Au-delà du plaidoyer laudatif du Chef de Gouvernement hier devant la Chambre des Représentants sur les performances touristiques après-crise et les engagements de l’Etat contenus dans la Feuille de Route 2026-2030 mais sans suivi, son discours chiffré aura surtout attiré l’attention quand il a évoqué le tourisme intérieur (sauveur historique du secteur pendant les périodes de vaches maigres) mais sans qu’il soit suffisamment convaincant car pas sorti des sentiers battus. L’intention du Chef de Gouvernement, qui se met à la mode du tourisme, était certes pragmatique. Revers, elle peut être interprétée comme une sorte de cheval de Troie pour dédouaner le Gouvernement de son échec ailleurs. Une embellie exploitée pour escamoter la grisaille, en quelque sorte…
Cet intérêt soudain pour le tourisme intérieur, à quelques semaines des grandes vacances estivales, ressemble plutôt à une prestation politique. Car, comme par le passé et toujours à la veille de la période d’été, le clin d’œil éphémère au touriste national est esquissé puis on n’en parle plus même si l’Etat reconnaît qu’il vaut 40% du taux des nuitées bien que souvent les prix de vente ne soient pas à la portée de la majorité. Plan Biladi aurait été une bonne alternative abandonnée. Pourquoi le Chef de Gouvernement n’en a-t-il pas parlé bien que le programme ait engagé l’Etat, en identifiant 7 sites régionaux de réalisation de stations dont 3 seulement ont vu le jour ? Or, le Plan Biladi a été élaboré, afin de répondre aux attentes des touristes nationaux, stipulant la création d’une capacité litière minimale de 30.000 lits dont 11.000 en résidences hôtelières horizontales (résidences touristiques aménagées en villages de vacances familiaux) et verticales (résidence touristique) et 19.000 lits en campings, grâce à un partenariat public/privé entre l’Etat et l’investisseur. En effet, hormis les stations Lounja, Arz et Mahdia, les autres stations inscrites dans l’offre Biladi tardent à émerger. Une famille qui aurait passé ses vacances à Ifrane, puis à Agadir et à Mahdia a certainement envie de changer d’air en mettant le cap ailleurs, à Ouarzazate, au nord du Maroc, dans la région de l’Oriental, etc.
En effet, on ne peut booster le tourisme intérieur de cette façon passéiste et la lenteur dans l’exécution. Quoiqu’il en soit, les prix pratiqués par les hôtels balnéaires pendant les vacances estivales ne sont pas forcément à la portée du touriste marocain qui voyage en famille. Malgré tous les efforts tarifaires que peuvent décliner les hôtels, il est logique que ceux-ci ne peuvent descendre au-dessous d’un seuil de rentabilité raisonnable.
Le camping serait-il vraiment la solution comme il l’a préconisé dans son discours au Parlement ? Cependant, la réalité démontre que les campings ne sont pas forcément adaptés aux nationaux, qui préfèrent par contre le bungalow plutôt que la tente.
Peut-être qu’il faudrait les solutions ailleurs et à portée de main : Revoir enfin la loi sur les RIPT en facilitant l’acquisition du foncier, même en bail sur 99 ans, achat du logement meublé, la location annuelle ou ponctuelle grâce aux sociétés de gestion location; les déductions fiscales de l’achat et des frais d’enregistrement, l’étalement des vacances scolaires, malheureusement annulé suite aux pressions des syndicats des enseignants. Autrement, l’activation du chèque vacances défiscalisé pour l’employé et l’employeur à hauteur d’un treizième mois et à 20% au delà avec un maximum égal à quatorze mois. A ce titre, le chèque-vacances, ardemment défendu par la CNT, est inscrit dans les objectifs du ministère du Tourisme depuis 2015 sans suite.
Peut-être qu’au milieu de tous ces ratés de stratégie, vaudrait-il mieux privilégier la création d’une direction du Tourisme Interne avec des prérogatives stratégiques sur l’ONMT, la SMIT et autres SDR, SDL etc, pour finalement aboutir à quelque chose …
En attendant, la question du tourisme intérieur se repose en leitmotiv qui ne trouve sérieusement pas preneur…