mustapha amal 
L’Assemblée Générale Ordinaire du Conseil Régional du Tourisme (CRT) de Marrakech-Safi, tenue sous la présidence de Hamid Bentahar le 9 juillet 2025, a surtout mis en lumière un modèle territorial fondé sur l’intelligence collective, la synergie public-privé et la planification stratégique à long terme. A preuve, un bilan 2025 porté par une dynamique maîtrisée
À fin mai 2025, Marrakech affiche des performances historiques rarement atteintes dans le paysage touristique marocain:
-4.274.443 nuitées, en hausse de +7 % par rapport à 2024
-1.370.814 arrivées, soit +6 %
-72 % de taux d’occupation, en progression de 3 points
-Et un aéroport en forte expansion avec +17 % de passagers sur les cinq premiers mois de l’année, représentant 28 % du trafic national
Ces chiffres ne sont pas le fruit d’un hasard conjoncturel, mais le résultat d’une politique volontariste de développement de la connectivité aérienne, coordonnée entre l’ONMT, l’ONDA, la CNT, le CRT et les opérateurs privés. Ce front commun, rarement aussi discipliné au Maroc, a permis de sécuriser des lignes à forte valeur stratégique, notamment vers le Canada, les pays du Golfe, l’Espagne, l’Italie et les USA, tout en renforçant le maillage domestique.
En fait, ce qui distingue Marrakech en 2025, c’est sa capacité à ne pas se reposer sur ses acquis hôteliers ou culturels, mais à élargir constamment les bases de son attractivité, en travaillant simultanément sur les infrastructures, l’innovation, l’identité et l’inclusion territoriale.
Lancement de VisitMarrakech.com repensé, production régulière de contenus vidéo, campagnes digitales ciblées par segment de clientèle : l’écosystème numérique du CRT se révèle axe stratégique de conversion, adapté aux algorithmes des plateformes internationales. À cela s’ajoute un projet inédit d’accompagnement de plus de 100 PME locales, qui vise à rendre visibles les expériences rurales et artisanales via des circuits de distribution globale (Airbnb Experiences, GetYourGuide, Viator…).
Par exemple, dans la province d’Al Haouz, des circuits de trek culturel avec des conteurs amazighs sont désormais accessibles en ligne ; à Essaouira, des ateliers de calligraphie soufie sont proposés à des clientèles nord-européennes, avec des traductions professionnelles. Ce sont ces micro-expériences qui nourrissent la macro-attractivité de la région.
L’un des faits marquants de l’AGO 2025 est la reconnaissance unanime du rôle catalyseur joué par le triptyque institutionnel : collège des élus, collège des professionnels, collège des institutions publiques. Cette gouvernance tridimensionnelle, pilotée par Hamid Bentahar, se démarque par son niveau d’opérationnalité : pas de stratégie hors-sol, mais une méthode de co-décision, appuyée sur des KPI précis et des comités d’exécution suivis.
Par exemple, le Plan d’Action 2025-2026 du CRT est construit autour de quatre priorités claires, mesurables et complémentaires :
1. Poursuivre l’expansion aérienne pour atteindre 75 % de taux d’occupation fin 2025, et viser 80 % d’ici 2027, en ciblant notamment l’Asie et l’Amérique Latine ;
2. Accélérer la concrétisation des projets structurants, tels que le Palais des Expositions (futur hub MICE d’Afrique du Nord), le mégaparc de loisirs en périphérie de Marrakech, ou encore la refonte intégrale de la station de ski d’Oukaïmeden, en lien avec la stratégie montagne 2030 ;
3. Révéler les patrimoines immatériels de chaque province, pour asseoir une identité plurielle mais cohérente, intégrant les musiques rurales, les savoir-faire artisanaux, et les traditions orales menacées ;
4. Maintenir une qualité d’accueil irréprochable, via la formation continue, le contrôle qualité, et la mobilisation citoyenne, à l’approche de grands événements planétaires comme la CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030.
Loin d’une logique de croissance quantitative débridée, le CRT de Marrakech s’oriente vers une consolidation raisonnée de son modèle. L’enjeu n’est plus de faire venir davantage, mais de faire mieux vivre les visiteurs tout en garantissant des retombées tangibles et équitables pour les territoires. Cette orientation se traduit notamment par :
-Une politique RSE structurée, intégrant les questions d’eau, de gestion des flux, d’éthique commerciale et d’économie circulaire ;
-La cartographie des points de saturation touristique à l’échelle micro (places, médina, jardins…) avec des stratégies d’évitement via l’offre périphérique ;
-Un dialogue constant avec les populations locales, notamment les jeunes et les femmes, pour les intégrer dans la chaîne de valeur touristique.
L’Assemblée Générale 2025 du CRT de Marrakech a Grosso modo validé un cadre stratégique structurant, capable d’inspirer d’autres régions. En combinant croissance, ancrage territorial, innovation numérique et gouvernance intelligente, la région pose les jalons d’un tourisme marocain plus équilibré, plus inclusif et plus compétitif à l’échelle internationale.
Marrakech devient une démonstration de ce que peut devenir le tourisme lorsqu’il est piloté avec méthode, ambition et responsabilité.
