mustapha amal 
Il serait erroné de minimiser les efforts concrets déployés par la Société de Développement de Saidia (SDS) depuis cinq ans : montée en puissance de l’offre événementielle, ancrage de la durabilité dans l’aménagement, requalification des espaces touristiques, soutien à la désaisonnalisation. Ce sont là des signaux forts d’un opérateur qui tente désormais de developper adéquatement la station et, par là, de structurer un récit cohérent à lire d’une traite autour de Saïdia.
Cependant, l’ambition reste pour l’instant plus lisible dans les actions que dans les structures. Beaucoup de projets sont portés à bout de bras par la SDS, parfois sans écosystème touristique local suffisamment formé ou engagé pour en faire un moteur collectif. Le développement reste donc en partie exogène, impulsé par le haut plutôt que co-construit depuis le terrain.
En ce sens, le vrai défi de la SDS consiste à créer une culture touristique locale et pérenne, où les acteurs privés, les collectivités, les professionnels du tourisme et les habitants deviennent eux-mêmes porteurs du modèle.
Il faut admettre que SDS a clairement amorcé un démarrage efficace. Mais pour qu’il s’inscrive dans le temps, il faudra que l’énergie actuelle se transforme en conviction contributive institutionnelle et collective des intervenants officiels et privés dans le tourisme, dépassant les logiques de projet pour installer une dynamique de destination. Tels l’ONMT qui devrait réviser sa stratégie de promotion régionale spécifique à l’Oriental. Car comment susciter les TO à programmer Saidia en l’absence de subventions aériennes comme ce qui se fait pour Marrakech ou Agadir, par exemple ?
La SDS a dû asseoir les infrastructures qu’il faut, mais le reste ne suit malheureusement pas… faisons-en la lecture !
La SDS a achevé une mise à niveau majeure du réseau d’assainissement : renouvellement de 13 km de canalisations, installation de 96 km de tuyaux pour les eaux usées et pluviales, cinq stations de pompage et une station d’épuration à lagunage aéré d’une capacité de 20 400 m³/jour. L’ensemble a été inauguré en juin 2013 et représente une base indispensable pour sécuriser l’environnement touristique et sanitaire du site .
Face à l’érosion de la plage Marina Saïdia Ouest et à l’ensablement, SDS a lancé en 2024 un projet « nature‑based » récompensé aux Green Solutions Awards 2024‑2025. Il associe stabilisation des dunes (oyats, tamaris), barrières biodégradables et corridors piétonniers pour protéger la dune et préserver la biodiversité du Site d’Intérêt Biologique et Écologique de la Moulouya.
La station détient la certification HQE Aménagement Durable Phase 5 et la plage et la marina arborent le Pavillon Bleu. Le clubhouse de golf Teelal est certifié HQE Construction, gage d’éco-conception et de performance énergétique.
SDS a orchestré une palette d’activations sur mesure : Spring Break (musique électronique), Happy Walls (fresques urbaines), Raid Med, Triathlon, Tournoi de golf, festival de musique du monde, espace artisanat (Happy Feast)… Ces formats combinent loisirs, culture et sport pour attirer une diversité de visiteurs, tout en étendant la saison estivale.
Les Week-ends by Saïdia Méditerranéa (un thème mensuel central avec spectacles, ateliers, animations enfants) et un village d’animation actif toutes les semaines d’été. Ce modèle vise à fidéliser, prolonger le séjour et renforcer la présence touristique au-delà des pics ponctuels.
Le deuxième parcours de golf 18 trous inauguré en avril 2025 élargit l’offre golfique et aspire à un positionnement haut de gamme, capable d’attirer une clientèle internationale au-delà de la moyenne saison. Des camps sportifs (football, snooker) et la création d’un « corridor sportif » sont en cours pour ancrer Saïdia dans les destinations sportives régionales.
En partenariat avec l’École Nationale d’Architecture d’Oujda, SDS a lancé une étude de valorisation du Medina Center (centre commercial de 43 000 m²), pour une transformation architecturale et commerciale visant à enrichir l’offre loisirs, habitats mixtes et commerces, alignée sur le positionnement beach & sun.
Un investissement de 6,2 milliards de dirhams a permis la rénovation d’un hôtel exploité désormais toute l’année, avec un complexe résidentiel de 768 lits sous gestion Radisson. L’objectif : dépasser la nature saisonnière de Saïdia en offrant une capacité d’accueil continue.
SDS collabore avec le CRT de l’Oriental et l’ONMT pour promouvoir des circuits de découverte (fermes pédagogiques, oasis, sites naturels) afin de prolonger l’expérience touristique au-delà du littoral. Justement, le président du CRT de l’Oriental, Youssef Zaki, ne cesse de souligner à qui voudrait l’entendre une priorité actuelle : rompre avec la saisonnalité de Saïdia en faveur de modèles à l’année. Les axes : campagne digitale VisitOriental.ma, formation des acteurs locaux, appui culturel (festival Raï, SDS)…
Or, formuler une dynamique durable dépendra de la capacité de SDS à transformer les projets ponctuels en routines stratégiques: programmation régulière, exploitation continue des infrastructures, synergie entre opérateurs publics et privés et intégration de l’arrière-pays au cœur de l’offre touristique.
C’est établi. SDS œuvre actuellement à faire de Saïdia Méditerranéa bien plus qu’une simple station balnéaire : un pôle événementiel, sportif, résidentiel et environnemental intégré. Grâce aux projets précis menés du deuxième golf à la transformation du Medina Mall, en passant par la programmation culturelle structurée et l’engagement écologique concret, la station amorce un véritable repositionnement stratégique.
L’impact sur l’attractivité touristique est tangible : augmentation des visiteurs hors saison, diversification des clientèles, montée en gamme de l’offre et préservation durable des sites naturels. Toutefois, l’enjeu reste de transformer ces acquis en une vision consolidée et continue, capable d’inscrire Saïdia dans le top‑niveau des destinations méditerranéennes modernes et durables.
