Haute saison oblige, la ministre du Tourisme n’aura, dans le cadre de sa tournée régionale de suivi de la feuille de route Tourisme, fait escale dans l’Oriental qu’après achèvement des grandes vacances, accompagnée d’une délégation renforcée, comprenant Hamid Bentahar, Président de la CNT, Lahcen Zelmat, Président de la FNIH, Mohammed Msellek, Secrétaire Général du Ministère du Tourisme, Imad Barrakad, Président du Directoire de la SMIT, Adel El Fakir, Directeur Général de l’ONMT. Étaient également présents dans la réunion autour de Mouaad Jamai, Wali de la Région, Ali Khalil, Gouverneur de la Province de Nador et Salah El Aboudi, Vice-Président du Conseil de la Région, Youssef Zaki, Président du CRT de l’Oriental ainsi que les représentants des professionnels, les élus de la région, les représentants des collectivités territoriales et professionnels du secteur du tourisme.
L’essentiel de l’intervention de Mme la ministre s’était focalisé sur le rôle moteur, mais jusqu’ici saisonnier, de la station Saidia alors que l’immense potentiel touristique de la région, l’immensité naturelle de son territoire devrait plutôt s’accaparer de toute volonté réelle de développement, y compris le balnéaire de la station qui ne devrait en constituer l’exclusivité. La région orientale aura en effet fait l’objet, durant les dernières années, d’un effort d’investissement important et plus particulièrement la station de Saïdia. Celle-ci, avec ses 6500 lits, concentre à elle seule aujourd’hui 47 % de la capacité globale de la région. Elle possède également plusieurs infrastructures d’animation, dont une Marina et un port de plaisance, deux parcours de golf de 18 trous, un parc d’attractions aquatiques de 7 hectares et une Médina mitoyenne.
Toutefois, la capacité litière de Saidia n’exclut pas la contribution honorable des unités existantes un peu partout à Oujda, Berkane, Nador et ailleurs mais qui, en retour, n’ont pas été favorisés dans les subventions de la SMIT. Pourtant, la région de l’Oriental, connue pour son riche patrimoine culturel et ses paysages pittoresques, compte un grand nombre d’hôteliers qui contribuent à l’économie locale et au développement touristique. Ironie du sort, seul un nombre limité d’hôteliers de la région ont bénéficié de l’appui financier de l’État. En effet, sur les 16 hôtels qui ont reçu cet appui, la majorité d’entre eux sont des établissements de grande envergure appartenant à l’État. Cette situation a suscité un mécontentement grandissant parmi les hôteliers indépendants et de taille moyenne de la région, qui ont été « laissés pour compte et n’ont pas eu accès aux ressources nécessaires pour faire face aux défis économiques actuels », note un opérateur. Qui plus est, certains professionnels locaux n’hésitent pas à taxer Saidia d’obstacle aux investissements privés, arguant que les deux stations balnéaires de Saidia et Marchica comptent à elles seules 90% des investissements étatiques, occasionnant une concurrence illégale par rapport au reste du territoire.
Même si Mme la ministre avait affirmé pendant la réunion que l’objectif est de faire de la station un moteur de développement de toute la région, l’écoute pragmatique des professionnels de la région devrait être couronnée de suivi réaliste sur le terrain. Il ne suffit pas d’annoncer à la tout va que l’aérien est l’une des priorités du ministère du Tourisme qui déclare vouloir doubler les liaisons point à point.
« Nous voulons également remédier à la forte saisonnalité en créant une offre diversifiée qui attirera des touristes tout au long de l’année et dans laquelle l’arrière-pays riche et diversifié jouera un rôle clé ». De la bonne volonté certes, mais comment en assurer la faisabilité communément concertée avec les professionnels ? Quels marchés mobiliserait l’aérien en co-marketing avec l’Onmt peut-être ? D’autant plus que la connectivité aérienne de la région de l’Oriental avec d’autres villes du Royaume, en particulier pour faciliter l’accès des Marocains à Saïdia, il existe une seule connexion vers Casablanca.
L’Oriental devrait être pris dans son ensemble comme produit touristique intégré de niches, comme l’écotourisme, le tourisme de nature, les peintures rupestres et, par exemple, l’oasis de la région de Figuig, les contraintes d’accessibilité aérienne malgré l’existence de l’aéroport de Bouarfa distant d’une heure seulement de route de Figuig. Aussi, la présence du principal élevage sauvage de mouflons au Maroc sur Jbel Lakhdar près de Bouarfa, l’existence de dunes et désert intacts sans pollution sonore par quads ou autres mécaniques. Sans oublier Taforalt où les fouilles ont révélé une présence paléolithique (Grotte des Pigeons) dans l’arrière-pays de Saidia. Bref, des produits cumulés en une seule région pourtant proche de l’Europe et du marché prometteur d’Israel : Désert, Oasis, grottes, montagnes, mer, du cultuel à travers par exemple Zaouia Boutchichiya à Madagh, Debdou la ville des rabbins sépharades et des grandes fortunes sépharades (les Marciano fondateurs de la marque de luxe Guess, etc) ».
Des richesses qui semblent ignorées pour être capitalisées, pourquoi pas, dans la feuille de route pour la bonne raison que c’est le tourisme d’avenir basé sur les nouvelles expériences. Voilà !