Le Conseil du Développement et de la Solidarité (CDS) a tenu, le 23 octobre 2024, un séminaire au Palace Tour Hassan à Rabat sous le thème « Connectivité et développement des territoires ». Cette rencontre s’inscrivait dans le cadre de la série de séminaires de réflexion organisés par le CDS autour des dynamiques territoriales, centrée sur l’importance de la connectivité pour désenclaver et renforcer l’économie des régions. Les enjeux exposés ont été d’un intérêt judicieux connotant une implication réelles du CDS dans les grandes questions de développement de notre pays, dans la transparence et un esprit avéré de citoyenneté…
Réunissant experts, responsables publics et acteurs économiques autour d’un enjeu clé pour le Maroc : comment adapter la connectivité, qu’elle soit aérienne, routière, ferroviaire ou numérique, agricole ou sociale pour encourager le développement équilibré des territoires, notamment ceux encore en proie à des inégalités d’accès ou du désintérêt.
Une demi-journée de débats où la connectivité des infrastructures a été analysée et passée au crible, vu qu’elle est un pilier essentiel pour intégrer les territoires aux dynamiques de croissance nationales. D’ailleurs, selon le conseiller de Sa Majesté le Roi, André Azoulay, les initiatives marocaines récentes illustrent une « nouvelle réalité » qui confère au Royaume une place stratégique à l’échelle régionale. Il a souligné que l’interconnexion des régions est une exigence contemporaine, qui demande pédagogie et responsabilité, et a plaidé pour une politique de “Open Sky” qui permettrait l’ouverture de nouvelles routes aériennes intrarégionales, en particulier pour les régions isolées.
D’abord, en ouvrant la séance, Mohamed Benamour, président du CDS, a son côté rappelé la mission du think tank: explorer et proposer des solutions pour accélérer le développement du Royaume. Depuis sa fondation, le CDS s’attache à promouvoir un développement inclusif, fondé sur le dialogue et la collaboration avec les institutions publiques, visant à diffuser les fruits de ses travaux dans une optique de contribution citoyenne.
Abdelhamid Addou, président-directeur général de la Royal Air Maroc, a présenté la feuille de route de la compagnie dans le cadre du contrat-programme 2023-2037, qui ambitionne de transporter 21 millions de passagers d’ici 2037 contre 5 millions en 2023. Il a cependant relevé la complexité de garantir une connectivité aérienne rentable pour certaines régions, appelant à un soutien renforcé de l’État pour compenser les surcoûts liés aux dessertes peu rentables. M. Addou a également précisé que la RAM vise à doubler sa flotte et multiplier les liaisons moyen et long-courrier pour mieux desservir les provinces enclavées.
Cette ambition s’inscrit justement dans les convictions de M. Benamour, qui voit la connectivité aérienne comme un moteur essentiel pour réduire les inégalités régionales. Toutefois, des intervenants ont remarqué que le modèle économique de la RAM pourrait évoluer vers un “Open Sky” national, décarboné, capable de renforcer les liens entre les territoires nationaux et, ainsi, de stimuler l’équité territoriale, notamment pour les communautés marocaines de la diaspora.
Pour exemple, la région de Drâa-Tafilalet, territoire historique et stratégique au potentiel économique varié – notamment dans le tourisme, l’agriculture et le secteur minier –, a été particulièrement mise en avant durant cette conférence. Samir Kheldouni Sahraoui, membre du CDS, a exposé les défis de la région, caractérisée par une faible densité de population et un indice de développement humain en déclin. Ce qui souligne que quelque chose ne va pas. Ce qui a d’ailleurs porté les intervenants à être unanimes sur la nécessité de renforcer les infrastructures et services, pour éviter une migration régionale de jeunes vers les grands centres urbains. En effet, un « plan Marshall » a ainsi été proposé pour Drâa-Tafilalet, pourvu d’un budget prévisionnel de 15 milliards de dirhams, et nécessitant une collaboration étroite entre l’État et les instances régionales pour surmonter les obstacles géographiques et logistiques. Ce plan d’urgence, élaboré par le CDS, vise à revitaliser le secteur touristique, vital pour l’économie de cette région désertique et oasienne.
Autrement, la connectivité des infrastructures terrestres et aériennes a également été abordée en lien avec les secteurs du tourisme et de l’agriculture. Dans ce cadre, des projets spécifiques pour valoriser les produits locaux de Drâa-Tafilalet, tels que les dattes, les pommes et la rose de Kelaat Mgouna, sont à l’étude. Les acteurs présents ont souligné la nécessité de favoriser l’implantation d’unités de transformation industrielle afin de générer des emplois locaux et d’ajouter de la valeur aux ressources locales.
Pour ce faire, le président de Crédit Agricole du Maroc, Mohammed Fikrat, a mis en avant les offres de financement dédiées aux agriculteurs locaux, renforçant ainsi la résilience et la rentabilité des exploitations agricoles. L’enjeu est de consolider le tissu socio-économique régional en diversifiant les sources de revenu et en assurant une connectivité optimale avec le reste du pays.
Le Secrétaire Général du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), Nabyl Benabdellah, a, quant à lui, appelé à la mise en œuvre du fonds de solidarité interrégionale, prévu dans la Constitution de 2011, pour compenser les disparités entre régions riches et pauvres. Cette solidarité financière, en appui aux régions défavorisées, permettrait d’accélérer l’égalité territoriale et de réduire les écarts de développement, point récurrent des discussions sur la gouvernance locale et la régionalisation avancée.
La rencontre s’est conclue sur l’appel de M. Benamour pour une action conjointe afin de désenclaver les régions comme Drâa-Tafilalet, tout en renforçant l’équité territoriale. La perspective d’un modèle de connectivité durable et inclusif, mettant en œuvre une politique d’open sky, pourrait constituer une solution innovante pour garantir l’intégration de toutes les régions dans le processus de développement national.
Cette rencontre, riche en idées, comme à l’accoutumée, et en recommandations précieuses, confirme la volonté des acteurs publics et privés réunis de faire de la connectivité un levier stratégique pour un développement équilibré et durable du Royaume, main dans la main…