Actuellement, il y a un gros problème du au blocage des attestations de vocation non agricole (AVNA) à Marrakech pour la réalisation de nouvelles unités hôtelières ou centres de loisirs et d’animation à cause, semblerait-il, du retard dans la finalisation du nouveau plan d’aménagement urbain (PAU). Normal,
quand un nouveau PAU est en cours d’élaboration ou de révision, les autorités locales et les commissions régionales (urbanisme, agriculture, tourisme) adoptent presque systématiquement une attitude conservatoire. Mais ça bloque toute la machine d’investissement.
En effet, le blocage actuel des attestations de vocation non agricole à Marrakech reflète avant tout l’absence d’un cadre d’aménagement stabilisé. Tant que le nouveau PAU n’est pas approuvé, l’administration se protège en gelant toute décision susceptible d’être remise en cause. Quand même !
Autrement dit, bien sûr qu’il ne s’agit pas là d’une politique anti-hôtelière, mais d’une mesure de cohérence territoriale : mieux vaut suspendre temporairement les AVNA que de délivrer des autorisations incohérentes avec les futures orientations du développement durable de la région. En attendant, il faut attendre !
Il est vrai que Marrakech vit depuis plusieurs années une forte pression foncière avec des riads en constante reproduction, des resorts et résidences qui se multiplient indéfiniment, confortés par l’État qui affiche des objectifs d’expansion hôtelière pour capter des flux touristiques croissants. Alors que, depuis quelques mois, les pratiques administratives tordent le bras des investisseurs. La délivrance d’attestations de « vocation non agricole » pour des terrains situés en dehors du périmètre urbain, lorsqu’elles étaient paradoxalement sollicitées afin d’y construire des hôtels, s’est nettement restreinte, pour ne pas dire interrompue dans certaines circonscriptions autour de Marrakech. Cette rupture entre discours d’encouragement à l’investissement et verrou administratif mérite d’être solutionnée.
L’attestation de vocation non agricole est une étape administrative clé pour toute mutation d’un terrain agricole vers une affectation non agricole, achat, lotissement ou projet d’investissement. Elle est encadrée par des dispositifs nationaux de décrets, commissions régionales et par des circulaires conjointes ministérielles qui ont resserré les conditions ces dernières années. Sans AVNA, pas d’acquisition définitive ni de permis de construire pour des terrains hors périmètre urbain.
Conséquence? la décision de suspendre ou de durcir l’octroi d’AVNA devient une contrainte puissante à la fois légale par respect des règles foncières et politique quand il s’agit d’orienter le type et la localisation des investissements.
D’accord, plusieurs indices permettent d’expliquer la retenue des autorités. D’abord, le Maroc fait face à une crise hydrique structurelle avec la diminution sensible des précipitations, le remplissage faible des barrages et la dégradation des nappes. Il est clair que Marrakech et sa région dépendent d’un approvisionnement vulnérable à cause de l’extension non maîtrisée d’hébergements touristiques qui consomment beaucoup d’eau par chambre, piscines, espaces verts qui, souvent, exacerberaient le stress hydrique.
Il faut rappeler que le gouvernement marocain a engagé récemment des réformes pour professionnaliser et requalifier l’offre d’hébergement à travers un nouveau référentiel qualité, arrêtés sur les modèles d’autorisations fin 2024. Plutôt que d’encourager une expansion quantitative dispersée, les investisseurs et opérateurs du tourisme auraient souhaité que l’administration priorise réellement des projets répondant à des normes environnementales, sociales et de classement, ce qui implique automatiquement des critères plus stricts pour l’obtention d’AVNA destinées à des hôtels. Autrement dit, stop aux projets opportunistes! Priorité à la qualité, à la durabilité et à l’intégration dans des zones déjà équipées.
Conséquence immédiate : ralentissement des opérations foncières en périphérie (négociations bloquées, marchés suspendus), report d’investissements ou redéploiement vers des opérations de rénovation et de densification en ville (conversion de riads, réhabilitation de foncier classé urbain). Par exemple, des promoteurs cherchant à construire des unités dans la Palmeraie ou les zones de la plaine ont vu leurs demandes provisoires d’AVNA temporisées tant que des études d’impact eau/assainissement n’étaient pas fournies. Pour un investisseur marocain ou étranger, l’absence d’AVNA équivaut souvent à l’impossibilité légale de poursuivre l’acquisition.
Oui, l’État encourage la construction de nouvelles unités touristiques au sens macro-économique. Mais encourager la croissance n’implique pas l’autoriser partout ni sans garde-fous.
La suspension (ou la grande restriction) de délivrance d’AVNA pour hôtels hors-périmètre à Marrakech peut être perçue comme un blocage anti-investissement. C’est la traduction d’un choix policé et multidimensionnel sous prétexte de protéger la ressource eau, préserver le foncier agricole, garantir la cohérence urbanistique et pousser la filière vers une offre plus durable et qualitative. Or, pour lever l’obstacle sans sacrifier la conservation, il y a lieu de transformer la contrainte en opportunité assortie par des critères transparents, corridors d’investissement prioritaires, exigence d’atténuation hydrique et, surtout, une offre d’infrastructures coordonnée. Sans cela, la dynamique touristique continuera d’engendrer des tensions foncières et environnementales… et les investisseurs, frustrés, migreront vers des contextes plus prévisibles.




