Le parvis du Médina Mall Saidia ne ressemble plus à ce qu’il était. Là où, il y a encore quelques années, les boutiques fermaient tôt et les terrasses semblaient vides, on entend désormais les basses d’un concert, les rires d’enfants courant d’un atelier de marionnettes à une scène freestyle et les applaudissements d’un public venu autant de Saïdia même que des villes voisines. Bref, une ambiance joyeuse partout sans dépassement. C’est le premier signe visible de la nouvelle stratégie menée par la Société de Développement Saïdia (SDS) : faire de la culture et des loisirs un produit de transformation de la station.
Depuis le 1er juillet, en effet, le Saidia Summer Fest a métamorphosé le quotidien des estivants. Le festival n’a rien d’un simple enchaînement de concerts, il s’adresse plutôt à tous. Les enfants découvrent l’art du recyclage ou de la peinture sur verre, les adolescents s’essaient au DJing ou aux tournois de gaming tandis que les adultes participent à des soirées karaoké revisitées ou à des ateliers traditionnels. La station, longtemps réduite au simple statut de destination balnéaire « classique », s’offre une seconde identité, celle d’un espace de rencontre artistique et populaire.
L’international s’invite aussi à Saïdia. Avec le Festival Sete Sóis Sete Luas, les musiciens venus du Portugal, d’Italie ou du Cap-Vert tissent des ponts entre les cultures méditerranéennes. Le soir, des familles entières se regroupent sur les places animées pour partager un moment qui dépasse la logique touristique, un instant de vie collective, rare dans les stations balnéaires conçues uniquement pour consommer.
Cet élan artistiquement festif, au cœur de la station, fait que Médina Mall soit l’objet d’un projet de réhabilitation confié à l’École Nationale d’Architecture d’Oujda. L’objectif consiste à transformer le lieu en un centre de gravité sociale et culturelle.
Construit en 2009, le Mall n’a jamais atteint son plein potentiel. Sa reconversion entend en faire une agora contemporaine : commerces repensés, intégration d’espaces culturels, mise en valeur des savoir-faire locaux. Plus qu’un lifting, c’est une réinvention qui doit redonner au site son rôle de lien entre résidents et visiteurs.
Dans les propos de certains commerçants, un espoir revient : que le Mall ne soit plus un « centre fantôme » en hiver, mais un lieu qui vit toute l’année. C’est précisément ce à quoi la SDS veut parvenir, en articulant animation culturelle et infrastructures permanentes.
La culture n’est cependant qu’un volet d’une stratégie plus large. Ainsi, on apprend que, depuis 2013, la SDS modernise les réseaux d’assainissement, construisant notamment une station d’épuration de 20 400 m³/jour. En parallèle, la lutte contre l’érosion des dunes de la Moulouya, à travers des solutions « nature-based », témoigne d’une volonté réelle de protéger l’environnement tout en valorisant le paysage.
En 2013, l’inauguration d’un second parcours de golf a marqué une nouvelle étape dans la diversification de l’offre. À cela s’ajoutent la rénovation d’hôtels de standing, la certification HQE du Club house Teelal, l’obtention du Pavillon Bleu pour la marina et la plage, ou encore le lancement de circuits touristiques alternatifs dans l’Oriental. Constat: Ces réalisations dessinent une station qui veut passer d’une logique saisonnière à une véritable destination durable.
C’est vrai. Pour les habitants, les effets commencent à se faire sentir. Les événements estivaux créent des emplois saisonniers mais, surtout, des opportunités de formation pour les jeunes. Les animations attirent un public varié qui profite aussi des cafés, taxis et petites boutiques locales, ce qui redonne souffle à une économie parfois trop dépendante des grands complexes hôteliers.
Les visiteurs, eux, témoignent d’une expérience transformée : « On ne vient plus seulement pour la plage », glisse un touriste rencontré lors d’une ballade sur la corniche. La station devient, alors, un lieu de découverte, de sport, de culture et non plus uniquement de détente balnéaire.
De toute évidence, cette évolution nourrit une attente forte, selon laquelle la dynamique culturelle et la réhabilitation du Mall débordent la saison estivale et profitent réellement aux habitants, au-delà de la seule image vitrine destinée aux touristes.
En fait, l’été 2025 révèle une Saïdia en mutation. La station s’éloigne du modèle balnéaire classique pour proposer un projet plus équilibré où culture, environnement et infrastructures dialoguent. La réussite, toutefois, dépendra de la capacité de la SDS à associer étroitement la population locale à cette transformation.
Car si les festivals donnent le rythme, c’est dans la réappropriation quotidienne du Médina Mall, la préservation du littoral et l’ouverture des infrastructures tout au long de l’année que se joue l’avenir. Là réside l’enjeu : transformer un effort ponctuel en une véritable renaissance territoriale, partagée par ceux qui y vivent autant que par ceux qui y séjournent.





