14 décembre 2024

Ce qui attend Achraf Fayda

Franchement, les professionnels du tourisme s’y attendaient moins alors que l’attente d’un nouveau DG de l’ONMT se faisait trop attendre, Conseil de gouvernement après Conseil. C’était juste celui du jeudi qu’enfin l’Office a son patron après de longues semaines inexplicables d’intérim. Bien entendu, la nomination de Achraf Fayda, au vu de son palmarès marketing agroalimentaire (comme d’ailleurs ses prédécesseurs Hamid Addou et Adel El Fakir) chez Coca et Danone, laisse présager beaucoup d’actions dans la continuité et la performance de l’ONMT qui compte déjà, il faut le reconnaître des équipes expertes pleines d’ambition. Héritage duquel on ne remerciera pas assez Adel El Fakir.

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Mais bien que le travail mené par El Fakir ait été sans précédent, demeurent quand même quelques petits soucis qui déroutaient les professionnels dans le « franc-jeu » supposé de l’Office. Comme, par exemple, la question des budgets attribués par l’Office aux destinations, dont Marrakech et Agadir s’accaparent à elles seules de 80%, en termes de finances marketing, tandis que les autres régions et surtout le Plan Azur et ses stations semblent ne pas figurer sur la liste des priorités. Aussi, le co-marketing aérien, grâce à la taxe fly et à la taxe de la promotion touristique, engrange chaque année directement pour le budget de l’ONMT approximativement 250 millions de DH en plus de 120 millions DH qui demeurent insuffisants selon toutes les études des visions. Comment passer à plus de Tpt par exemple à 250 millions dh ? En augmentant les Tpt, en élargissement de l’assiette en incluant les Appartements Airbnb, les Riads et autres résidences touristiques ? Recettes qui lui permettraient également de faire face à la pénurie de ressources humaines. 

Partant de là, quelle serait l’approche réformante que peut avoir le nouveau Directeur général de l’ONMT? Etc.

Peut-être qu’il est encore trop tôt pour lui de s’attaquer à tous les chantiers. Mais vu sa vocation en marketing et stratégie, nous y croyons comme nous croyons en la rapidité du marketteur et du stratège nouvelle génération.

Et c’est dans cette logique constructive que nous serions heureux de le voir organiser sa sortie baptême devant les medias et les opérateurs du secteur pour davantage de lumière sur sa nouvelle stratégie et les plans d’action qu’il compte mener. A l’instar de Fakir qui n’y a pas trop attendu.

Nous souhaiterions aussi que le nouveau dg libère l’étude sur les DATA et données touristiques, visant à développer une plateforme nationale open data et qui aura coûté plus de 6 millions de dirhams. La dite étude, qui a rencontré des difficultés lors de la sélection de prestataires, a pour objectif de centraliser des informations sur divers secteurs touristiques et à faciliter l’accès aux données pour les professionnels et le grand public. Ce fameux logiciel informatique commandé auprès de la société experte Valiance, qu’en est-il advenu, surtout quand on sait que plusieurs réunions stratégiques et régulières se tenaient entre les équipes de l’ONMT avec celles de Valiance ? Le projet tient-il toujours la route ? Si oui, quand est-ce qu’il sera opérationnel ? Mystère ! L’étude a trop sommeiller pour la laisser telle quelle…

Encore que la volonté de transformer l’ONMT en Agence Marocaine du Tourisme dès cette vannée n’a toujours pas eu lieu. Verra t-elle le jour sous le mandat du nouveau dg ? Pour info, cette transformation vise à renforcer la promotion du tourisme marocain à l’international et à accompagner une nouvelle stratégie nationale. L’agence sera dotée de moyens pour ouvrir dix nouveaux bureaux à l’étranger et élargir ses compétences, tout en se concentrant sur la prise de décision et la veille mondiale. Ces changements s’inscrivent dans une feuille de route ambitieuse visant à attirer 17,5 millions de touristes d’ici 2026 et à générer 120 milliards de dirhams de recettes.

Autrement, les opérateurs marocains critiquent l’ONMT pour plusieurs raisons :

D’abord, le manque de transparence, vu que les processus de sélection des prestataires pour des projets, comme la plateforme open data, sont jugés peu clairs, avec des offres souvent rejetées sans explication suffisante. Il y a également l’absence de résultats concrets accusant des retards dans la mise en œuvre de projets importants et l’inefficacité perçue dans la promotion du tourisme sont des préoccupations majeures. Mieux : Des opérateurs estiment que les stratégies marketing ne répondent pas aux besoins actuels du marché et manquent d’innovation pour attirer de nouveaux touristes. Des opérateurs voient que les campagnes de promotion menées par l’ONMT n’ont pas toujours généré les résultats escomptés en termes d’afflux touristique, ce qui a conduit les professionnels à questionner leur efficacité. Ils estiment aussi que les stratégies marketing ne sont pas suffisamment adaptées aux nouvelles tendances du tourisme, comme l’éco-tourisme ou le tourisme numérique. Par exemple, alors que d’autres destinations se concentrent sur des niches spécifiques, le Maroc est perçu comme manquant d’initiatives ciblées.

On reproche aussi une communication déficiente entre l’ONMT et les acteurs locaux. Cela inclut un manque de consultation lors de l’élaboration de stratégies, ce qui empêche une approche collaborative et intégrée.

Ces critiques mettent en lumière les défis auxquels Achraf Fayda sera confronté et nécessitent de lui une réforme pour mieux répondre aux attentes des opérateurs et aux exigences du marché touristique mondial.

Bien que l’ONMT vise à devenir un producteur de contenu exclusif, la création continue de contenus attractifs pour les réseaux sociaux et autres plateformes reste un défi.

Fait majeur aussi dans la vie de l’Office quand la Cour des comptes a formulé plusieurs recommandations pour améliorer l’ONMT :

-Mise en place d’un comité de pilotage : La Cour a souligné l’absence d’un comité pour superviser les actions de l’ONMT, ce qui est essentiel pour une gestion efficace.

-Évaluation des performances : Il est recommandé d’instaurer des mécanismes d’évaluation des performances par marché et par délégation, afin de mesurer l’impact des actions menées.

-Adaptation des campagnes marketing : Les campagnes doivent être mieux ciblées et adaptées aux différents marchés touristiques, en tenant compte des spécificités locales.

-Exploitation des marchés émergents : La Cour a conseillé de se concentrer sur les marchés émergents, notamment le tourisme d’affaires et celui des Marocains résidant à l’étranger (MRE)

Il est également constaté que les délégués font face à des contraintes budgétaires et à un manque de ressources pour mener des campagnes de marketing numérique efficaces dans les marchés où ils sont affectés, impactant leur capacité à être plus pertinents.

On regrette que l’Office n’ait jamais fait mention de ses différents bilans financier lors de ses Conseils d’Administration, sachant que la dynamique promotionnelle accomplie régulièrement par l’Office était non-stop, ce qui impliquait une mobilisation importante de fonds dépensés en diverses opérations : salons du tourisme, éductours, subventions, etc… 

En même temps, il n’y est jamais fait d’évaluation des investissements opérés, pas plus que le projet de transition de l’ONMT en société anonyme tel qu’on le laissait entendre dans les coulisses du ministère du Tourisme.

Etc, etc…

Bon courage !

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