La saison touristique s’ouvre sous les meilleurs auspices car les premières tendances de réservation annoncent une dynamique forte presque partout dans le pays. C’est sûr, la double présence de la clientèle internationale et nationale offre une opportunité concrète d’atteindre entre 18 et 20 millions de visiteurs, générant jusqu’à 120 milliards de dirhams en devises, auxquels s’ajoutent 35 millions en dirhams sur le marché interne.
Cette embellie s’inscrit dans un calendrier exceptionnel. L’inauguration du grand stade Moulay Abdellah de Rabat marque le lancement visible des préparatifs de la Coupe d’Afrique des Nations 2025–2026. Dès 2026, les grandes destinations comme Agadir, Marrakech, Casablanca, Fez, Tanger, Essaouira, etc, bénéficieront de prévisions solides, à condition de relever plusieurs défis structurels relatifs à la mobilité, l’hébergement, l’aérien et l’accueil aéroportuaire… D’accord, ces chantiers ne sont pas nouveaux, mais l’ampleur des flux attendus impliquent un passage urgent à une mise en œuvre beaucoup plus rigoureuse et mesurable.
Il est indéniable que le Maroc a déjà acquis une solide expertise dans la gestion des flux touristiques et sait capitaliser sur ses grands événements. Toutefois, la question qui interroge est celle de garantir l’offre d’un parcours clean sans friction, du vol à l’hôtel, en passant par la mobilité urbaine et les services culturels.
Oui, un risque indépendant demeure à cause des tensions internationales actuelles en Europe, en Asie et sur le continent américain. Celles-ci peuvent influencer la demande mondiale et fragiliser certains marchés émetteurs.
Que faire, alors ?
La prochaine étape est la construction d’une stratégie marketing claire et ambitieuse pour 2026–2030, qui combine recherche de quantité et exigence de qualité. La montée en gamme de l’hôtellerie marocaine, les programmes de rénovation et l’essor de formules développantes comme Cap Hospitality participent à cette transformation. L’extension du parc hôtelier et la rénovation sont capitales, mais ils se heurtent encore à des lenteurs administratives et à des ressources humaines insuffisantes dans les centres régionaux d’investissement.
Accélérer la délivrance des autorisations et des financements devient indispensable pour accompagner le rythme de croissance. Comment réduire les délais, simplifier les procédures et aligner les volontés régionales sur une exécution nationale cohérente ? Là se joue la gouvernance pour un momentum territorial à saisir…
Car la période 2026–2030 sera déterminante pour les politiques territoriales touristiques. Les collectivités doivent identifier et réserver du foncier, qu’il soit urbain ou rural, afin de permettre la construction de nouvelles unités d’hébergement, de complexes culturels et sportifs, ainsi que d’espaces de loisirs oū chaque projet devra intégrer l’efficacité énergétique, la gestion raisonnée de l’eau et la réduction de l’empreinte écologique. C’est à cette condition que l’essor touristique du Maroc pourra s’inscrire dans une logique de long terme, au bénéfice du pays et de ses citoyens.
Le Maroc entre dans une séquence exceptionnelle visible dans une affluence record, des infrastructures en expansion et des événements d’ampleur mondiale. Mais cette opportunité ne portera pleinement ses fruits qu’avec une exécution rigoureuse. Les enjeux clairs de mobilité, hébergement, aérien, gouvernance des projets et transition durable doivent être pris au sérieux si nous voulons vraiment nous affranchir. Notre réussite passera par notre capacité à agir vite et collectivement, en dépassant les lenteurs administratives pour transformer un élan conjoncturel en héritage pérenne.




