Regard sur les points d’accès les plus fréquentés au 1er trimestre 2025

Au premier trimestre 2025, le Maroc a, d’après l’Observatoire du Tourisme, enregistré 4 013 385 entrées par ses principaux points d’accès, soit une hausse globale de 22 % par rapport à la même période de 2024. Derrière cette croissance se dessinent des dynamiques différenciées, révélatrices des mutations en cours dans les flux touristiques vers le Royaume. Cette lecture se propose d’identifier les tendances structurelles à partir des chiffres officiels fournis par l’Observatoire du Tourisme.

1. Marrakech, la première marche du podium : Avec 1 168 449 visiteurs entre janvier et mars 2025, l’aéroport Marrakech Ménara demeure, sans surprise, le principal point d’entrée touristique du pays. Ce chiffre correspond à une hausse de 21 % en glissement annuel, consolidant la position de la ville ocre comme destination phare. Cette performance s’explique par une combinaison de facteurs : le renforcement des liaisons aériennes directes depuis des marchés européens clés (France, Royaume-Uni, Espagne), le développement du segment des city-breaks de luxe et la montée en gamme de l’offre hôtelière (ouvertures récentes de boutiques-hôtels et resorts écoresponsables).

À noter également l’effet de calendrier favorable en 2025 : les fêtes de Pâques sont tombées plus tôt, boostant les arrivées dès le mois de mars.

2. Casablanca, destination hub en redéfinition. L’aéroport Mohammed V de Casablanca, second point d’accès, a vu 575 728 touristes transiter par ses terminaux, enregistrant une progression solide de +20 %. Cette croissance s’explique moins par le tourisme de séjour que par le rôle de plateforme intercontinentale de Royal Air Maroc. Casablanca consolide ainsi sa fonction de hub pour les voyageurs d’Amérique du Nord, d’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient, de plus en plus nombreux à faire escale ou à prolonger leur passage par une visite de la capitale économique.

3. Percée des postes frontières nord : Bab Sebta et Bni Nssar. Le poste frontière de Bab Sebta se distingue par une progression significative : 448 973 entrées, soit +26 % en un an. Ce chiffre dépasse même les arrivées combinées à Agadir et Tanger. Cette dynamique est liée au retour massif des MRE (Marocains Résidant à l’Étranger) originaires du Nord de l’Europe, transitant par l’Espagne, mais aussi à une intensification du petit commerce transfrontalier et des courts séjours.

Bni Nssar, pour sa part, marque un ralentissement relatif avec +4 % seulement, à 323 127 entrées. Cette stagnation pourrait refléter une saturation des infrastructures locales ou des tensions intermittentes aux frontières, contrastant avec la fluidité observée à Sebta.

4. Agadir et la montée en puissance du balnéaire en basse saison. Avec 355 456 arrivées (+24 %), l’aéroport Al Massira d’Agadir réalise une performance notable, portée par l’expansion de vols low-cost directs depuis l’Allemagne, la Pologne et les pays nordiques. L’attractivité climatique d’Agadir en hiver (18-22°C), conjuguée à une offensive promotionnelle ciblée de l’Office National Marocain du Tourisme (campagnes « Morocco, Land of Light » sur les marchés germanophones), positionne la ville comme une destination de détente hivernale concurrentielle face aux Canaries.

5. Croissance explosive à Rabat et Tanger : effets combinés du culturel et du logistique. Deux aéroports surprennent par leur croissance :

-Rabat-Salé : +43 % avec 181 939 visiteurs, grâce à l’élargissement de l’offre aérienne et à l’effet d’entraînement de la diplomatie culturelle (expositions, festivals, congrès) dans une capitale administrative de plus en plus attractive.

-Tanger Ibn Battuta : +33 % avec 211 688 touristes, bénéficiant du dynamisme économique régional et de sa position stratégique à l’interface maritime et ferroviaire (ligne TGV Casablanca-Tanger).

Ces deux villes confirment leur mutation vers un tourisme diversifié, mêlant patrimoine, affaires et courts séjours urbains.

6. Ports et aéroports secondaires : Les ports et aéroports régionaux, longtemps marginaux, confirment leur rôle dans la décentralisation de l’accès au territoire :

-Le Port de Tanger Med, avec 161 227 entrées (+20 %), continue de jouer un rôle majeur dans le transit des véhicules et passagers, notamment durant les périodes de retour des diasporas.

Fez Saïss (178 548, +18 %) maintient son attractivité grâce au tourisme culturel.

• Nador El Aroui (93 335, +20 %) montre une dynamique stable, portée par les MRE et la proximité de l’enclave espagnole de Melilla.

Si Marrakech conserve sa suprématie, la croissance spectaculaire de Rabat, Tanger, Bab Sebta et Agadir traduit une tendance à la diversification géographique des entrées. Elle est probablement renforcée par des stratégies de territorialisation du tourisme, une meilleure connectivité aérienne régionale et une volonté des visiteurs de découvrir de nouveaux circuits hors des sentiers battus.

Cette redistribution est de bon aloi pour le développement en continu du tourisme marocain, à condition d’être accompagnée d’investissements dans les infrastructures d’accueil, la gestion des flux et la valorisation équitable des ressources locales.

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