11 février 2025

Du nouveau dans le tourisme de croisières à Casablanca

Vers le milieu de la semaine dernière, eut lieu une importante réunion au port de plaisance de Casablanca entre les autorités portuaires et les professionnels du tourisme, représentés par le Président du CRT Casablanca-Settat Othmane Cherif Alami et le vice-président Jalil Madih, spécialiste du tourisme de croisières au Maroc. Sur invitation du commandant du port, cette réunion avait objectif de créer une synergie entre les différents intervenants dans le secteur des croisières, dans l’objectif d’en améliorer l’offre générale : accueil et réduction du temps passé dans les formalités à remplir par les passagers après accostage (Les procédures administratives, souvent jugées rigides, alourdissent l’expérience des croisiéristes), prestation de services à quai et transport hors du port, réglementation d’accès aux transporteurs agréés (L’offre de navettes régulières vers le centre-ville est insuffisante, contraignant les passagers à recourir à des taxis non régulés, où les négociations tarifaires sont fréquentes. Par ailleurs, l’absence de signalétique multilingue complique l’autonomie des visiteurs), etc.

Par ailleurs, les croisiéristes rapportent parfois des sollicitations excessives de la part de vendeurs informels à la sortie du port, créant un sentiment d’inconfort.   Certains espaces publics adjacents au port, bien qu’en amélioration, présentent encore des problèmes de propreté, affectant l’expérience des visiteurs.  

Avec seulement deux postes d’amarrage dédiés aux paquebots, le port fait face à des problèmes de saturation en haute saison. Les retards à l’arrivée ou au départ, liés à la priorité accordée aux activités commerciales, génèrent des frustrations chez les passagers et compliquent la planification des excursions.  Aussi, l’absence de galeries marchandes modernes, de zones de détente ou de services digitaux (comme le Wi-Fi haut débit) contraste avec les attentes d’une clientèle habituée au confort des escales méditerranéennes.  

Les formalités d’entrée et de sortie, bien que conformes aux normes internationales, manquent parfois de célérité, allongeant les temps d’attente. D’aucuns pensent qu’une harmonisation entre les différents services (police aux frontières, douane, santé) serait nécessaire pour fluidifier ces processus.   De son côté, la gestion des escales implique une multiplicité d’intervenants (autorités portuaires, agences de voyage, prestataires locaux), dont les responsabilités mal définies peuvent entraîner des dysfonctionnements ponctuels.  

Si Casablanca séduit par son patrimoine architectural (comme la mosquée Hassan II) et son dynamisme économique, la liaison entre le port et les sites d’intérêt reste un défi.  

Il s’agit également d’un manque de Packages Touristiques Structurés. En effet, contrairement à des escales comme Tanger ou Agadir, Casablanca propose peu d’excursions clés en main adaptées aux courtes escales. L’offre culturelle, centrée sur quelques monuments, peine à rivaliser avec la diversité des expériences proposées dans d’autres ports méditerranéens.  

Face à des ports comme Barcelone ou Malte, Casablanca accuse un retard en termes de stratégie marketing et d’expérience client.  Contrairement à des destinations perçues comme incontournables (ex. : Dubrovnik), Casablanca reste souvent une escale secondaire, en raison d’une promotion touristique timide.   Dans le même esprit, l’absence de terminaux dédiés aux croisiéristes et le manque d’animation locale (spectacles, marchés artisanaux organisés) limitent l’attractivité immédiate.  

Certainement, les défis du port de Casablanca reflètent des enjeux structurels communs à de nombreuses escales émergentes : modernisation des infrastructures, coordination administrative et valorisation de l’offre touristique. Des efforts notables ont été initiés, comme le projet « Casablanca Port Center » visant à reconfigurer la zone portuaire. Cependant, une collaboration renforcée entre secteurs public et privé, associée à une approche centrée sur le client, sera essentielle pour transformer ces contraintes en opportunités. Dans un marché croisiériste en constante évolution, Casablanca a les atouts pour s’imposer comme une escale phare, à condition d’accélérer sa mue vers un modèle plus intégré et orienté service. Toutefois, armés véritablement d’une bonne volonté de donner au tourisme de croisières l’éclat qu’il mérite à Casablanca, les différents intervenants réunis la semaine dernière au port de la métropole semblent déterminés à mener à bout leurs engagements dans la cohésion, en désignant de facto une commission chargée d’assurer le suivi des actions et engagements pris. Une sorte d’ateliers dont le premier aura lieu justement cette semaine.

Il faut l’avouer, jusqu’ici, les croisiéristes y rencontrent des obstacles récurrents qui entachent l’expérience des passagers et limitent l’attractivité de la destination.

Justement, Casablanca voit loin pour réussir son tourisme de croisières. Avec 120 escales programmées en 2024 (+18 % par rapport à 2022), le port de Casablanca s’affirme comme une escale clé en Afrique du Nord. Desservi par des géants comme MSC Cruises et Costa Croisières, il a accueilli 230 000 passagers en 2023, générant un chiffre d’affaires estimé à 320 millions de dirhams. Les récents travaux d’extension du terminal (capacité portée à 4 000 passagers/jour) et les procédures de débarquement numérisées répondent aux standards internationaux.  

Néanmoins, l’effet économique local reste mitigé : 60 % des croisiéristes se limitent à des excursions d’une journée, privilégiant la visite express de la mosquée Hassan II et de la Corniche, avant de rejoindre Marrakech ou Essaouira. Un défi pour la valorisation du tissu commercial casablancais.   Sur le plan environnemental, l’industrie croisière, responsable de 15 % des émissions de CO2 du port, suscite des critiques. En réponse, les autorités portuaires ont heureusement lancé en 2023 un « Green Port » incluant l’alimentation électrique des navires à quai et une taxe incitative sur les rejets en mer.   Casablanca fait donc une transition audacieuse, où tourisme d’affaires, culture urbaine et croisières de luxe convergent pour redéfinir son identité.

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