mustapha amal 
L’accord annoncé à Riyad entre UN Tourism, UMusic Hospitality & Lifestyle (UMHL) et le Center for Music Ecosystems (CME) vise à faire du music tourism un moteur moderne de création d’emplois, d’entrepreneuriat culturel et de développement local, en particulier dans les marchés émergents. Le Maroc, déjà doté d’un écosystème musical vivant et d’événements de masse comme Mawazine, Gnaoua, etc., dispose d’un terrain propice pour transformer cette opportunité globale en gains économiques et sociaux tangibles, à condition bien entendu d’un diagnostic fin, d’une stratégie nationale ciblée et d’un package d’investissements publics-privés orientés vers l’inclusion locale.
UN Tourism et UMHL entendent créer des données, des politiques et des dispositifs opérationnels pour professionnaliser et diffuser le tourisme musical à l’échelle mondiale, un secteur évalué, selon des analyses de marché récentes, à environ 267 milliards USD d’ici 2030. L’argument central est le voyage d’expérience (Millennials/Gen Z) et la recherche d’authenticité musicale créent une demande croissante pour des destinations qui savent offrir concerts, résidences d’artistes, centres de création et expériences immersives.
Pour les pays émergents, l’objectif est double : monter en gamme l’offre touristique et utiliser la musique en tant que catalyseur d’entrepreneuriat dans les techniques sonores, la production, le merchandising, food & beverage local, le transport et l’hébergement thématique. Le partenariat UN-UMHL vise précisément à fournir les outils en données, labels et partenariats industriels pour que cette formule devienne opérationnelle.
Partant de là, le Maroc est une cible évidente. En effet, notre pays organise des festivals internationaux majeurs tels que Mawazine avec plusieurs millions de visiteurs ou Gnaoua d’Essaouira, Jazzablanca et Timitar qui attirent publics locaux et internationaux et génèrent des retombées directes pour le commerce local, la restauration et l’hébergement. Ces événements constituent des preuves de concept prêtes à être professionnalisées et reliées à une offre touristique musicale plus vaste.
Quant à la filière touristique marocaine, elle a retrouvé et même dépassé ses niveaux d’avant-pandémie. 2024 a vu des records d’arrivées et de recettes, les chiffres officiels indiquant des hausses significatives et des recettes en dizaines de milliards de dirhams. Cela signifie une capacité d’accueil et une visibilité internationale propices au développement d’offres segmentées telles que le music tourism. Du Gnawa d’Essaouira aux scènes urbaines de Casablanca et Rabat à travers concerts rap, pop et musiques électroniques, le Maroc peut proposer une palette d’expériences en musique sacrée, folk, fusion, scènes alternatives, utile pour segmenter l’offre de niche Gnaoua/World, urbain/club, résidentiel/artist-in-residence).
Le protocole UN Tourism-UMHL offre au Maroc une opportunité concrète pour transformer des succès événementiels ponctuels en un écosystème durable qui combine hébergement thématisé, scènes professionnalisées, formation et circuits culturels. L’impact peut être multiple tant en diversification des recettes touristiques, création d’emplois qualifiés ou rayonnement culturel, si toutefois notre pays adopte une stratégie articulant politiques publiques, incitations financières et règles protégeant la valeur locale.
Le défi est de créer des chaînes de valeur où artisans, techniciens, managers culturels, restaurateurs et hôteliers bénéficient d’un flux économique stable. Avec des projets pilotes ciblés à Rabat, Essaouira, Marrakech ou encore à Casablanca et l’appui méthodologique engagé par CME/UMHL, le Maroc peut occuper une place de choix dans la carte mondiale du music tourism comme adducteur de modèles inclusifs pour les économies à forte croissance.
