Il est vrai que le Maroc se déploie sur tous les fronts pour être au rendez-vous de la Coupe du Monde de Football prévue en 2030. Pari audacieux vu les énormes chantiers qu’il impose en infrastructures de base, d’urbanisme aussi, de moyens de mobilité, d’hébergements touristiques, de promotion auprès des marchés, etc. C’est de bonne guerre, en fait, puisque notre pays en sortira gagnant. Mais en logistique « combinée » il reste encore beaucoup de chemin à faire alors que l’échéance 2030 ne pardonne pas si on patiente trop longtemps…
Rien qu’à voir, par exemple, les images et vidéos ayant circulé le week-end sur la toile, montrant cet agglutinement monstre de passagers à l’aéroport Marrakech Menara où la fluidité de circuler était étrangère. Le risque qu’il y ait récidive pendant le tournoi footballistique mondial plane déjà sur les esprits. Il faut savoir que l’aéroport de Marrakech Menara accueille, actuellement, environ 200 vols par jour, un chiffre déjà considérable. Cependant, en comparaison, les aéroports de Dubaï et d’Istanbul, par exemple, accueillent plus de 800 vols quotidiens chacun. Les prévisions des experts indiquent que le nombre de vols quotidiens pourrait dépasser les 500 d’ici 2025, à mesure que Marrakech s’affirme comme une destination touristique de premier plan. Cette augmentation significative pourrait rapidement dépasser la capacité d’accueil de l’aéroport de Menara, posant des défis majeurs en termes d’infrastructures et de gestion du trafic aérien.
L’ONDA devrait revoir sa copie en harmonisant sa gestion des aéroports avec les autres intervenants institutionnels : les Douanes et l’Intérieur.
Durant le même week-end, le ministère des affaires étrangères d’Angleterre mettait en garde ses contribuables contre tout voyage programmé vers les pays arabes, y compris le Maroc, après les attaques de l’Iran contre Israel. Pour faire volte-face au risque que les TO et touristes anglais déprogramment leurs vacances chez nous, qui a bougé le petit doigt pour rassurer? Le ministère du Tourisme, L’ONMT ? La CNT ? Aucun jusqu’ici… Alors que le contexte impose une réactivité instantanée et efficace grâce à la mise en place d’une cellule de crise réunissant public et privé…
Quand est-ce que les acteurs du tourisme au Maroc vont-ils bouger pour y parer ?
Le Maroc devrait être à l’abri de ce type de risques en s’abstenant de développer la culture des demi-mesures. Qu’on le veuille ou non, le Maroc est une terre de tolérance, de stabilité politique, un vivier pour les affaires, un peuple attaché à ses racines et à son intégrité, un pays moderne mais authentique, un pays de droit, une nation qui sait resserrer ses rangs quand il le faut… Bref, un pays où on peut vivre à plein « l’exception marocaine ».
Tous ces acquis innés doivent être valorisés dans l’action et non pas seulement dans le discours touristique. Il faut que tous les intervenants agissent en concert, tel une troupe de musique accordant ses airs pour jouer une bonne musique et chanter en chœur, sinon c’est le charivari qui finit par lasser et faire quitter la scène. Un lobbying bien ordonné est une arme redoutable à brandir devant les menaces.
Justement, c’est le manque de lobbying qui nous fait, jusqu’ici, défaut et révèle notre fragilité quand ça fait mal en France et ailleurs : Lobbying inter-institutionnel et inter-professionnel. Bref.
C’est l’éternel problème de la gouvernance qui revient presque partout dans le secteur du tourisme, la gouvernance pose vraiment un problème qui se traduit par des carences graves au même titre que le dispositif de pilotage mis en place et qui, tous deux, ont besoin d’un big-bang impératif et revigorant. Où se place la gouvernance du ministère de tutelle si ce n’est pour le bien d’un secteur pour la défense duquel il a été investi ministre?
S’il y a échec, c’est en effet l’échec de gouvernance et d’hommes, partagé entre le public et le privé.