Ryanair a décidé d’annuler la liaison aérienne Tanger – Ouarzazate, une décision qui était, explique t-on, prévisible en raison d’une demande insuffisante. En réalité, la connectivité aérienne entre Ouarzazate et Marrakech était plus stratégique, car les habitants de Ouarzazate ont des liens économiques, sanitaires et éducatifs plus forts avec Marrakech qu’avec Tanger.
Tandis que le nombre de vols entre Marrakech et Errachidia a été porté de deux à trois fréquences hebdomadaires. Bien que cette augmentation puisse sembler bénéfique, elle ne compense pas la suppression de la liaison entre Ouarzazate et Marrakech, qui aurait été plus utile aux habitants, notamment en raison des difficultés de déplacement terrestre accentuées par les perturbations hivernales.
Mais Ryanair pourrait-elle revenir sur cette décision à l’avenir ?
La question reste ouverte, mais il semble que la compagnie ait pris sa décision en fonction de ses calculs financiers, malgré une demande locale réelle sur la liaison Ouarzazate – Marrakech, qui aurait sans doute été plus pertinente que celle avec Errachidia.
La récente annonce de Ryanair concernant la modification de ses liaisons aériennes au Maroc à partir du 1er avril 2025 soulève de nombreuses interrogations. Si l’augmentation des vols entre Marrakech et Errachidia peut sembler une amélioration en matière de connectivité, la suppression de la liaison Tanger – Ouarzazate met en lumière un problème structurel récurrent : l’isolement croissant de certaines régions face aux choix stratégiques des compagnies aériennes.
Le principal argument avancé pour justifier l’arrêt de la ligne Tanger – Ouarzazate est une demande insuffisante. Or, la véritable question n’est pas tant celle de la demande brute, mais plutôt celle de la pertinence des liaisons aériennes proposées. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la liaison Tanger – Ouarzazate n’a jamais été une priorité pour les habitants de cette région. Leur besoin en connectivité est bien plus marqué avec Marrakech, ville à laquelle ils sont fortement liés sur les plans économique, éducatif et sanitaire.
En supprimant cette ligne et en ne renforçant pas la connexion entre Ouarzazate et Marrakech, Ryanair fait le choix de maximiser sa rentabilité sans prendre en compte l’impact socioéconomique et touristique de sa décision.
Le maintien de la liaison aérienne entre Ouarzazate et Marrakech aurait permis de désenclaver la région, en particulier durant les mois d’hiver où la route de Tizi n’Tichka est fréquemment perturbée par des intempéries. Cette situation complique considérablement les déplacements des habitants, des étudiants, des patients nécessitant des soins spécialisés et des professionnels.
En privilégiant la liaison Marrakech – Errachidia au détriment de Marrakech – Ouarzazate, Ryanair fait le pari d’une demande touristique potentielle plutôt que de répondre à une réalité locale avérée. Si Errachidia est une porte d’entrée vers le désert, la ville ne souffre pas du même niveau d’isolement que Ouarzazate, qui est un hub culturel, touristique et économique clé pour le sud-est du Maroc.
L’avenir nous dira si Ryanair reviendra sur cette décision, mais il est clair que cette réorganisation pose des questions sur la prise en compte des véritables besoins des territoires. L’expérience montre que les compagnies aériennes low-cost ajustent fréquemment leurs itinéraires en fonction des performances économiques des lignes. Cependant, il serait judicieux d’intégrer une vision plus large, qui ne se limite pas aux seules logiques de remplissage des avions, mais qui prenne en compte l’impact d’une liaison aérienne sur le développement régional.
On ne le répétera jamais assez : Ouarzazate, souvent qualifiée de « Hollywood du Maroc » grâce à son industrie cinématographique, mérite légitimement une connectivité aérienne à la hauteur de son potentiel. La question est désormais de savoir si Ryanair, ou toute autre compagnie, saisira cette opportunité à l’avenir. En attendant, la suppression de cette ligne constitue une nouvelle entrave au désenclavement de la région et à son intégration effective dans les dynamiques économiques nationales et internationales.