L’omission des destinations comme Fez-Meknès, Ouarzazate et la région de l’Oriental dans le rapport de « In Extenso » sur les performances hôtelières marocaines d’août 2024 est aussi déconcertante qu’indigeste, d’autant plus que ces régions possèdent des atouts touristiques notables. La concentration sur des destinations telles que Marrakech, Agadir, Tanger ou Casablanca, bien que compréhensible en raison de leur forte attractivité touristique, révèle un déséquilibre dans la valorisation des différentes régions du Maroc.
Or, ces régions disposent d’un patrimoine culturel et naturel qui pourrait rivaliser avec d’autres destinations plus mises en avant.
Voici quelques indicateurs croissants dans ces destinations.
Le fait que des destinations comme Marrakech, Tanger et Agadir dominent les statistiques touristiques est symptomatique d’une concentration des infrastructures et des efforts de promotion autour de ces pôles. Marrakech, avec son taux d’occupation hôtelier de 74 % en août 2024 et une augmentation notable du revenu moyen par chambre (RevPAR) de 10 % , continue d’être la figure de proue du tourisme marocain. Agadir et Tanger affichent également des taux élevés, respectivement de 83 % et 87 % . Cependant, ce succès des grandes villes ne doit pas occulter les besoins de diversification et d’inclusivité touristique pour un développement plus équilibré.
En août 2024, Fez, Meknès, Ouarzazate, et la région de l’Oriental ont connu tout de même une augmentation bien que moins importante des nuitées touristiques, soulignant par là leur attractivité croissante. Les données recueillies confirment l’essor du secteur touristique marocain, même dans des zones traditionnellement moins mises en avant par rapport à des pôles comme Marrakech ou Agadir.
Ainsi, Fez a enregistré une hausse significative de 53,7% des nuitées touristiques par rapport à la même période en 2023, avec un total de 953 439 nuitées. Cette progression reflète non seulement une dynamique de reprise, mais aussi l’attraction croissante de Fez en tant que destination culturelle et spirituelle. Déjà classée comme patrimoine mondial par l’UNESCO, sa médina et son patrimoine islamique continuent d’attirer de plus en plus de visiteurs.
En comparaison, Fez avait connu une hausse de 28% des nuitées entre 2022 et 2023, mais la croissance actuelle surpasse largement les prévisions. Ce bond significatif s’explique par plusieurs facteurs, notamment la relance du tourisme post-pandémie, des efforts accrus de promotion internationale, et une meilleure connectivité grâce aux vols directs et aux améliorations infrastructurelles. Cette performance positionne Fez comme un acteur majeur du tourisme marocain qu’il faudrait comptabiliser quand même.
Meknès, autre ville impériale, a également connu une augmentation des nuitées en août 2024, avec 160 185 nuitées enregistrées contre 141 435 en août 2023. Cette progression de 13% est le reflet d’une affluence touristique soutenue par des visiteurs étrangers qui découvrent de plus en plus cette destination calme et historique.
Bien que Meknès ne rivalise pas encore avec les grandes villes touristiques marocaines en termes de volume de visiteurs, la ville bénéficie de son riche patrimoine, notamment des sites historiques comme les remparts, la place El-Hedim et le Mausolée de Moulay Ismaïl. En outre, les efforts pour dynamiser le tourisme rural dans la région jouent un rôle non négligeable, en attirant les touristes vers l’arrière-pays et les villages traditionnels.
Ouarzazate, souvent laissée pour compte, a enregistré une augmentation des nuitées de 6% en août 2024 par rapport à l’année précédente. Cette tendance s’inscrit dans une croissance générale du tourisme marocain, avec une hausse nationale de 7% des nuitées.
Réputée pour ses kasbahs et ses décors utilisés dans de nombreuses productions cinématographiques internationales, Ouarzazate continue d’attirer des visiteurs en quête d’aventure et d’authenticité. Le développement du tourisme d’aventure et de l’écotourisme, couplé à l’attrait des studios de cinéma, contribue à maintenir la région comme une destination de niche en plein essor. Toutefois, pour maximiser ce potentiel, il sera crucial de renforcer la promotion et l’infrastructure de la région, encore limitée.
La région de l’Oriental a également bénéficié d’une hausse des nuitées de 5% en août 2024 par rapport à la même période en 2023, après un mois de juillet plus mitigé. Cette région, encore peu explorée par rapport aux destinations balnéaires comme Agadir, dispose d’atouts touristiques sous-exploités. Les villes comme Oujda et Nador, ainsi que les plages de Saïdia, offrent des paysages diversifiés allant des côtes méditerranéennes aux montagnes de l’intérieur.
L’augmentation de 3% des arrivées dans la région montre une reprise après des mois plus difficiles. Le tourisme balnéaire de Saïdia, en particulier, semble connaître une légère relance, mais reste encore en deçà de son plein potentiel. Une meilleure promotion et des investissements dans les infrastructures pourraient améliorer les performances futures de cette région.
Ces performances dans les régions de Fez, Meknès, Ouarzazate, et l’Oriental s’inscrivent dans un contexte plus large d’augmentation des nuitées touristiques à l’échelle nationale, qui ont progressé de 7% en août 2024. Cette croissance reflète une reprise solide après la pandémie et une relance du secteur touristique grâce aux campagnes de promotion à l’international, à l’amélioration des infrastructures, et à l’attrait toujours croissant du Maroc en tant que destination touristique.
Ces régions, longtemps restées dans l’ombre de grandes destinations comme Marrakech ou Agadir, commencent à s’imposer sur la carte touristique du Maroc. Pour maintenir cette dynamique, il sera essentiel de continuer à investir dans les infrastructures locales, d’améliorer la promotion touristique et de diversifier les offres touristiques pour attirer un public plus large.
Tout cela est bon. Ne pas inclure des régions comme Fès-Meknès et l’Oriental dans les grandes statistiques touristiques est moins bon et peut avoir des conséquences négatives sur leur développement économique et culturel. L’exclusion de ces régions des rapports de performance pourrait freiner les investissements dans les infrastructures et la promotion touristique locale. Cela limite aussi la découverte de la richesse culturelle du Maroc dans sa globalité, en se concentrant sur quelques destinations majeures au détriment des autres.
La diversification du tourisme marocain permettrait non seulement de désengorger les grandes destinations, mais aussi de contribuer au développement régional et à la réduction des inégalités territoriales.
Par exemple, le tourisme à Fez-Meknès pourrait bénéficier d’une stratégie de promotion renforcée, axée sur le patrimoine, l’artisanat et l’histoire. Mais elles semblent ne pas tirer parti de l’essor global du tourisme marocain. La région souffre probablement d’un déficit en termes d’infrastructures et de communication, qui pourrait être comblé par une meilleure intégration dans les plans de développement touristique national.
Quant à Ouarzazate, la ville et sa région sont rarement mises en lumière dans les rapports de performances hôtelières. Pourtant, Ouarzazate, avec des sites emblématiques comme Aït Ben Haddou et le Ksar de Taourirt, possède un potentiel unique pour attirer des visiteurs à la recherche d’expériences authentiques et de décors naturels époustouflants. En 2024, alors que les grandes villes enregistrent des performances solides, Ouarzazate continue de souffrir d’un manque de reconnaissance à l’échelle nationale et internationale. Le secteur hôtelier de la région pourrait profiter d’une meilleure connectivité et d’une promotion axée sur le tourisme d’aventure, le cinéma et l’écotourisme. L’inclusion de la région dans les rapports de performances aiderait à attirer davantage d’investisseurs et à dynamiser le secteur touristique local.
La région de l’Oriental est une autre destination touristique potentielle souvent ignorée. Des villes comme Oujda, Nador et Saïdia, avec leurs plages, leurs montagnes et leurs traditions sahariennes, offrent un cadre unique pour les voyageurs en quête de nouvelles découvertes. Cependant, le rapport d’août 2024 ne fait aucune mention des performances hôtelières dans cette région, ce qui soulève des préoccupations quant à son intégration dans les plans de développement touristique du Maroc.
La région de l’Oriental, avec sa diversité de paysages, pourrait être une alternative intéressante aux destinations balnéaires classiques du Maroc comme Agadir ou Tanger. Toutefois, l’absence de statistiques officielles sur les taux de nuitées et le revenu par chambre (RevPAR) témoigne d’un manque de promotion et d’infrastructures pour attirer des flux touristiques conséquents.
Somme toute, l’absence de ces régions dans les rapports de performances hôtelières peut s’expliquer par plusieurs facteurs : un manque d’infrastructures touristiques modernes, une promotion internationale limitée, et une dépendance excessive du tourisme marocain sur des villes phares comme Marrakech et Agadir. Au risque de nous répéter, ce déséquilibre risque d’accentuer la concentration des investissements dans quelques pôles au détriment d’autres régions qui mériteraient d’être développées.
Il est essentiel que des efforts soient faits pour intégrer ces destinations dans les futurs rapports sur les performances hôtelières du Maroc. Des initiatives de développement touristique régional, accompagnées d’une amélioration des infrastructures de transport et d’hébergement, seraient cruciales pour attirer plus de visiteurs dans ces régions.