mustapha amal 
Le dernier baromètre mensuel réalisé par la plateforme loisirs Orchestra pour la presse professionnelle confirme une photographie contrastée des intentions d’achat pour les départs de fin d’année 2025. Si plusieurs destinations moyen-courrier affichent de nettes progressions, telles l’Égypte (+47,3%), le Royaume-Uni (+38,0%) et Suède entre autres, le Maroc apparaît stable : +0,0% en nombre de dossiers par rapport à la même période 2024. Un point de stagnation qui interpelle et mérite d’être expliqué : pourquoi, dans un contexte où la demande pour le « moyen-courrier » se redessine, le Maroc ne profite pas d’un effet d’entraînement comparable à ses concurrents méditerranéens et atlantiques ?
Le graphique publié par L’Écho touristique / Orchestra (baromètre d’octobre 2025) donne une hiérarchie nette : la France et l’Espagne restent en tête mais en retrait, tandis que des pays traditionnellement concurrents du Maroc remontent fortement, à commencer par l’Égypte (+47,3%), l’Italie (+18,4%), le Cap-Vert (+13,4%) et la Tunisie (+8,1%) qui figurent parmi les gagnants. À l’opposé, des niches long-courrier (Autriche, Guadeloupe, Martinique) plongent. Orchestra et l’Observatoire EDV décrivent globalement un automne stable mais « contrasté ». Ce qui veut dire que le moyen-courrier tire la tendance, tandis que le long-courrier reste plus terne.
Statistiquement, le 0% signifie que les flux commerciaux enregistrés par les TO et agences (via la plateforme) sont à l’équilibre vs 2024.
Plusieurs mécanismes peuvent expliquer la stagnation marocaine. L’atterrissage massif de promotions sur l’Égypte (packages Red Sea, all-inclusive compétitifs) et la montée en gamme d’offres pour le Cap-Vert ou Djerba rendent ces destinations attractives pour les mêmes clientèles familiales ou « farniente » qui visitent habituellement le Maroc.
Si, au contraire, la programmation sur le Maroc est stable sans création significative de sièges supplémentaires, notre destination ne captera pas d’écoulement de demande additionnelle. Les analyses sectorielles récentes font état d’une reprise inégale des capacités post-saison estivale, et Orchestra relève le rôle du moyen-courrier dans la stabilisation du marché.
Le tourisme marocain reste très compétitif sur plusieurs segments comme la culture, le city-break et les circuits. En revanche, la concurrence investit massivement sur des formats « resort tout inclus » sur le bas prix ou sur des expériences nouvelles (wellness, kitesurf, plongée de haut niveau) parfois à des coûts unitaires inférieurs pour le touriste européen quand on tient compte des packages vols+hôtel.
Le +0,0% du Maroc est un signal d’alerte, dans un marché où les arbitrages prix/expérience orientent la demande moyen-courrier, rester à l’équilibre revient à perdre du terrain relatif. Les fortes croissances observées vers l’Égypte, l’Italie, le Cap-Vert ou la Tunisie montrent que la demande n’a pas disparu, elle a été redirigée là où l’offre, la capacité aérienne et la promotion ont été perçues comme supérieures.
