mustapha amal 
Pour parler vrai, l’image de Saïdia n’est plus ce qu’elle était, cliché carte postale estivale, dépourvue d’âme et de vie, supposément orpheline d’animations et de structures urbaines viables, contrairement à ce qui s’écrit quelque part hâtivement, peut être par méconnaissance ou par simple plaisir de descendre. Qu’on se détrompe, cette vision statique ne correspond plus à la réalité actuelle. La station de l’Oriental est en train d’opérer une transformation profonde, portée par des actions concrètes, des labels de qualité et des événements d’envergure internationale qui dessinent déjà son avenir. Le défi est toutefois d’organiser ce qui existe déjà pour hisser Saïdia au rang des destinations balnéaires, sportives de référence, responsables et solidaires.
Un socle de qualité est déjà là et est désormais incontestable, qu’on le veuille ou non !
Premier indicateur tangible de cette montée en gamme : le label “Pavillon Bleu”, attribué à la plage municipale et également à la marina et à la plage de la station touristique Ouest. Ce triple gage de qualité environnementale et de sécurité inscrit Saïdia dans un cercle restreint au niveau national et conforte sa réputation sur les marchés européens. Dans le même esprit, l’opérateur SDS a entrepris un vaste chantier de restauration écologique des dunes, récompensé aux Green Solutions Awards 2024-2025, signe que la gestion durable du littoral est au-dessus du simple slogan mais une pratique opérationnelle vérifiable sur le terrain.
Cette exigence environnementale trouve son prolongement naturel à l’embouchure de la Moulouya, classée Ramsar, où l’observation ornithologique (flamants, hérons, limicoles) offre un atout d’écotourisme unique en Méditerranée marocaine. À moins de quinze minutes des hôtels, Saïdia peut ainsi conjuguer, sans fausse note, balnéaire et découverte de la biodiversité.
À côté de cette dimension écologique, le sport devient un puissant vecteur de visibilité et de désaisonnalisation. En 2024, la station a accueilli l’Africa Triathlon Cup, avant d’être désignée pour organiser, en juin dernier, la Coupe du monde de triathlon Trophée Moulay El Hassan. Cette montée en gamme situe Saïdia dans le calendrier sportif mondial et génère un flux d’athlètes, de médias et de visiteurs qui prolongent la saison au-delà du seul mois d’août.
Le golf complète ce tableau : avec ses deux parcours 18 trous Lacs et Teelal, la station accueille désormais des tournois Pro-Am internationaux, ce qui attire un public solvable et permet d’occuper les infrastructures au printemps et à l’automne. La marina labellisée Pavillon Bleu, forte de ses plus de 800 anneaux, devient par ailleurs un pivot naturel pour les régates et rallyes nautiques, offrant une troisième jambe sportive aux côtés du triathlon et du golf.
Cette dynamique sportive et environnementale n’aurait pas le même impact sans une offre hôtelière à la hauteur. Or, le partenariat entre Madaëf et Radisson a permis l’ouverture de trois établissements Radisson Blu (Beach, Garden, Residences), rejoints par l’Iberostar Waves Saïdia. Ces enseignes internationales garantissent des standards homogènes, nécessaires pour séduire une clientèle internationale exigeante.
L’expérience familiale est, elle aussi, mieux servie, avec l’aquaparc Alpamare, dont la capacité journalière dépasse 2.000 visiteurs. Ces investissements sont destinés à prolonger la durée moyenne de séjour. Saïdia cesse ainsi d’être un lieu de simple passage pour devenir une station complète, dotée d’un écosystème cohérent où hôtellerie, loisirs, sport et nature s’articulent.
Pourtant, le constat demeure : si la station affiche des atouts indéniables et s’acquitte parfaitement de ses attributions, le centre-ville reste peut être encore en retrait, souvent déserté une fois la plage quittée. C’est là que se situe la marge de progression. Il s’agirait là pour les pouvoirs publics de donner plutôt une vie régulière aux espaces existants. Car s’il y a peu d’attention socio-urbaine, le décor n’est plus gai et fausse tout l’écosystème investi dans la station et ses environs immédiats. Mais il est certain qu’après le dernier discours de Sa Majesté les responsables de la ville et les élus sont conscients du retard à rattraper à ce stade.
Saïdia, en plus qu’elle est une station balnéaire ayant sa propre identité, il n’en demeure pas moins qu’elle est une destination en marche, requérant un élan collectif solidaire et une action commune co-constructive. Cela demande patience, foi en ses hommes et femmes de bonne volonté et, surtout, persévérance. Le succès ne peut aboutir par baguette magique.
Déjà elle peut se prévaloir d’acquis honorables. Pavillon Bleu, triathlon mondial, golf professionnel, marina labellisée, écotourisme Ramsar, aquaparc, hôtellerie internationale sont les jalons d’une véritable destination bien posés, mesurables et visibles. Le défi désormais est de relier le centre-ville à la station, les sports à la culture, les touristes aux habitants, la nature au balnéaire.
