Certes, le tourisme est devenu l’un des piliers économiques du Maroc, offrant des opportunités significatives en matière de développement entrepreneurial. Pourtant, la place des femmes dans ce secteur demeure limitée : elles ne dirigent que 10 à 15 % des entreprises touristiques (hôtellerie, agences de voyage, artisanat, écotourisme). Malgré ces chiffres encore modestes, on peut mieux faire.
Les femmes entrepreneures sont particulièrement actives dans plusieurs domaines du tourisme :
-Riads et maisons d’hôtes : Marrakech, Fez et Essaouira concentrent une forte présence féminine dans l’hôtellerie de charme. Des entrepreneures comme Meryanne Loum-Martin ont su transformer des demeures historiques en établissements d’exception, attirant une clientèle internationale.
-Artisanat touristique : La production de tapis, de poterie et de textiles traditionnels constitue un segment clé, valorisant le savoir-faire féminin et l’identité culturelle marocaine.
-Tourisme rural et communautaire : Dans l’Atlas ou le Rif, des coopératives féminines gèrent des gîtes et organisent des circuits touristiques. Ces initiatives, telles que le projet “Femmes du Rif”, assurent des revenus durables tout en préservant le patrimoine local.
Toutefois, ces réussites restent concentrées dans les grandes villes touristiques (Marrakech, Casablanca), tandis que les zones rurales souffrent d’un accès limité aux financements et aux réseaux professionnels.
Malgré leur dynamisme, les entrepreneures en tourisme font face à plusieurs obstacles :
-Un accès restreint au financement : Seulement 5 % des crédits bancaires sont accordés aux femmes au Maroc (données HCP 2022). Le manque de garanties et la difficulté à attirer des investisseurs freinent la croissance des projets féminins.
-Des barrières socioculturelles : Les stéréotypes de genre et les responsabilités familiales réduisent leur mobilité et leur disponibilité pour développer leur entreprise.
-Un déficit de formations et de mise en réseau : L’absence de compétences en gestion et digitalisation limite l’expansion des activités, tandis que les cercles d’affaires influents restent majoritairement masculins.
Dieu merci, le Maroc intègre l’autonomisation économique des femmes dans sa Vision 2030 du tourisme. Plusieurs programmes et institutions favorisent l’entrepreneuriat féminin à travers des programmes de financement et d’accompagnement, tels Maroc Impact et l’INDH qui soutiennent des projets portés par des femmes, ou encore la microfinance via des institutions comme Al Amana ou Fondep permettant d’octroyer des prêts adaptés aux petites entreprises touristiques. Aussi l’USAID et ONU Femmes qui investissent dans des projets d’écotourisme féminin, notamment dans les coopératives de l’Atlas.
Malgré ce faible taux de représentativité et d’implication des femmes entrepreneures dans le secteur touristique marocain, celles-ci démontrent quand même qu’elles sont un levier essentiel pour une croissance inclusive et durable. L’avenir du tourisme passe ainsi par une meilleure intégration des femmes dans tous les segments du secteur, afin qu’elles deviennent pleinement actrices du développement et de l’innovation touristique au Maroc.