L’impact stratégique de l’événementiel et l’animation urbaine
La récente annonce par l’administration Trump d’une taxation à 100 % sur les films produits hors des États-Unis menace de bouleverser profondément l’industrie cinématographique mondiale, avec des répercussions particulièrement sévères pour les studios situés dans des destinations étrangères prisées comme Ouarzazate au Maroc. C’est inéluctable…
Cette mesure quelque peu exagérée, motivée par une volonté affichée et chauvine de relancer la production cinématographique américaine et de contrer ce que Trump qualifie de prétendue « menace pour la sécurité nationale » liée aux incitations fiscales étrangères, soulève un ensemble de défis économiques à ne pas négliger, stratégiques et culturels d’envergure.
Donald Trump a subitement ordonné aux agences gouvernementales américaines d’instaurer un tarif douanier de 100 % sur tous les films produits à l’étranger et importés aux États-Unis. Cette décision s’inscrit, à ses yeux, dans une logique protectionniste visant à freiner soit-disant l’exode des productions hollywoodiennes vers des pays offrant des incitations fiscales attractives et des paysages idéaux pour le tournage de grandes productions cinématographiques comme les studios de Ouarzazate, perçues comme un « vol » des talents et des ressources américaines. Trump a dénoncé ces pratiques, comble de culot, comme une forme de « propagande » et un risque pour la sécurité nationale, insistant sur le slogan « WE WANT MOVIES MADE IN AMERICA, AGAIN! ».
De ce point de vue, Ouarzazate est devenue un pôle majeur de la production cinématographique internationale grâce à ses paysages variés, ses infrastructures modernes et ses incitations financières attractives. En 2023, le secteur marocain du cinéma a atteint des profits records, notamment grâce à des productions à gros budget comme « Gladiator 2 », dont le tournage a généré environ 30 millions de dollars de revenus locaux, soit un tiers des recettes record de l’année précédente. Le Maroc offre notamment un remboursement de 30 % des dépenses engagées pour les productions internationales, un levier financier essentiel pour attirer les studios étrangers.
La taxation américaine menace directement ce modèle : en imposant un tarif prohibitif sur les films tournés à l’étranger, les studios américains pourraient être contraints de réduire ou d’abandonner leurs tournages dans des pays comme le Maroc, ce qui porterait un coup sévère à l’économie locale du cinéma. Cette mesure risque de décourager les investissements étrangers, de réduire la création d’emplois locaux et de freiner le développement des infrastructures dédiées au cinéma dans ces régions.
Pour les producteurs et distributeurs américains, la taxe pose un dilemme majeur : soit ils acceptent de ne plus diffuser aux États-Unis les films réalisés à l’étranger, soit ils rapatrient entièrement leurs productions sur le sol américain pour éviter la surtaxe. Cette dernière option s’accompagnerait toutefois d’une augmentation significative des coûts de production, compte tenu des avantages fiscaux et logistiques dont bénéficient aujourd’hui les tournages à l’étranger.
Le secteur cinématographique mondial risque ainsi une contraction, avec une possible hausse des coûts, une réduction de la diversité des lieux de tournage et une concentration accrue des productions aux États-Unis. Les studios et plateformes de streaming ont déjà vu leurs actions baisser en bourse à la suite de cette annonce, traduisant une inquiétude palpable quant à l’impact économique de cette mesure.
Au-delà des aspects économiques, cette politique protectionniste surdimensionnée soulève des questions sur la place de la production cinématographique dans la diplomatie culturelle et les échanges internationaux. Le cinéma est un vecteur puissant de narration, d’influence et de soft power. En taxant lourdement les films étrangers, les États-Unis risquent de s’isoler culturellement et de provoquer des réactions de rétorsion de la part des pays concernés.
Par ailleurs, la diversité des paysages et des contextes offerts par des destinations comme Ouarzazate permet de réaliser des films aux scénarios variés, souvent impossibles à reproduire en Californie. La perte de ces atouts pourrait du coup appauvrir la créativité et la qualité des productions américaines.
La taxation à 100 % des films produits hors des États-Unis, telle qu’annoncée par l’administration Trump, constitue de la sorte une mesure radicale aux conséquences potentiellement dévastatrices pour les studios étrangers, notamment ceux implantés dans des hubs cinématographiques en pleine croissance comme Ouarzazate. Si elle vise à revitaliser la production américaine, cette politique risque de fragiliser un écosystème international qui bénéficie à la fois aux économies locales et à la richesse créative du cinéma mondial. La réponse des acteurs de l’industrie, ainsi que celle des gouvernements étrangers, sera déterminante pour l’avenir des productions transnationales et la dynamique du marché global du film…