Les 10 et 11 septembre 2025, la capitale accueillera le premier Sommet des Infrastructures Intelligentes d’Afrique du Nord, en particulier le tourisme et l’hospitalité. Cet événement s’évertuera de démontrer que la compétitivité du secteur se joue dorénavant sur la capacité à intégrer technologie, durabilité et inclusion au cœur de l’expérience touriste.
Si le sommet a choisi Rabat, ce n’est pas un hasard, car notre pays s’est bien démené dans sa transformation touristique. À Casablanca, par exemple, la rénovation du port vise à combiner croisières, loisirs et retail haut de gamme. À Tanger, la destination a multiplié les projets de resorts et d’infrastructures pour capter les flux méditerranéens. Marrakech, de son côté, se prépare déjà à la Coupe du monde 2030 avec une montée en gamme hôtelière et des investissements dans la connectivité aérienne.
Ces projets et tant d’autres traduisent une volonté claire de repositionner le pays en puissance touristique émergente, où infrastructures et innovation convergent pour créer de la valeur.
Trois défis qui domineront les débats
-Hospitalité numérique. La digitalisation est déjà une réalité. Dans certains hôtels pilotes de Rabat et Marrakech, les clients testent la commande vocale pour le room service ou l’ouverture de chambre via smartphone. Demain, l’intelligence artificielle ira plus loin : itinéraires touristiques générés en temps réel selon les préférences, traduction instantanée pour fluidifier les échanges, ou encore réalité augmentée pour enrichir la visite des médinas. Mais la question demeure : les investissements suivront-ils au rythme des promesses technologiques ?
-Durabilité. Dans un pays confronté à un stress hydrique extrême, les resorts aquatiques ou golfs doivent réinventer leurs modèles. Le recours aux énergies renouvelables, la réutilisation des eaux usées et la sobriété énergétique ne sont plus des options mais des conditions de survie. Les opérateurs qui ne s’adaptent pas risquent d’être rattrapés par la réglementation et la pression sociale. Le sommet sera observé de près : verra-t-on des engagements chiffrés ou de simples déclarations d’intention ?
-Accessibilité. L’inclusion reste le parent pauvre du tourisme nord-africain. Peu de destinations disposent d’infrastructures adaptées aux personnes à mobilité réduite, et les services numériques restent souvent peu accessibles pour les seniors. Pourtant, les marchés européens, principaux émetteurs de touristes, placent désormais l’accessibilité parmi leurs critères de choix. Si l’Afrique du Nord veut élargir son audience, elle devra rattraper ce retard.
Les organisateurs ont programmé des sessions de networking ciblées, des ateliers pratiques et des présentations de projets concrets, dans l’objectif de favoriser des partenariats public-privé capables de transformer des concepts en investissements tangibles. Des fonds souverains régionaux et des opérateurs internationaux de l’hospitalité sont attendus à Rabat, preuve que le sommet dépasse le simple exercice institutionnel.
C’est désormais un fait établi, le tourisme marocain représente une source majeure d’emplois. Mais dans une région où la concurrence s’intensifie entre l’Égypte, la Turquie et les Émirats investissant massivement dans l’expérience touristique, rester immobile équivaut à perdre du terrain. Le Sommet de Rabat arrive donc à un moment charnière car il peut contribuer à définir une feuille de route régionale où le tourisme consacrera son rôle stratégique d’innovation et de résilience économique.
La véritable question est simple : ce sommet générera-t-il un élan nouveau ou se limitera-t-il à une rencontre événementielle de plus? Si les participants sortent avec des partenariats financés, des projets pilotes lancés et des engagements chiffrés en matière de nouvelles technologies, de durabilité et d’accessibilité, Rabat aura réussi son pari. Dans le cas contraire, l’Afrique du Nord aura manqué une occasion de transformer l’essai et de passer de la vision à l’action




