A environ une heure de Saidia par voiture, une belle découverte nous attend à Nador où, adossé au Marchica Lagoon Resort, un véritable centre de loisirs nautiques électriques vient d’ouvrir proposant eFoils, hydroflyers, waterbikes design, eTows et un concept de cabanes flottantes, l’IMATJET. La finalité est de créer une expérience premium, distinctive et cohérente avec le site d’Atalayoun, sans rupture avec l’écosystème. C’est le premier signal fort, au Maroc, d’un resort de luxe qui internalise une offre nautique nouvelle génération plutôt que de la sous-traiter ponctuellement. Une proposition de valeur précise (et monétisable).
D’après les responsables du centre, l’assemblage d’engins 100 % électriques (eFoils au vol silencieux, hydroflyers, eTows, waterbikes) s’adresse à 3 segments à haute valeur : couples « lifestyle » en quête d’expériences photogéniques, familles premium et voyageurs d’affaires en séminaire avec activités « waouh » à faible empreinte sonore. Le recours à des opérateurs spécialisés (eFoil Maroc anime déjà des sessions et a communiqué sur l’introduction d’un eTow et des waterbikes Red Shark à Marchica) crédibilise l’offre et facilite la montée en puissance opérationnelle.
Quant à l’IMATJET, la cabane flottante minimaliste, elle ajoute une « scène » rare sur le marché marocain : micro-événements au fil de l’eau, soins privatifs, lectures au silence. C’est un produit à forte marge si la durée d’occupation est pilotée finement (créneaux courts et premium en fin de journée).
Mieux, la proximité immédiate de la Marchica Golf Academy et du practice d’Atalayoun augmente le « panier d’activités » (packs golf + eFoil + dîner sunset). L’hôtel met déjà en avant cette passerelle avec des tarifs préférentiels pour ses hôtes.
Pour info, la lagune de Marchica (Sebkha Bou Areg) est un site Ramsar de 14 000 ha, zone d’hivernage et de reproduction pour de nombreuses espèces : cela impose une gouvernance stricte des usages nautiques. L’aire, longtemps dégradée, fait l’objet depuis 2009 d’un programme de remise en état et d’éducation environnementale, mené aux côtés de la Fondation Mohammed VI pour l’Environnement. Des études récentes documentent encore des vulnérabilités (risques d’eutrophisation, pressions anthropiques).
Avantage non négligeable, le choix d’engins électriques limite les nuisances (bruit, hydrocarbures), mais ne suffit pas. On nous explique qu’il faut zoner et cadencer les couloirs dédiés (mise à l’eau/retour) matérialisés en bouées, éloignés des aires de repos avifaunistiques, ainsi que l’aménagement des plages horaires réduites autour des pics d’activité faunistique (aube/crépuscule). De même qu’une attention particulière a été accordée à la vitesse plafonnée et distance minimale aux baigneurs et aux herbiers, aux ancrages éco-conçus pour tout dispositif flottant (éviter l’arrachement de la végétation benthique) et à la traçabilité via un carnet d’activité numérique (heures, trajectoires, alertes faune) pour objectiver l’impact sur la saison.
Ces mesures traduisent, côté client, un discours clair : « luxe discret, respect du vivant ». Elles alignent l’offre avec la reconnaissance internationale du site.
Sur la façade méditerranéenne, la demande de micro-séjours premium portée par les MRE (été) et par les city-breaks connectés (vols directs européens) soutient l’occupation si les resort packages sont lisibles et distribués. Pour Marchica, l’accessibilité joue : aéroport de Nador-El Aroui à ~30 min (limousines/van) et relais Melilla/Fez.
La péninsule d’Atalayoun concentre practice, académie, marinas légères et offre hôtelière ; elle est positionnée par Marchica Med comme pôle résidentiel et touristique structurant. Cette densité d’usages, si elle est régulée, est un avantage compétitif : on vend une destination-lagune plus qu’un seul hôtel.
Côté distribution, l’hôtel communique et opère en direct (conciergerie, transferts), tout en restant présent sur les OTA. Pour accélérer l’adoption du nautique, il faudra rendre réservable en ligne (site, OTA) une sélection courte de produits (initiation eFoil 30’/60’, sunset ride, IMATJET 60’) avec fenêtres dynamiques et éviter l’effet « catalogue ».
L’offre nautique intégrée de Marchica met le luxe électrique au service d’un site Ramsar fragile, c’est une promesse forte, mais exigeante. L’hôtel coche les bonnes cases, localisation, golf academy, accessibilité, partenaires spécialisés et s’inscrit dans une conjoncture porteuse pour le tourisme marocain. La réussite se jouera certainement dans l’ingénierie des créneaux, la discipline environnementale et la lisibilité commerciale. Si ces trois promesses sont tenus, Marchica a les atouts pour devenir la référence méditerranéenne du « slow thrill » : des sensations, mais sans bruit ni pour les voisins, ni pour les oiseaux.




