Le cadre fiscal marocain applique des mesures jugées favorables aux acteurs la compétitivité :
Taux réduit de TVA : À 10 % pour les prestations hôtelières, ce taux est inférieur au standard national (20 %). Cela permet de maintenir des prix compétitifs tout en augmentant l’attractivité du Maroc.
Exonérations d’impôt sur les sociétés (IS) : Les nouvelles entreprises touristiques bénéficient d’une exonération totale d’IS pendant cinq ans si elles réalisent une partie de leur chiffre d’affaires en devises.
Avantages sur les équipements : Les exonérations de droits de douane pour les équipements touristiques importés favorisent la modernisation des infrastructures.
Ces dispositifs sont renforcés par des fonds tels que Cap Hospitality, qui facilite les rénovations hôtelières grâce à des prêts avantageux, ou le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, axé sur des projets écotouristiques et innovants.
Le régime fiscal actuel offre un avantage financier tangible aux acteurs du tourisme. Par exemple, une entreprise hôtelière réalisant un bénéfice de 5 millions de dirhams économise près de 408 000 dirhams grâce au taux réduit d’IS (20 %). Cette mesure favorise la rentabilité des hôtels, encourage leur réinvestissement et attire les investisseurs étrangers.
Cependant, en dépit de ces efforts, le Maroc reste en retrait par rapport à des destinations concurrentes comme l’Espagne, la Turquie ou l’Égypte, qui attirent un volume de touristes nettement supérieur. Cette situation souligne que la fiscalité, bien que cruciale, n’est qu’un des leviers du développement touristique.
Une fiscalité compétitive, mais insuffisante face à des défis structurels et en comparaison internationale :
-Espagne : Avec un taux d’IS plus élevé (25 %) mais une fiscalité rigoureuse et des infrastructures modernes, l’Espagne reste la première destination méditerranéenne avec 84 millions de visiteurs en 2023.
-Turquie : Grâce à des incitations similaires (IS à 20 % et TVA à 8 %), combinées à une forte promotion internationale, la Turquie accueille quatre fois plus de touristes que le Maroc.
Ces exemples révèlent que la fiscalité doit être intégrée dans une stratégie globale, comprenant le développement des infrastructures, l’amélioration de la connectivité et une promotion ciblée des destinations.
La fraude fiscale reste un défi majeur pour le secteur touristique marocain. Les pratiques courantes incluent la sous-déclaration des revenus et la manipulation des recettes en espèces. Des mesures telles que la traçabilité des paiements, inspirées du modèle espagnol, ou la collaboration internationale pour lutter contre l’évasion fiscale, comme en Thaïlande, pourraient limiter ces pratiques et renforcer la transparence.
Pour maximiser l’impact de la fiscalité sur le développement touristique, les professionnels estiment que l’Etat doit d’abord renforcer les infrastructures, moderniser les établissements et améliorer la connectivité aérienne et terrestre. En même temps, diversifier l’offre touristique, développer des segments comme l’écotourisme et le tourisme de niche. Il s’agit pour eux de voir le Gouvernement adopter une fiscalité dynamique susceptible de favoriser des incitations pour attirer des investissements à long terme, tout en mettant en place des audits réguliers et des outils digitaux pour réduire la fraude.
Ce qui amène à dire que la fiscalité, bien que compétitive, ne peut à elle seule résoudre les défis du secteur touristique marocain. Une approche globale, intégrant des politiques fiscales, des infrastructures modernes et une promotion stratégique, est essentielle pour faire du Maroc une destination de choix à l’échelle internationale.