Casablanca enfin dotée de son port-city international prêt à l’emploi

Le 18 septembre 2025, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a procédé à l’inauguration d’un ensemble de projets structurants du complexe portuaire de Casablanca, parmi lesquels le tant attendu nouveau terminal/ quai de croisières,

une belle infrastructure aux normes internationales, réalisée par l’Agence nationale des ports. Le coût annoncé plafonne autour de 720 millions de dirhams avec une capacité annuelle nominale de 450 000 croisiéristes, quai d’environ 650 m, dimensionné pour accueillir des navires jusqu’à 350 m de longueur et 45 m de largeur, sur une profondeur exploitée d’environ 9 m. Le projet comprend une gare maritime dédiée, trois passerelles, une fixe et deux mobiles, et un parc pour 44 autocars.

Sur le plan des équipements techniques, des fournisseurs spécialisés ont été mobilisés pour les ponts d’embarquement-passerelles conformes aux standards PBB, ce qui confère au terminal la souplesse nécessaire pour recevoir aussi bien escales en transit que rotations de grand tonnage. Ces caractéristiques autorisent l’accueil régulier de méga-navires modernes (3 000-5 000 pax et plus) tout en permettant l’accostage simultané de plusieurs navires si la programmation du plan de port le permet.

Casablanca renforce ainsi son profil de port-city capable de capter des itinéraires Méditerranée-Canaries-Atlantique. Le terminal améliore la lisibilité de la métropole pour les opérateurs de croisière. Les gains les plus immédiats sont à attendre dans les taxis, le transport touristique routier, les excursions vers Rabat, Marrakech, les musées, mosquée Hassan II, les restaurants, les commerces via circuits guidés et services portuaires.

A en croire un opérateur casablancais des croisières, acteur pleinement engagé dans le développement de cette activité au Maroc, les projections plausibles attendues, afin de mesurer le potentiel du terminal,  les retombées économiques qui en découlent seraient très variables.

Le terminal affiche une capacité nominale officielle de 450 000 passagers par an. En retenant une dépense moyenne estimée à 100 € par croisiériste lors de son escale à terre, un ordre de grandeur cohérent avec les études internationales, lesquelles évaluent la dépense moyenne mondiale en transit à environ 96 $ (CLIA / Oxford Economics), nous obtenons des bases solides pour chiffrer l’impact direct. Trois tailles représentatives de navires sont prises en considération : 2500 passagers pour un navire moyen, 3500 pour un grand navire courant et 4500 pour un méga-navire.

À partir de ces hypothèses, trois scénarios d’utilisation du terminal se dessinent. Dans une approche conservatrice, correspondant à 30 % de la capacité, Casablanca accueillerait environ 135 000 passagers par an, générant 13,5 millions d’euros de dépenses directes et un rythme de 30 à 54 escales annuelles selon la taille des navires. Dans un scénario modéré, soit 60 % d’utilisation, le volume atteindrait 270 000 passagers, les retombées directes s’élèveraient à 27 millions d’euros et la fréquence des escales varierait de 60 à 108 appels. Enfin, dans l’hypothèse optimiste d’une exploitation à plein régime, le terminal atteindrait sa capacité maximale de 450 000 passagers, correspondant à 45 millions d’euros de dépenses directes et à une cadence annuelle de 100 à 180 escales.

Ces résultats, « fondés sur la seule dépense des passagers à terre, ne représentent que la première strate de valeur. Ils s’enrichissent des apports complémentaires liés aux équipages, aux approvisionnements des compagnies, aux frais portuaires et aux salaires locaux. Les études de référence (CLIA / Oxford Economics) montrent en effet que l’effet combiné des impacts indirects et induits multiplie largement l’impact économique direct », apprend-on auprès de cet opérateur.

Concrètement, cela signifie un rythme compris entre une et trois escales hebdomadaires selon le scénario ouvre la perspective d’une offre régulière d’excursions, d’un renforcement du tissu d’agences locales et d’une meilleure inscription de Casablanca dans les circuits internationaux. En plus des retombées financières immédiates, estimées entre 13,5 et 45 millions d’euros par an, c’est l’ensemble des secteurs connexes tels que la restauration, l’hôtellerie, le transport ou l’artisanat qui bénéficieront de ce dynamisme, consolidant l’emploi local et contribuant durablement au PIB régional.

Mais attirer des escales régulières suppose, comme le souligne notre expert, la mise en place d’un véritable plan commercial intégrant à la fois des concessions et des accords avec Global Ports ou d’autres opérateurs internationaux, ainsi qu’une stratégie de positionnement sur les créneaux saisonniers. « Cette dynamique doit être accompagnée, insiste t-Il, d’une action proactive auprès des itinérants Méditerranée-Canaries et des grandes compagnies britanniques et américaines », sachant qu’un consortium britannique avait déjà été évoqué comme opérateur privilégié lors du processus d’appel d’offres.

En plus de la conquête de ces flux, la réussite dépendra de la capacité à convertir les escales en dépenses locales. Cela implique, d’après lui, une intermodalité efficace via des liaisons rapides vers les principaux sites touristiques, un maillage fluide de navettes, de trains et de connexions aéroportuaires, mais aussi une gestion soignée du «dernier kilomètre», incluant la coordination des flux d’autocars de transport touristiques, l’organisation de stations adaptées et la mise à disposition de points d’information multilingues. « Casablanca bénéficie d’un positionnement géographique stratégique, mais c’est la qualité de cette logistique fine qui fera la différence », fait-il remarquer.

L’offre touristique devra elle aussi être structurée et attractive, nous confie un grand voyagiste DMC de Casablanca. Des produits packagés combinant « circuits courts vers Rabat, la médina, la mosquée Hassan II ou la corniche, assortis de propositions ciblées autour de la gastronomie et du retail, sont susceptibles d’enrichir l’expérience des croisiéristes. À cela peuvent s’ajouter des excursions thématiques, qu’elles soient centrées sur l’archéologie, l’industrie ou encore l’art culinaire, qui contribueront à accroître le panier moyen des visiteurs à terre ».

Assurément, le nouveau terminal de croisières donne à Casablanca les capacités physiques pour entrer dans le cercle des escales régulières de la façade atlantique/méditerranéenne à travers son quai long, son tirant d’eau et ses passerelles conformes, tout aussi comme sa capacité annuelle élevée.

Chiffré simplement : si le terminal atteint 30 %, 60 % ou 100 % de son potentiel avec 100 € dépensés par passager à terre, il génèrera ~13,5 M€, 27 M€ ou 45 M€ par an en dépenses directes des croisiéristes, sans compter les retombées indirectes et les dépenses des équipages. Pour transformer ces chiffres en bénéfices concrets pour Casablanca, il faudra une gouvernance portuaire active, des liaisons intermodales performantes, une offre touristique packagée et des engagements clairs.

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