Casablanca peut-elle devenir une destination de loisirs ?

Casablanca s’ouvre aujourd’hui à une autre ambition lui permettant de devenir une destination de loisirs capable de séduire à la fois touristes étrangers et nationaux, en construisant une identité singulière city-break atlantique, hybride et cosmopolite, où se conjuguent culture, mer, divertissement et créativité urbaine.

SD’une part, l’essor des rooftops conforte cette transformation. Inspirés de Lisbonne ou Barcelone, des lieux comme Sky 28, la Sqala Skybar ou Le Kimmy’z et d’autres, associent gastronomie, mixologie et musique live. Une montée en gamme susceptible d’aligner la métropole sur des standards méditerranéens, attirant aussi bien la jeunesse locale que des expatriés et clients en transit.

À l’opposé du spectre, la street food, d’autre part, constitue une richesse brute encore sous-exploitée. Exemple : Derb Omar ou Marché Central concentrent une densité culinaire qui, institutionnalisée sous forme de food tours guidés, n’aura rien à envier aux circuits gastronomiques de Naples ou Istanbul. Quand on sait que la gastronomie est un appel de choix de destination (38 % des millennials y attachent une importance prioritaire selon l’OMT), Casablanca dispose d’un quand même d’un argument fort.

Il faut aussi reconnaître que la façade maritime constitue un autre gisement. Avec 20 km de littoral, la ville est sous-équipée. Seuls 30 % des plages disposent d’aménagements touristiques. Or, la demande européenne pour les sports nautiques croît de 12 % par an, selon le site de Surf Industry Report. A titre comparatif, Lisbonne a su capitaliser sur un littoral similaire pour attirer 600 000 pratiquants annuels de surf et paddle, générant 400 M€ de retombées économiques. Tandis que Casablanca, située à seulement 1h30 de vol de Madrid ou Paris, a toutes les latitudes de s’inscrire sur ce marché avec une offre structurée.

Quant à la densité culturelle de la métropole, elle aussi est remarquable à l’échelle régionale. L’exemple de Villa des Arts, Fondation Abderrahman Slaoui, Musée du Judaïsme marocain ou circuits Art déco forment, entre autres, un réseau patrimonial unique au Maghreb. En comparaison, Marseille, dont l’offre muséale s’est consolidée depuis l’ouverture du MUCEM, a vu son nombre de visiteurs passer de 1,6 à 5 millions par an en une décennie. Casablanca, avec une scénarisation adéquate, ne peut-elle pas enclencher une dynamique similaire ?

À moins d’une heure, l’arrière-pays (Benslimane, Berrechid-Settat) tiennent le pas des perspectives de tourisme nature. Ce type d’escapades green city-break constitue justement une tendance montante. Par exemple, en Espagne, 27 % des courts séjours intègrent désormais une activité rurale ou de pleine nature. Casablanca n’est-elle pas capable d’offrir cette respiration complémentaire à son intensité urbaine ?

Enfin, l’argument du retailtainment ne doit pas être sous-estimé. Morocco Mall attire 15 millions de visiteurs par an, en attendant les statistques d’Aéria Mall, soit l’équivalent de Disneyland Paris. Aquarium, IMAX, parc indoor et shopping international en font un pôle de loisirs rare en Afrique, adapté aux familles marocaines et régionales du Golfe, et une nouvelle expérience face aux capitales méditerranéennes.

Certes, Casablanca ne deviendra pas Marrakech, mais peut se forger un destin singulier. En valorisant ses rooftops, sa street food, son littoral, ses musées et son arrière-pays, la métropole représentera assurément un modèle inédit grâce à une dynamique sans précédent mobilisant public et privé pour la bonne cause, celui d’une capitale atlantique du city-break moderne. L’enjeu déterminera, du coup, la durée moyenne de séjour et augmenter le panier moyen permettraient à la destination de transformer son dynamisme économique en attractivité internationale, et de se placer sur la carte mondiale des loisirs urbains aux côtés de Lisbonne, Barcelone ou Marseille. Pourquoi pas ?

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