10 janvier 2025

2024 : Des performances oui,  mais aussi des défis structurels

Certainement, l’année 2024 sera prise, elle aussi, comme une année référence à l’instar de 2019 dans les éphémérides du tourisme marocain, avec des performances records qui renforcent la place du pays sur l’échiquier touristique mondial. Cependant, cette réussite réconfortante a également mis en lumière plusieurs lacunes stratégiques et opérationnelles qu’il est impératif de reconsidérer de plus près pour assurer une croissance durable et inclusive.

Voyons !

En 2024, le Maroc a accueilli 15,9 millions de visiteurs, soit une progression de 20 % par rapport à 2023. Cette croissance a été portée par une augmentation de 23 % des arrivées de touristes étrangers (+1,5 million) et une hausse de 17 % des Marocains résidant à l’étranger (MRE), représentant 1,1 million de visiteurs supplémentaires.

Le tourisme interne a également connu un essor remarquable, avec 30 millions de nuitées enregistrées, confirmant le rôle essentiel des touristes nationaux dans le dynamisme des destinations locales. Qu’on l’admette ou pas, ces performances s’inscrivent en grande partie dans le cadre de la feuille de route 2023-2026, qui vise à positionner le Maroc parmi les 15 premières destinations touristiques mondiales.

Toutefois, cette forte affluence touristique a mis en évidence les limites des infrastructures existantes. À Marrakech, par exemple, les établissements affichaient des taux d’occupation dépassant 90 % en haute saison, poussant de nombreux visiteurs à se tourner vers des logements non réglementés, souvent inadéquats. Bien que cette manne ait fait le bonheur des hôteliers, la situation a pourtant dégradé quelque peu l’expérience client, comme en témoignent les avis négatifs publiés sur des plateformes telles que TripAdvisor.

Près de 70 % de clients se sont concentrés sur 5 grandes destinations (Marrakech, Casablanca, Fez, Tanger, Agadir), laissant des régions comme l’Oriental, Ouarzazate et le Rif largement sous-exploitées.

Oujda, porte d’entrée de l’Oriental, n’a attiré que 3 % des touristes étrangers malgré des infrastructures modernes. Agadir, bien que très fréquentée, peine à diversifier ses offres touristiques au-delà du balnéaire.

Il y a eu aussi des pressions environnementales croissantes, car le boom touristique a amplifié les défis écologiques. À Dakhla, la construction non réglementée a causé la disparition de 20 % des zones humides. Dans les montagnes de l’Atlas, les déchets plastiques ont augmenté de 30 % sur les principaux sentiers de trekking.

De plus, seulement 10 % des infrastructures touristiques affichent une certification environnementale, contre une moyenne mondiale de 25 % pour des destinations similaires.

C’est vrai, des efforts significatifs ont été réalisés pour améliorer la connectivité aérienne, notamment le partenariat ONMT-Ryanair à travers la création d’une nouvelle base à Tanger, avec 25 itinéraires, dont 13 nouveaux, et 600 emplois créés. Tandis que l’ONDA entame la modernisation de l’aéroport Mohammed V, dans la perspective de réaliser une nouvelle zone de transit et des équipements de traitement des bagages.

Cependant, certaines régions, comme le Tafilalet, restent mal desservies, tandis que l’aéroport Mohammed V continue de souffrir de congestion, avec des temps d’attente dépassant les standards internationaux.

Grosso modo , l’année 2024 a démontré le potentiel extraordinaire du tourisme marocain, mais a aussi révélé des faiblesses structurelles. En corrigeant ces lacunes et en intégrant des pratiques durables et inclusives, le Maroc peut non seulement maintenir sa croissance, mais aussi devenir un modèle mondial de développement touristique responsable.

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