, de 17 ou 26 millions de touristes actés dans la feuille de route. Soit !
Cette manne « providentielle » fait assurément le bonheur des professionnels, malgré un janvier timide en réservations. Toutefois, il est intéressant de s’interroger sur les moyens qui doivent être mis pour réussir favorablement le challenge de recevoir sans soucis le flot de touristes potentiels qui veulent visiter la terre des Lions. A commencer par l’aérien qui peine toujours à décoller chez nous, subventions ou pas. Sans parler des capacités aéroportuaires saturées à la moindre embellie et qui ne peuvent subvenir à l’afflux des touristes espérés dans la feuille de route du ministère du Tourisme. Rappelons-nous en : décembre dernier aura été cauchemardesque pour les passagers débarquant à l’aéroport Menara de Marrakech où l’attente prenait 2 à 3 heures alors que la norme mondiale va de n20 à 40 minutes d’attente, les aéroports de Casablanca, Agadir et Tanger étant quelque peu été épargnés de telle déconfiture. Que faire, alors, face aux millions de passagers de la feuille de route ? A moins d’un miracle, on ne peut pas, comme on ne peut pas voir errer allègrement des groupes consistants de touristes à la médina de Fez, par exemple, sans qu’il y ait bousculade et accidents, vu l’étroitesse des ruelles. Quelle solution adopter ? Y pense t-on réellement au ministère fan des gros chiffres sans calculs fondés dans la réalité ? Sinon, c’st comme si on s’auto-prive de ce que l’on désire le plus.
Peut-être que si l’on donne aux régions les moyens de développer leurs destinations dans une logique d’entreprise serait plus porteur, vu qu’elles connaissent mieux leurs besoins, à condition que le tour de table sorte du cercle vicieux du copinage, tant en promotion qu’en réalisation d’infrastructures touristiques d’accompagnement, imbus de transparence, de responsabilité et d’équité collective.
Aussi, le constat de désaveu se situe à d’autres niveaux : les moyens financiers, réglementaires et de gouvernance manquent drastiquement et dénotent d’un plan marketing touristique ambitieux mais sans critères et mesures stratégiques pour mobiliser les élus politiques, le gouvernement et les citoyens !
Autrement, les professionnels et investisseurs sont disponibles comme lors de la vision 2010 et 2020 mais très méfiants sur des déclarations optimistes mais sans garanties
Si, d’autres part, on suppose que le Fonds Mohammed VI pour l’investissement qui vient de désigner un comité de stratégie et d’investissement, perçoit le sous compte d’investissement touristique pour assurer les différents investissements à hauteur de 3 puis encore 3 milliards dirhams sur 3 ans , sachant que le fonds souverain devrait être au moins de 50 à 100 milliards de dirhams, ces fonds pourraient éventuellement être investis dans la SMIT, la RAM et les Sociétés de Développement Régionales à partir de 30% puis 30% de plus pour les entreprises touristiques privées, leur permettant d’acquérir et de rénover au moins 50 unités d’hébergement fermées ou en très grandes difficultés et, pourquoi pas 40% davantage pour multiplier les efforts d’investissements en produits Animations Culturelles, Parcs, Musées, etc. Cependant, ces investissements seraient obligatoirement pour les business plans rentables et performants!
Qu’en dirait le Ministère du Tourisme? La SMIT ? La CNT ? La CGEM ? Disposent-ils de vision dans ce sens à exposer aujourd’hui ou, nous l’espérons, dans une prochaine réunion. A voir ! Dans tous les cas, nous demeurons obstinément optimistes comme d’ailleurs tous les professionnels en réunion avec Mme la Ministre. Toutefois, on cherche les moyens de favoriser cet optimisme pour qu’il ne nous fausse pas compagnie !