La situation d’attentisme en Europe, à la veille de la saison automne-hiver qui menace d’être rude pour les Européens au risque de la sous-alimentation ou coupure d’approvisionnement en gaz russe dont le Vieux Continent dépend, peut faire de l’ombre à l’industrie du voyage, influant automatiquement sur des destinations réceptives comme le Maroc. L’effort consenti en dépenses d’armement en faveur de l’Ukraine, en effort de guerre colossal continu, rend la vie trop chère aux populations dans la majorité pour se payer le luxe de voyager en dehors de leur territoire plutôt que de faire face aux frais quotidiens déjà impactés. Cependant, ceux qui voyagent continueront à voyager mais probablement en cadence baissière.
Le retour des vaches maigres hante les esprits et les professionnels marocains ne cachent pas leurs craintes et ne peuvent les dissimuler longtemps, quoique hardis dans la mise en œuvre de plans susceptibles de donner corps à la fonctionnalité de la feuille de route 2026-2030
Très courageuses et aventuristes aussi, il faut l’avouer, les fédérations de métiers membres de la CNT prennent leur courage à deux mains et leur patience à tour de bras en mettant la main à la pâte pour être au rendez-vous de l’optimisme, bien que derrière l’invisibilité plane de tout son poids.
En effet, la série de webinaires tenue cette semaine par la CNT avec la FNIH, puis la FNAAVM et la FNTT juste hier mercredi témoignent de cette volonté de mener la barque ensemble et à bon port malgré vents et marées.
Au niveau de la Fédération Nationale des Transporteurs Touristiques affiliée à la CGEM, le webinaire avec la CNT aura duré 2 heures le soir durant lesquelles le détail de la feuille de route a été exposé et l’objectif final nettement apprécié avec, cependant, des points d’interrogation soulevés par les intervenants transporteurs touristiques. Ces derniers s’interrogent, entre autres, sur les budgets annuels de 4 à 5 milliards de dirhams à mobiliser par l’Etat le seront-ils ou pas? Quand ? Le manque de visibilité financière d’accompagnement pèse de tout son poids sur l’aboutissement du programme de la dite feuille de route.
L’important pour les représentants du secteur intervenant au webinaire réside, d’abord, dans la situation très difficile de leur secteur d’activité. Ils restent, en effet, perplexes quant à l’obligation de rembourser les crédits dès octobre prochain alors que « nos activités touristiques sont très faibles avec très peu de circuits et moins de kilomètres », commente un opérateur.
La hausse catastrophique du coût de l’énergie, fait-il noter, et « surtout l’attente de la subvention de l’Etat en compensation de seulement 30% sur l’augmentation et l’attente de beaucoup de transporteurs qui n’ont toujours pas bénéficié totalement de l’aide. Certains propriétaires ont été payés pour seulement 25% de leur parc, malgré les réclamations en instance ».
Si la reprise est relativement confirmée; les investissements obligatoires pour rajeunissement de la flotte ou l’agrandissement du parc s’avèrent peu plausibles en regard du blocage des crédits chez les banques, les organismes de leasing et sociétés de crédit.
In fine, les représentants de la FNTT préfèrent d’abord voir les solutions effectives de sortir de crise aboutir dans la réalité. Un intervenant va encore plus loin en espérant que cette initiative de revigorer le secteur du tourisme ne soit qu’un palliatif politique ou une sorte de parade aux graves déficits enregistrés par le confinement »
Même si, effectivement, le secteur touristique est la seule industrie à pouvoir très rapidement donner des résultats probants pour les devises et l’emploi avec des objectifs pertinents et crédibles, les acteurs semblent peu motivés vu les expériences et historiques de la vision 2010 et 2020 avec la réalisation de seulement 20% des actions prioritaires. « La confiance est nécessaire mais la question est plutôt du côté du gouvernement », tranche un autre opérateur.
Enfin et malgré tout, l’optimisme est toujours permis chez les professionnels et, surtout, chez la CNT dont le Président affirme que le but est d’obtenir un « New positionnement stratégique de notre secteur après plusieurs années de « non-reconnaissance ».
Mais ce qui se passe en Europe, principal marché émetteur pour le Maroc, risque à tout moment de fausser la donne et de déséquilibrer la stratégie…