À moins de dix jours du coup d’envoi, l’Office National des Aéroports (ONDA) active un dispositif où les terminaux se déploient en véritables plateformes événementielles capables d’absorber des flux massifs tout en modelant l’expérience du voyageur.
L’originalité du dispositif, via de nouveaux chantiers d’envergure, consiste en une série d’optimisations fines, menées discrètement pendant plus d’un an.
Renforcement des zones de transit, redéfinition des circuits de circulation, montée en compétence des équipes de front-office, intégration d’outils de pilotage en temps réel, etc, c’est pour dire que l’ONDA privilégie la précision plutôt que le spectaculaire.
L’un des axes déterminants est la coordination inter-agences. ONDA, DGSN, Douanes, Gendarmerie Royale et ministère du Transport travaillent désormais selon un modèle de chaîne synchronisée destiné à réduire les frictions dans les zones les plus critiques, à savoir les couloirs d’arrivée, les contrôles frontaliers, les tapis bagages et les sorties publiques.
Dans un continent où ces ruptures opérationnelles constituent souvent le point faible des grands événements sportifs, le Maroc en fait un axe de différenciation.
Le programme «Welcome Football, Welcome Fans» organise, en fait, un parcours fluide conçu pour structurer la perception du passager.
Alors que les marqueurs volumétriques (trophées géants, arches lumineuses, séquences colorimétriques ciblées) jalonnent les zones d’arrivée. Leur rôle est d’installer immédiatement l’identité visuelle de la compétition tout en guidant, presque intuitivement, les flux de passagers.
Ce principe de «circulation narrative», largement utilisé dans les grands hubs internationaux, reste rare en Afrique où la décoration événementielle est généralement dissociée de la gestion opérationnelle.
Ici, la scénographie devient un outil de navigation. Elle réduit l’hésitation, fluidifie les transitions et abaisse mécaniquement les risques de congestion, un point décisif lors de pics d’affluence liés à l’arrivée simultanée de plusieurs charters et vols réguliers.
Autre choix notable reste la création de micro fan-zones compactes, placées dans des zones hautement photographiables des halls d’arrivée.
L’objectif est de produire, en plus de l’offre de vastes espaces animés, des «contenus partageables» instantanément, capables de circuler sur les réseaux sociaux mondiaux dès les premières minutes du séjour.
Chaque photo prise par un supporter devient ainsi un média. Ce phénomène, anticipé et intégré dans la conception du dispositif, renforce la visibilité internationale de l’événement et diffuse une image calibrée du pays avant même que les visiteurs ne quittent l’aéroport.
Tout compte fait, l’enjeu réel dépasse la seule organisation du tournoi. En effet, en orchestrant une expérience d’arrivée contrôlée, cohérente et réplicable, le Maroc se place , se replace et se repositionne en hub africain capable d’accompagner des événements de grande portée, qu’ils soient politiques, culturels ou économiques, tout en absorbant des flux aériens complexes.
Cette approche s’inscrit précisément dans une stratégie plus large de montée en gamme du secteur aérien marocain et anticipe la croissance attendue du trafic long-courrier, notamment en perspective des grands rendez-vous internationaux de la décennie.
Le dispositif servira in fine de test en conditions réelles pendant la CAN. Oui, s’il confirme ses performances, il pourrait constituer, pourquoi pas, un modèle pour les futurs pays hôtes africains, une intégration plus fine entre design, logistique, sécurité et expérience utilisateur, loin des approches segmentées encore répandues sur le continent.
Le Maroc, à n’en pas douter, fait des aéroports le premier acte de l’expérience CAN 2025.
En transformant l’instant d’arrivée en adducteur stratégique, esthétique, fonctionnel, médiatique et opérationnel. C’est une fierté que notre pays propose une lecture renouvelée de l’hospitalité sportive.
Ici, la compétition ne commence pas au stade, elle commence à la passerelle de l’avion.




