Réorganisation méthodique des flux et de l’offre Maroc

Selon l’Observatoire du Tourisme (données Janvier-Mars 2025) et le baromètre Hôtellerie In Extenso TCH (Juin 2025), le Maroc aurait enregistré, entre janvier et mars 2025, plus de 4 millions d’entrées touristiques (+22 % vs 2024), augurant un début d’année exceptionnel pour le secteur. Cette dynamique dessine une recomposition géographique des accès au territoire, annonciatrice de nouvelles stratégies touristiques et de profondes mutations comportementales.

-Marrakech-Menara, avec 1,17 million d’arrivées (+21 %), reste le premier point d’entrée, mais son avance s’érode à mesure que d’autres plateformes gagnent en importance.

-Rabat-Salé, avec +43 %, signe la plus forte croissance relative, appuyée par une montée en gamme de l’offre culturelle et hôtelière (+16 % de TO en juin, +34 % de RevPAR).

-Tanger (+33 %) capitalise sur sa position intermodale (TGV, port, aéroport) et affiche un taux d’occupation hôtelier de 70 % en juin (+14 pts), preuve d’une montée en puissance soutenue.

Ce dynamisme repose sur des appuis très précis : ouverture de nouvelles liaisons low-cost, montée en gamme hôtelière régionale, et repositionnement marketing de villes secondaires en city-breaks intelligents.

L’analyse hôtelière sur le premier semestre 2025 montre une évolution positive sur tous les segments, bien que contrastée selon les villes et les gammes :

-Taux d’occupation (TO) moyen national : 59 % (+7 pts vs S1 2024)

-Prix moyen (RMC) : 1 615 MAD (+6 %)

-RevPAR national : 948 MAD (+14 %)

Des résultats certes bons, notamment dans des villes historiquement moins dominantes.

-Rabat qui connaît l’explosion de la valeur qui s’affirme désormais en tant que hub culturel haut de gamme, avec un RevPAR en hausse de 34 % en juin. Le taux d’occupation enregistre une envolée (+16 pts), notamment porté par les hôtels de luxe (+27 % de TO, +40 % de RevPAR). Exemple : des congrès internationaux, expositions majeures et une politique muséale renforcée ont attiré une clientèle business et diplomatique exigeante.

-Tanger, l’interface logistique devenue destination, grâce à la synergie entre infrastructures portuaires, TGV et offre hôtelière, la destination confirme son statut de ville frontière tournée vers le tourisme. Le RevPAR bondit de 13 %, les hôtels milieu de gamme tournent à 72 % de TO, et l’aéroport Ibn Battuta voit une hausse des entrées de 33 %.

-Marrakech, en transition, si elle reste leader, ses indicateurs s’essoufflent légèrement en juin : TO à 62 % (-6 pts), RevPAR à peine stable (+2 %). Cela reflète à la fois une saturation relative et une nécessité de se repositionner, notamment face à une concurrence intra-marocaine renforcée.

Il s’agit là d’une nouvelle géographie touristique en gestation, puisque les données combinées d’accès et d’hôtellerie pointent une recomposition des circuits touristiques :

-Les villes côtières comme Agadir et Tanger captent un public de courts séjours balnéaires et urbains.

-Les villes patrimoniales secondaires comme Fez-Meknès enregistrent une progression solide (+20 % de RevPAR sur le semestre).

-Les postes frontières comme Bab Sebta (+26 %) deviennent des points d’entrée stratégiques pour les diasporas et le tourisme ethnique.

-Les hôtels de milieu de gamme affichent les meilleures performances en croissance du RevPAR (+15 % sur le semestre), captant une classe moyenne internationale en quête d’un bon rapport qualité-prix.

Pour consolider cette dynamique, les experts retiennent trois orientations stratégiques à envisager :

1. Rééquilibrage territorial maîtrisé : Stimuler l’investissement hôtelier hors Marrakech et Casablanca, tout en renforçant la connectivité de villes comme Oujda, Ouarzazate ou Tétouan.

2. Montée en gamme durable : Favoriser l’éco-luxe, le slow travel et la requalification des établissements vieillissants, notamment dans les zones balnéaires en transition.

3. Intelligence des flux : Croiser données de mobilité (accès) et données de consommation (RevPAR) pour piloter le développement touristique avec une granularité stratégique.

Grosso modo, l’année 2025 marque une inflection qualitative majeure pour le tourisme marocain. La forte croissance du nombre d’arrivées (+20 % sur six mois), conjuguée à une amélioration notable des performances hôtelières dans de nombreuses destinations secondaires, dénote une mutation structurelle où le Maroc devient un territoire de tourisme pluriel, polycentrique et à haute valeur ajoutée.

Cette dynamique reste toutefois tributaire d’une capacité à anticiper les enjeux d’infrastructure, de formation, de durabilité et de régulation. Les prochains mois seront capitaux pour transformer cette expansion en consolidation pérenne.

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