Les hôteliers marocains sont-ils en train de gagner une bataille face aux plateformes de réservation, particulièrement Airbnb ? Il était temps que l’essor de plateformes comme Airbnb au dam du fisc sévisse encore, en transformant le paysage touristique marocain et mondial, ouvrant des opportunités pour les propriétaires tout en offrant des hébergements uniques aux voyageurs sans toutefois de contrôle fiscal équitable. Cependant, cette transformation a également posé des défis majeurs pour le gouvernement cherchant à réguler et à taxer ces activités. Le Maroc n’est, en effet, pas une exception à ce phénomène, et la récente opération de vérification des transferts financiers internationaux liés aux locations touristiques via Airbnb démontre l’importance de s’assurer du respect des réglementations et de la fiscalité dans ce domaine.
Comment ? Les autorités marocaines, en collaboration avec les ministères du Tourisme et de l’Intérieur, ont lancé une opération visant à examiner les transferts financiers provenant des locations touristiques effectuées via Airbnb. Cette initiative vise à garantir que les revenus générés par ces locations sont déclarés correctement et que les propriétaires respectent les licences et autorisations nécessaires. Les résultats de cette enquête ont révélé des flux financiers importants, avec des transferts importants dans certaines villes comme Casablanca, Marrakech, Essaouira et Tanger. Peut-être que la situation une fois assainie, l’Observatoire du Tourisme aura du coup les mains libres d’introduire ce type d’hébergement dans ses statistiques nuitées…
Mais l’un des principaux problèmes mis en lumière par cette opération est le manque de transparence concernant la déclaration des revenus provenant de ces locations touristiques. De nombreux propriétaires ne déclaraient pas leurs revenus au ministère du Tourisme, et certains effectuaient même des transactions à l’étranger pour échapper à la réglementation locale. Cela soulève des questions sur l’efficacité du cadre réglementaire actuel, qui semble ne pas avoir pleinement intégré les plateformes en ligne comme Airbnb.
Le décret en vigueur exige que les propriétaires obtenaient des autorisations spécifiques pour la location touristique, y compris des documents prouvant la conformité aux normes de sécurité et de prévention incendie. Cependant, la non-conformité à ces règles semble être un problème répandu, en partie en raison du manque de clarté des réglementations et de l’absence de suivi rigoureux.
Il est intéressant de noter qu’Airbnb avait déjà tenté de discuter d’un accord fiscal avec le gouvernement marocain en 2015, mais il n’y a eu aucune réponse de la part des autorités. Cela représente une opportunité manquée pour le Maroc, car des accords similaires dans d’autres pays européens permettent à Airbnb de collecter des taxes locales et de la TVA, puis de les verser directement aux gouvernements locaux. Cette approche facilite non seulement le suivi des transactions, mais elle garantit également un flux de revenus pour les autorités locales.
Certainement, Airbnb joue un rôle de plus en plus important dans le secteur immobilier marocain, avec des projets d’élargir son offre de location à long terme. Cela souligne l’importance d’une approche proactive du gouvernement pour réguler cette activité, tout en favorisant un cadre juridique et fiscal clair qui encourage les propriétaires à se conformer aux réglementations.
L’opération de vérification des transferts financiers liés à Airbnb au Maroc met en évidence la nécessité d’une coordination plus étroite entre les autorités et les plateformes en ligne pour assurer une activité économique réglementée et transparente, tel que le préconisent la CNT et la FNIH. D’ailleurs, les défis auxquels le Maroc est confronté sont partagés par de nombreux autres pays, mais des solutions existent. Le Maroc doit saisir l’opportunité d’engager des discussions avec Airbnb et d’autres acteurs du secteur pour établir des accords fiscaux clairs, tout en renforçant le cadre réglementaire pour assurer une concurrence loyale et des revenus fiscaux adéquats