mustapha amal 
La Palmeraie, espace saturé en projets immobiliers et en resorts de luxe, est devenue au fil des années un terrain d’expérimentation stratégique : seules les enseignes capables de combiner identité forte et efficacité opérationnelle parviennent à s’y maintenir. Le rachat par ALH Hospitality d’un établissement inauguré en 2018, encore jeune dans son cycle d’exploitation, démontre sa détermination de miser sur un actif dont la valeur future reste largement exploitable, contrairement aux hôtels plus anciens nécessitant des restructurations lourdes.
Ce choix s’inscrit dans une lecture fine du marché du tourisme à Marrakech. Le segment Adults-Only, plébiscité en Europe et encore marginal au Royaume, constitue une niche à bon potentiel. En s’y ancrant, ALH se positionne à contre-courant des modèles familiaux surreprésentés et capte une clientèle à pouvoir d’achat élevé, souvent adepte de séjours courts mais à forte dépense moyenne par chambre.
Le Be Live Collection Marrakech, resort tout-compris, reconfigure le concept de l’All Inclusive en version premium. Les 28 swim-ups, extrêmement rares dans l’offre marocaine, matérialisent cette montée en gamme et traduisent une stratégie claire : privilégier l’expérience sensorielle et individualisée plutôt que la capacité brute.
Le spa de 1 200 m², couplé à un centre de conférence modulable, place l’établissement sur une double voie de capter, à la fois, le flux loisir international, tout en offrant une plateforme crédible pour le segment MICE. L’intérêt réside dans cette polyvalence maîtrisée, peu d’actifs en Palmeraie offrent cette articulation entre hedonisme et fonctionnel.
Après le Radisson Gauthier de Casablanca, clairement orienté vers le business travel urbain, Marrakech représente le pendant loisir, mais traité dans une version hautement ciblée. L’approche d’ALH Hospitality repose donc sur une bipolarité assumée d’affaires et loisirs sans dispersion, mais avec le fil rouge de la haute valeur ajoutée.
L’opération est conçue en jalon adducteur vers la masse critique visée à l’horizon 2030, non pas en volume mais en sélectivité, confirmant, une fois de plus, qu’un opérateur marocain est capable de dialoguer à armes égales avec les chaînes internationales.
La structuration de l’opération démontre une volonté de se conformer aux standards des grandes transactions internationales : Sterling Capital sur le financier, Naciri & Associés AO Shearman sur le juridique, N2AC sur le fiscal.
Ce recours à un dispositif pluridisciplinaire montre qu’ALH Hospitality adopte un processus institutionnalisé de croissance, condition sine qua non pour attirer investisseurs étrangers et joint-ventures avec les majors hôteliers.
Ce rachat participe d’un mouvement plus large de la montée en puissance d’opérateurs marocains qui ne se limitent plus à l’exploitation domestique mais cherchent à bâtir une expertise exportable. ALH Hospitality, adossé à la solidité d’ALH Holding, se distingue par une stratégie chirurgicale, là où d’autres acteurs, tels Madaëf ou Atlas Hospitality, jouent sur l’effet d’échelle ou le maillage territorial.
La spécificité d’ALH réside dans cette volonté de sélectivité intelligente : peu d’actifs, mais choisis pour leur potentiel singulier et leur capacité à générer une valeur additionnelle réelle, tant en exploitation qu’en repositionnement stratégique.
