La Société Marocaine d’Ingénierie Touristique a officiellement lancé un Appel à Manifestation d’Intérêt visant à sélectionner un projet de « Station verte » situé dans la province de Khénifra. L’initiative, inscrite dans la feuille de route nationale 2023–2026, a pour objectif la création d’un établissement d’hébergement touristique classé en milieu rural, soit un gîte, une ferme d’hôtes, un camping, un hôtel-club ou un hébergement alternatif, qui proposera des activités de pleine nature, randonnée, vélo, pêche, équitation, canoë, etc. Les dossiers devant être remis sur la plateforme SMIT avant le 10 décembre 2025 à 10h.

Mais pourquoi Khénifra qui possède certainement des atouts concrets mais qui restent fragiles?
La destination a des atouts naturels et paysagers avérés avec des lacs d’altitude d’Aguelmame Azegza et Tiguelmamine, de vastes cédraies et un parc national récent qui encadre un territoire riche en biodiversité et en usages pastoraux traditionnels, atouts qui légitiment donc une Station verte à vocation d’écotourisme. Ces ressources expliquent d’ailleurs en partie le ciblage du territoire par la SMIT.
Cependant, ces mêmes richesses sont fragiles dont la valorisation sans mesures strictes de conservation et de gouvernance locale risque d’entraîner dégradation écologique et conflits d’usage, scénario observé ailleurs au Maroc lorsque l’urbanisme touristique devance les cadres de protection.
L’AMI s’inscrit dans la feuille de route 2023-2026 qui réoriente le secteur vers des produits d’expérience et une diversification territoriale de l’offre. La SMIT a par ailleurs multiplié depuis 2024–2025 des programmes d’accompagnement et de cofinancement pour l’écotourisme comme les écodômes, les chalets, l’animation de sites et propose des mesures incitatives pour l’hébergement rural, autant d’éléments qui rendent crédible un montage financier mixte public-privé pour la Station verte.
L’AMI de la SMIT est une assurément une opportunité à forte valeur ajoutée pour réconcilier tourisme, conservation et développement local, à condition toutefois que les autorités exigent des dossiers techniquement solides, financièrement réalistes et socialement intégrés. La réussite dépendra moins de la beauté des rendus architecturaux des candidatures que de la capacité des porteurs à démontrer une gouvernance partagée, des garanties environnementales et un ancrage économique local. La SMIT a posé la première pierre de l’appel, il revient désormais aux sélectionneurs et aux postulants de prouver qu’on peut créer de la richesse touristique sans dilapider le capital naturel et social qui fait l’attractivité de Khénifra.




