113 milliards de dirhams de recettes touristiques, record battu à interroger

À fin octobre 2025, selon un communiqué du ministère du Tourisme, les recettes de voyages du Maroc ont atteint 113 milliards de dirhams, dépassant déjà le niveau total enregistré sur l’ensemble de l’année 2024. En un an, la progression est de plus de 16 milliards de dirhams, soit une hausse de 17% à période comparable. Sur le papier, la performance est indiscutablement historique. Dans le détail, elle raconte une réalité plus complexe d’un secteur qui accélère, mais dont quelques déséquilibres persistent tout de même…

Cette évolution est portée en premier lieu par la hausse des arrivées touristiques, estimée à +14% à fin octobre 2025. Elle reflète un regain d’attractivité de la destination Maroc après plusieurs années de repositionnement intensif, de relance post-crise et d’investissement public massif dans la promotion, la connectivité aérienne et la diversification de l’offre.

Les nouvelles ouvertures hôtelières à Casablanca, Marrakech, Rabat, Essaouira, Tanger et Agadir, la montée en gamme de l’hébergement non classique des riads rénovés, des écolodges et des communautés rurales intégrées, ainsi que l’explosion du tourisme expérientiel dans la gastronomie, le désert, le bien-être, le sport, le cinéma, le golf et les événements culturels, constituent désormais un écosystème plus large, plus sophistiqué et mieux aligné avec les tendances internationales.

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Mais derrière la performance globale se cachent toutefois plusieurs réalités contrastées. En effet, Marrakech et Agadir captent encore une part dominante des flux et des recettes, pendant que certaines régions pourtant stratégiques comme l’Oriental, le Sud-Est, le Draa-Tafilalet, Béni-Mellal-Khénifra et certaines zones de l’Atlas peinent à transformer leur potentiel en valeur économique tangible. Tandis que la France, l’Espagne, le Royaume-Uni et la diaspora marocaine représentent toujours un socle largement dominant, malgré les efforts récents de l’ONMT sur l’Amérique du Nord, l’Europe centrale et le Golfe.

On remarque aussi que dans plusieurs zones touristiques, la valeur créée bénéficie encore de manière inégale aux acteurs de proximité, en particulier dans l’artisanat, la restauration familiale et les guides indépendants.

Autrement dit, si le Maroc reçoit plus, il ne redistribue pas encore mieux partout. C’est toujours le symptôme du Maroc à deux vitesses…

L’évolution des recettes, plus rapide que celle des arrivées, indique un panier moyen en progression, ce qui est un signal positif pour la stratégie de montée en gamme. Mais ce même signal pose une question fondamentale : le tourisme marocain devient-il durablement plus qualitatif ou simplement plus cher ?

D’accord, la performance actuelle est réelle, mais elle ne saurait constituer une garantie de résilience future sans réformes structurelles profondes.

À ce stade, le Maroc prouve qu’il sait attirer. Le véritable défi, désormais, est de prouver qu’il sait transformer.

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