L’impact stratégique de l’événementiel et l’animation urbaine
Certes, le secteur hôtelier marocain présente, au premier trimestre 2025, une dynamique contrastée, cependant marquée par une baisse notable des nuitées en mars, accompagnée toutefois d’une hausse des prix moyens par chambre. Cette évolution corroborée par différentes sources spécialisées, exhibe quand même des tendances structurelles et stratégiques majeures pour l’industrie touristique nationale.
Les données sectorielles révèlent qu’en mars 2025, le taux d’occupation global des hôtels au Maroc a chuté à 43%, soit une baisse de 7 points par rapport à mars 2024, tandis que le revenu moyen par chambre (PMC) a augmenté de 8%, atteignant 145 dollars. Cette combinaison d’un recul de la fréquentation et d’une hausse des tarifs traduit une stratégie tarifaire visant à compenser la baisse d’activité par une augmentation des prix, ce qui peut s’expliquer par plusieurs facteurs conjoncturels et structurels.
Le mois de mars, coïncidant intégralement avec Ramadan, a fortement affecté la demande, notamment celle des résidents marocains, qui constituent historiquement le premier marché domestique des hôtels. Selon les analyses, la fréquentation nationale aurait chuté de plus de 50% durant cette période, impactant directement le taux d’occupation des établissements. Cette baisse est conforme aux tendances observées dans toute la région Moyen-Orient/Afrique, où le Ramadan ralentit significativement les déplacements et l’activité touristique.
Malgré ce ralentissement en mars, les performances cumulées de janvier à mars montrent une progression du taux d’occupation moyen à 53%, soit une hausse de 8 points par rapport à la même période en 2024, portée par une augmentation de 22% des arrivées touristiques, notamment à Marrakech et Agadir. Cette croissance trimestrielle souligne une reprise solide post-pandémique et un attrait renforcé pour la destination Maroc, en particulier dans les segments luxe et haut de gamme.
L’un des éléments stratégiques majeurs à souligner est sans doute l’impact des contrats financiers de co-marketing entre les grandes chaînes hôtelières et les compagnies aériennes low cost, ainsi que d’autres acteurs du secteur aérien notamment la RAM. Automatiquement, ces partenariats facilitent l’accès à la destination pour les Marocains Résidant à l’Étranger (MRE) et les visiteurs étrangers, qui représentent une clientèle pivot, notamment sur les plateformes de location courte durée comme Airbnb.
Cette stratégie aérienne, combinée à la libéralisation progressive du transport aérien, contribue à une augmentation significative du trafic passager, avec une croissance des arrivées de +22% au premier trimestre 2025. Elle favorise ainsi le développement touristique et bénéficie directement aux hôtels haut de gamme et aux logements alternatifs, notamment les locations saisonnières.
Toutefois, cette dynamique profite davantage aux logements alternatifs, tels que les appartements Airbnb, qui attirent une clientèle internationale et MRE, souvent plus flexible et sensible aux offres low cost. À Marrakech, par exemple, le taux d’occupation des locations courte durée plafonne autour de 48% en mars 2025, en recul par rapport aux hôtels classés qui affichent un taux moyen de 72% sur l’année 2024. Cette tendance suggère que les unités d’hébergement classiques, même rénovées mais sans concept différenciant, risquent de perdre du terrain face à ces nouvelles formes d’hébergement qui séduisent par leur flexibilité et leurs tarifs compétitifs.
Face à ces évolutions complexes, il devient urgent de mettre en place un système statistique robuste, tel que le Compte Satellite du Tourisme, pour mieux comprendre les flux, les comportements et les impacts économiques du secteur. Ce dispositif permettrait d’analyser finement les contributions respectives des différents segments d’hébergement, des clientèles et des canaux de distribution, afin d’ajuster les politiques publiques et les stratégies privées de manière ciblée.
Par ailleurs, la modernisation de la flotte de Royal Air Maroc, avec l’introduction de nouveaux appareils, est un levier stratégique important pour améliorer la connectivité et la qualité de service, renforçant ainsi la compétitivité du Maroc sur le marché international du tourisme. Cette évolution s’inscrit dans une vision à long terme visant à consolider la position du pays comme hub aérien régional et à soutenir la croissance du secteur hôtelier.
Pour que les établissements hôteliers traditionnels, notamment ceux sans concept innovant, ne perdent pas leur part de marché, il est indispensable qu’ils adaptent leur offre et leur positionnement. Sur ce, la mise en place d’outils statistiques performants comme le Compte Satellite du Tourisme permettrait une meilleure compréhension des dynamiques en jeu et une prise de décision éclairée.