La reconnaissance internationale de la marocanité de notre Sahara, combinée à ce formidable élan populaire de commémoration et de fierté nationale, a une fois de plus réaffirmé le rapport du Maroc à ses provinces du Sud. Ce territoire de notre patrie s’affirme aujourd’hui beaucoup plus en espace d’avenir, catalyseur de croissance et de stabilité régionale.
Les faits sont là pour en attester la véracité. Les régions de Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Eddahab connaissent depuis quelques années déjà une mutation profonde. Portées par des investissements publics d’envergure en infrastructures, routes, ports, aéroports, zones industrielles et par l’arrivée progressive d’acteurs hôteliers structurés, elles accélèrent le déplacement du centre de gravité du développement touristique vers le Sud.
À l’horizon 2030, ces régions devraient dépasser le seuil du million de nuitées, avec un changement quantitatif supérieur, traduit par une montée en gamme, une diversification des clientèles et l’émergence d’un segment touristique singulier, où l’identité saharienne, la nature et la durabilité se conjuguent à la modernité.
Les hôteliers marocains, et à leur tête, la FNIH, se sont mobilisés massivement pour célébrer le cinquantenaire de la Marche Verte dans pratiquement toutes les villes du Royaume, où les établissements hôteliers ont accueilli cérémonies d’allégresse, colloques et réceptions officielles, devenant les lieux physiques de la commémoration de l’unité nationale.
Sans oublier que, dans les grandes métropoles comme Rabat, Casablanca ou Marrakech, les hôtels ont joué un rôle d’amplificateur symbolique. En accueillant conférences et forums liés à la Marche Verte, ils ont rappelé que le tourisme, même dans les grands centres urbains, participe à l’élan national. Comme quoi, l’hôtellerie marocaine devient une diplomatie de terrain, un langage d’unité…
Cette mobilisation patriotique a aussi été une opération de citoyenneté pure. Du moment que le secteur hôtelier national a montré qu’il est également un acteur culturel et symbolique de la cohésion territoriale.
On a de quoi s’en réjouir. L’atout principal des provinces du Sud réside dans la combinaison rare entre stabilité politique, infrastructures modernes et identité territoriale forte. Les progrès réalisés dans les dix dernières années sont considérables : nouvelles routes côtières, aéroports réhabilités, réalisation du port de Dakhla Atlantique, investissements dans les zones logistiques et les énergies renouvelables. Ce maillage infrastructurel donne aujourd’hui au tourisme dans nos provinces sahariennes une base solide, capable de soutenir des projets d’envergure internationale à venir.
Mais ce développement s’appuie aussi sur un patrimoine naturel et culturel exceptionnel. Le désert, les lagunes, la richesse de la faune marine, l’artisanat nomade et la convivialité saharienne constituent un socle de différenciation unique, centrée sur l’expérience du désert, l’écologie et l’authenticité.
Bien sûr, pour l’instant l’offre hôtelière reste encore insuffisante excepté Dakhla, notamment dans le haut de gamme. Les établissements du territoire font souvent appel à des ressources humaines extérieures, faute de formation locale adaptée. De même, la dépendance vis-à-vis des liaisons aériennes et le coût logistique de l’approvisionnement freinent encore la rentabilité de certaines unités.
Face à cela, la FNIH assume de très près son rôle essentiel en appelant à structurer la montée en compétence des ressources humaines, accompagner les opérateurs régionaux dans la gestion de leurs coûts, etc.
À Laâyoune, les hôteliers décrivent une transformation progressive mais tangible. «Nous accueillons des délégations officielles depuis longtemps, mais aujourd’hui, nous percevons une vraie continuité, nous confie un opérateur local. Le tourisme n’est plus périphérique mais un pilier du développement local. » Le taux d’occupation des établissements a atteint 67% en 2025, contre 45% trois ans plus tôt. La clientèle, majoritairement marocaine, commence à se diversifier, avec un regain d’intérêt des marchés espagnol, mauritanien et émirati.
Dakhla, de son côté, poursuit sa mue vers un modèle de tourisme durable. Les anciens kitecamps évoluent vers des resorts écologiques intégrés, et l’image de la région s’est métamorphosée. «Dakhla devient une marque en soi», observe un professionnel associatif. Les autorités locales encouragent cette orientation à travers des programmes d’éco-certification, tandis que la FNIH y prépare, pour 2026, un label “Green Dakhla” associant performance environnementale et qualité d’accueil.
Cinquante ans après la Marche Verte, le Maroc ouvre grand les bras à une nouvelle ère de son unité nationale d’intégration économique et d’hospitalité partagée. Le secteur hôtelier, par sa présence et son expertise, se trouve justement au cœur de cette transformation. La FNIH, en fédérant ses membres autour d’une vision cohérente et ambitieuse, entend faire du tourisme saharien un modèle de croissance, de durabilité adaptée et de cohésion territoriale.
De l’unité politique à l’unité économique, de la marche pacifique de 1975 à la marche du développement durable, le Maroc continue d’avancer, porté par la même conviction : celle d’unir par l’hospitalité.




