Le Musée de la Fondation Abderrahman Slaoui de Casablanca abritera à partir 26 janvier la première exposition personnelle de l’artiste franco-marocaine Anaëlle Myriam Chaaib. L’exposition rassemblera un ensemble d’œuvres réalisé durant la période de confinement, ainsi que des œuvres inédites spécialement conçues pour l’occasion.
Née en 1994 à Lille, Anaëlle Myriam Chaaib est une conteuse née. Elle a recours à l’illustration, la peinture, le dessin et le film d’animation pour construire des fabulations ou, plus simplement, des récits historiques alternatifs qui font aussi bien référence à sa propre histoire, sa géographie et son époque qu’à des représentations de la culture populaire. Une œuvre singuliere qui nous invite au ̀voyage, ravivant des souvenirs d’enfance appartenant à ses deux pays d’origine, avec un attachement tout particulier pour le Nord du Maroc.
Au cœur de sa pratique se trouve une réinvention de la peinture naïve utilisée par les artistes marocains du siècle dernier. Son travail s’inspire de références culturelles reconnaissables telles que la peinture miniature persane, les contes marocains, les modèles architecturaux exotiques et les œuvres classiques plus modernes et contemporaines. À côté de ces sources identifiables – souvent considérées comme de la «vérité» – se trouvent des anecdotes de l’ordre de l’inédits et de l’onirique, qui compliquent parfois la frontière entre le passé et le présent, la réalité et la fiction.
Pour cette première exposition individuelle au Musée de la Fondation Abderrahman Slaoui, Anaëlle Myriam Chaaib propose une réflexion autobiographique évolutive dont le point de départ est l’oeuvre « Le mariage : deux fleuves se rencontrent », – une peinture représentant l’union d’un homme et d’une femme : allégorie des noces de ses propres parents-. Puis l’artiste propose une déambulation à travers des tranches de vies, ses tranches de vies où des images de la France se heurtent à celles du Maroc et où un langage à la fois symbolique et critique raconte, le déracinement, l’union, l’affrontement, l’hybridation, l’assimilation, la transmission, l’égalité des sexes et plus globalement l’héritage et la mémoire. Un univers où les sujets peuvent parfois être complexes, mais que l’artiste fait glisser avec beaucoup d’humour et de sensibilité vers une narration tendrement poétique.
Si son expérience de métisse issue d’une union franco-marocaine définit le contexte de ses premières œuvres, Anaëlle Myriam se détache de son propre vécu pour élargir son analyse à l’histoire collective. Elle élabore des récits picturaux qui traduisent habilement le propos sur l’identité et le contexte culturel en résonnance avec les nombreux territoires qu’elle visite. En dépassant les stéréotypes habituels imposés par la différence de l’autre et de l’ailleurs, elle permet l’avènement d’un exotisme contemporain qui décrit cette relation à l’autre, « cette expérience du divers» chère au théoricien Victor Segalen.
L’œuvre de Anaëlle Myriam Chaaib est profondement inscrite dans notre monde, se nourrit ́de lui, et pour autant terriblement intime.