Le futur stade Hassan II de Benslimane peut-il devenir réellement un hub événementiel made in Morocco?

Inspiré par le modèle des grandes arènes européennes et par la façon dont les opérateurs privés structurent l’offre culturelle et événementielle autour d’équipements phares, notamment sportifs, ce que peut, et doit, devenir le futur grand stade Hassan II à Benslimane, le pivot d’un écosystème touristique intégré, sportif et MICE,pas seulement un colosse de 115 000 places…

Les dernières informations publiques font état d’avancées concrètes, un groupement marocain (SGTM/TGCC) est en bonne voie pour remporter un lot de construction important, signe que la réalisation matérielle progresse et que des acteurs locaux sont techniquement impliqués.

Tout cela est bon, cependant, qui vient jouer sur le marché marocain? Sur le plan des opérateurs, on croit comprendre que deux tendances se dessinent clairement. D’un côté, des groupes internationaux d’envergure (catalogues techniques et réseaux de tournées) manifestent un intérêt commercial pour les gros contrats liés aux infrastructures et à l’exploitation, des prises de contact et des intérêts privés ont été rapportés, y compris de la part de grands groupes internationaux évaluant les opportunités autour du méga-projet. D’un autre côté, des acteurs spécialisés (GL Events entre autres) sont déjà présents et actifs dans la région, disposant d’une offre « venues + production + logistique » susceptibles d’être mobilisée pour faire vivre un stade et un réseau de salles en mode professionnel.

Or, l’écosystème événementiel marocain n’est pas neuf ni né de la dernière pluie, festivals internationaux (Mawazine, Gnaoua, Oasis, etc.) attirent chaque année des centaines de milliers voire millions de spectateurs et prouvent la capacité organisationnelle de notre pays, par des équipes locales et des associations structurées. Mawazine, par exemple et quoi que l’on en dise, reste une locomotive culturelle qui attire des têtes d’affiche internationales et un public très large. Parallèlement, un vivier d’agences marocaines (DMC, stand-makers, agences 360°, , production) existe et monte en compétence, ce « Made in Morocco management » est donc vivant, compétent et à consolider plutôt qu’à remplacer.

Les annonces publiques confirment que Casablanca planifie, certes, de grands projets MICE (palais des congrès, parcs d’expositions) avec des budgets significatifs et des calendriers de réalisation qui prennent malheureusement beaucoup de retard mis dont la mise en place est imminentes. Ces équipements, s’ils sont pensés en synergie avec le stade (transport, hôtellerie, affaires), peuvent justement transformer la saisonnalité événementielle à Casablanca.

En effet, un stade de cette taille, livré avec un réseau de congrès et une stratégie touristique cohérente, peut faire de Casablanca/Morocco un hub MENA pour concerts, compétitions et congrès. Mais la taille seule n’est pas synonyme de succès. Toutefois,  si la programmation n’est pas continue, dépendance exclusive aux grands promoteurs étrangers pourrait étouffer les acteurs locaux et surtout une frontière fragile entre construction livrée et site réellement exploité. La réussite dépendra donc d’un montage intelligent, concessions opérationnelles à long terme, clauses d’emploi local et transfert de compétence et KPI clairs pour l’occupation annuelle.

Le grand stade Hassan II peut devenir un catalyseur régional, à la condition de ne pas répéter l’erreur des vastes bâtiments sans calendrier, la pierre, la tribune et le toit ne suffisent pas. Il faut un design opérationnel pensé dès aujourd’hui (modularité, back-of-house, accès TGV/aéroport), un mix public-privé adapté et une stratégie commerciale qui articule grandes tournées internationales, festivals locaux renforcés et flux MICE. Attention, les grands opérateurs internationaux regardent le Maroc et frapperont à la porte, ce sont les choix de gouvernance, l’ouverture aux partenariats bien négociés et le renforcement du management made in Morocco qui décideront si l’on conserve la maîtrise des retombées ou si l’on cède les clefs à des prestataires étrangers sans ancrage local.

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