Quand on aborde le sujet de l’hébergement, le nom Airbnb est souvent sur toutes les lèvres. Pourtant, derrière cette plateforme numérique omniprésente, se cache un écosystème sophistiqué qui s’étend jusque dans les recoins les plus reculés du Maroc. Si l’on peut faire un parallèle avec l’émergence de Booking.com au début des années 2000, la stratégie d’Airbnb se distingue par son caractère novateur à de nombreux égards et grignote pas mal de terrain sur la chasse gardée de Booking.
Mondialement , les récents scandales liés à Booking ont mis en lumière l’impact considérable que peuvent avoir les abus perçus de la part des géants de l’hébergement sur les fournisseurs locaux. Avec les enquêtes en cours dans plusieurs pays et les amendes imposées par des autorités telles que l’Espagne, le secteur hôtelier espère que la désignation de Booking comme « gatekeeper » par la Commission européenne pourrait marquer un tournant dans les relations avec cette entreprise. Les pratiques commerciales jugées déloyales de Booking, telles que les clauses de parité et le contrôle des prix, ont un impact significatif sur les performances des hôtels.
Dans ce contexte, le Maroc se retrouve face à des défis spécifiques. En ce qui concerne la taxation, Airbnb opère selon deux modèles : soit la plateforme collecte automatiquement les taxes et les reverse aux autorités compétentes, comme c’est le cas dans certains pays tels que la France, l’Italie, les États-Unis et le Portugal ; soit elle laisse aux hôtes la responsabilité de collecter et de reverser ces taxes eux-mêmes, comme au Royaume-Uni.
Jusqu’ici , il s’avère très difficile d’assurer une surveillance efficace des déclarations d’impôts des hôtes et de coupler ces informations avec les bases de données foncières et administratives locales. De plus, la formation et la responsabilisation des hôtes pour garantir le respect rigoureux de leurs obligations fiscales sont des défis supplémentaires.
En somme, le cas marocain met en lumière les complexités de la régulation et de la taxation des plateformes de location de courte durée telles qu’Airbnb, ainsi que les défis spécifiques liés à la coordination entre les autorités locales et les acteurs internationaux. Pour que le Maroc puisse pleinement tirer parti des opportunités fiscales offertes, une approche proactive et collaborative entre les secteurs public et privé est nécessaire pour mettre en place, sans traîner, des cadres réglementaires et fiscaux efficaces et équitables.