Casablanca s’est-elle bien préparée pour relever ses défis ?

Si l’on s’en tient aux données sectorielles, l’automne (septembre-novembre) est une saison à forte attractivité touristique, notamment pour les séjours urbains et thématiques. A ce niveau, le cadre climatique tempéré de Casablanca, allié à des tarifs attractifs et une offre culturelle enrichie, en fait une destination privilégiée pour des escapades de 1 à 2 nuitées, en particulier les week-ends.

Encore que, forte de ses atouts, la région de Casablanca-Settat projette d’accueillir 6 millions de visiteurs d’ici 2026, grâce à une feuille de route porteuse (Plan régional 2022-2026, feuille nationale du tourisme 2027, etc.). Pour ce faire, elle dispose d’une offre solide d’environ 28 000 lits, une position stratégique pour le tourisme MICE, médical et shopping, ainsi que du plus grand aéroport du pays.

En plus, son accessibilité se trouve renforcée par des projets structurants. L’extension de l’aéroport Mohammed V, avec un terminal moderne, doit porter sa capacité à 35 millions de passagers par an d’ici 2029. Alors que le réseau Al Boraq va être prolongé avec un nouveau tracé Kenitra-Marrakech, desservant Casablanca via Rabat, réduisant considérablement les temps de trajet et facilitant grandement les liaisons touristiques. À plus grande échelle, la capacité aéroportuaire nationale tend à presque doubler d’ici 2030, passant de 38 à 80 millions de passagers, dont 23,3 millions pour Casablanca.

A souligner aussi que des projets durables, smart et responsables s’implantent dès cette année 2025 à travers plus de Cinq milliards quatre cent huit millions deux cent quarante et un mille dirhams environ d’investissements alloués aux infrastructures écologiques à Casablanca, Marrakech et autres régions côtières.

La capacité aéroportuaire sera doublée (80 millions de passagers au niveau national, 23,3 millions pour Casablanca), et le TGV reliera Tanger-Rabat-Casablanca-Marrakech.

C’est un saut d’échelle. Casablanca se prépare à devenir le hub aérien et ferroviaire d’Afrique du Nord, un statut comparable à Istanbul ou Doha.

En 2025, les circuits organisés incluent Casablanca comme stop stratégique, souvent 1 nuit à l’arrivée ou au départ, parfois 2 pour profiter d’une offre culturelle (ancienne médina, mosquée Hassan II, Marina). Alors que Cap 2030 entend transformer ce passage obligé en destination “city break” comparable à Barcelone, Lisbonne ou Istanbul. Cela inclut un travail fin sur l’expérience urbaine à travers, pourquoi pas, les musées nocturnes, les circuits de 48h, la gastronomie locale mise en avant, les évènements weekendisés, etc. Normal que ce type de détail fera la différence entre une simple escale et une véritable expérience mémorable.

En tout cas, à court terme, la CAN 2025 va tester les capacités de Casablanca en termes de flux touristiques massifs et d’organisation. Tandis qu’à moyen terme, la Coupe du Monde 2030 sera une opportunité historique, vu que Casablanca devrait accueillir des matchs, mais aussi devenir un centre logistique et médiatique international. Une aubaine pour la métropole du moment que les retombées dépasseront le tourisme sportif. Elles concerneront l’image de la ville, la montée en gamme de ses infrastructures et, surtout, sa capacité à capitaliser sur l’événement pour un héritage pérenne (stades réutilisés, transports modernisés, hôtellerie renforcée).

Pour l’instant, Casablanca est en phase de bascule car elle reste encore perçue comme une escale logistique, mais d’ici 2030, elle est appelée à devenir une métropole touristique complète, capable de rivaliser avec des capitales méditerranéennes.

Les indicateurs chiffrés (affluence, infrastructure, PIB) sont rassurants, mais la réussite dépendra de la transformation de son image réduite de destination business à ville vivante et culturelle.

A la bonne heure, si la dynamique est bien gérée, le Cap 2030 sera une révolution urbaine, touristique et sociale durable pour Casablanca. Sinon, son image internationale en souffrirait. Pourquoi ? Plutôt qu’une métropole culturelle, elle continuerait d’être perçue comme une simple étape fonctionnelle, dominée par le transit et les affaires. Même la CAN 2025 ou la Coupe du Monde 2030 risqueraient alors de ne pas laisser d’héritage durable, faute de stratégie claire de valorisation. Jusque là, Casablanca saura-t-elle transformer son statut de hub en véritable destination touristique ?

Il est aussi des questions préoccupantes qui interpellent: pourquoi le nouveau quai de croisière de Casablanca est-il toujours en instance d’être inauguré ? Pourquoi le grand théâtre de Casablanca n’est il toujours pas encore inauguré bien que réalisé depuis des années ? Ces grands projets structurants pour le tourisme et la culture ne risquent ils pas de prendre un coup de vieux ?

C’est à n’y rien comprendre, malgré leur achèvement, ces infrastructures demeurent inaccessibles au public. Quelles en seraient les causes profondes du retard et sur les risques qu’elles engendrent pour le patrimoine et le rayonnement de la ville?

Le terminal des croisières, achevé et moderne, est conçu pour accueillir des navires de croisière de grande taille, avec une capacité annuelle de 350 000 passagers. Mais malgré sa modernité et sa conformité aux normes internationales, il reste inutilisé. Les raisons de ce retard seraient dues vraisemblablement à l’absence de modèle de gestion opérationnel clair retardant la mise en service du terminal.

Cette situation expose Casablanca à un risque de désuétude prématurée de son infrastructure, alors même que le secteur du tourisme maritime connaît une croissance mondiale soutenue.

Le Grand Théâtre de Casablanca, achevé depuis plusieurs années, est l’une des plus grandes infrastructures culturelles du pays. Malgré sa capacité à accueillir des spectacles et événements MICE de grande envergure, il reste fermé. Les principaux obstacles à son ouverture sont expliqués, en plus de la n’on-définition de son modèle, par des coûts d’exploitation élevés qui coûteraient annuellement plus de 100 millions de dirhams à la ville.

Somme toute, cette situation soulève des interrogations sur la planification et la gestion des grands projets culturels dans le pays.

Or, le retard dans l’exploitation de ces infrastructures expose Casablanca à plusieurs risques : Perte d’attractivité touristique, désuétude prématurée des équipements modernes qui peuvent se dégrader s’ils ne sont pas utilisés, entraînant des coûts supplémentaires pour leur entretien et leur rénovation et manque de rentabilité économiques générées par ces infrastructures à défaut d’exploitation.

Alors?

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