mustapha amal 
Le Maroc entend redorer encore plus, et méritoirement bien sûr, son image touristique au Fitur qui entame sa première journée aujourd’hui mercredi 22 janvier, en aménageant son stand sous les couleurs d’Errachidia pour promouvoir le tourisme saharien. Est-ce bien approprié, quand on sait que le seul établissement hôtelier digne dans la région est le Kenzi Rissani ? Est-ce l’unique alternative qui s’offre à l’ONMT dans toute la région, alors que Ouarzazate, la porte du désert, fait la preuve du bon élève de la classe à promouvoir plutôt et fièrement, elle la destination au charme authentique indéniable qui a su capter les productions cinématographiques internationales les plus chères de l’histoire ? Loin de nous de dévaloriser l’authenticité d’Errachidia et sa brave population, mais persévérer dans la marginalisation inexplicable de la destination Ouarzazate est plus que préoccupant et ajoute encore plus à ses maux : mal desservie, mal promue ou, qui sait, mal aimée peut-être ? Devrait-elle faire face seule à des défis majeurs qui compromettent son avenir touristique ?.… Pourquoi toujours cette injustice incompréhensible ?
Le tableau est sombre. Malgré ses atouts, Ouarzazate est en proie à une crise structurelle qui perdure depuis plusieurs années. Les statistiques sont alarmantes : en 2022, le secteur touristique a enregistré une baisse de 65% du nombre d’arrivées par rapport à 2019, et le volume des nuitées a chuté de 61% . Cette situation est le résultat d’une combinaison de facteurs :
L’un des principaux obstacles au développement touristique d’Ouarzazate est son enclavement. La ville souffre d’un manque de connectivité aérienne, ce qui rend difficile l’accès pour les touristes internationaux. Les liaisons routières sont également insuffisantes pour attirer un flux constant de visiteurs .
La fermeture successive d’établissements hôteliers a exacerbé la crise. Plus de 20 hôtels ont fermé leurs portes ces dernières années, réduisant considérablement la capacité d’accueil . Parallèlement, l’absence d’investissements dans le secteur touristique a freiné toute possibilité de renouveau.
La promotion internationale d’Ouarzazate est également jugée insuffisante. Alors que d’autres destinations marocaines bénéficient d’une visibilité accrue sur les marchés étrangers, Ouarzazate peine à se faire connaître en dehors des circuits touristiques traditionnels.
Ouarzazate est le berceau de plusieurs sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, notamment le célèbre Ksar d’Aït Ben Haddou. Ce village fortifié, avec ses kasbahs en terre battue, attire des milliers de visiteurs chaque année grâce à son architecture unique et son rôle dans des productions cinématographiques célèbres telles que Gladiator et Game of Thrones . La Kasbah de Taourirt, autrefois résidence de la puissante famille des Glaoui, est un autre point d’intérêt majeur qui plonge les visiteurs dans l’histoire fascinante de la région.
Les paysages environnants de Ouarzazate sont tout aussi impressionnants. Les Gorges de Dadès et les Gorges de Todra offrent des panoramas à couper le souffle et des opportunités d’activités de plein air comme la randonnée et l’escalade. Le lac de Ouarzazate, créé par le barrage El Mansour Eddahbi, constitue un havre de paix pour les amateurs de nature et d’activités nautiques .
Ouarzazate est également connue comme “Hollywood du Maroc” grâce à ses studios de cinéma, notamment les Atlas Film Studios. Ces studios ont servi de décor à de nombreux films internationaux et continuent d’attirer des productions cinématographiques, bien que cette industrie ait souffert ces dernières années .
Ouarzazate possède un potentiel touristique immense grâce à son patrimoine culturel unique et ses paysages naturels époustouflants. Cependant, les défis auxquels elle fait face sont significatifs et nécessitent une attention urgente de la part du Gouvernement, du ministère du Tourisme, de l’ONMT, de la CNT et des décideurs de bonne volonté. Pour revitaliser cette destination emblématique, il est temps que les autorités locales et nationales collaborent pour en bonifier l’infrastructure, améliorer ses liaisons terrestre et aérienne, renforcer la promotion touristique lors des salons et au-delà et attirer les investissements là aussi. Sans cela, Ouarzazate risque non seulement de perdre son statut de destination prisée mais également de voir son héritage culturel menacé par l’oubli.
