A l’occasion de la tenue de la 18ème édition du Salon Marocotel à El-Jadida, nous nous sommes permis de déambuler dans la ville et ses alentours pour nous enquérir de l’état de santé touristique dans la destination, en commençant par chercher où l’on peut d’abord se restaurer convenablement.
Sans hésiter, nous avons pis le cap sur Sidi Bouzid, question de nous restaurer baignés par la brise marine au restaurant Blue Heaven, très plébiscité pour la fraîcheur du poisson qu’il propose (arrivage du jour), l’ambiance sereine et bon vivant et la qualité de service correcte et simple sans trop de chichi. D’ailleurs, c’est le restaurant tout indiqué pour les corporate et les groupes, recommandé justement par les grandes agences de voyages. Justement, nous sommes tombés à pic avec un groupe de touristes taiwanais visiblement tombés sous le charme. Bref, une bonne note pour ce restaurant…
Autrement, qu’en est-il des autres restaurants touristiques, exceptés ceux des grands hôtels de la place ? Le constant est assez mitigé, pour ne pas dire alarmant.
El Jadida, jadis reconnue pour sa richesse culturelle et ses magnifiques paysages côtiers, était également réputée pour ses restaurants gastronomiques. Des établissements tels que le TIT, le Relais, le Beauséjour, la Brise, le restaurant du port, le restaurant de Jorf Lasfar, le Marrakech, Khaima, le restaurant du camping, le Requin Bleu étaient parmi les joyaux de la ville. Malheureusement, aujourd’hui, la plupart de ces établissements ont disparu ou se sont transformés en de simples bars à alcool, sans aucune des qualités que l’on attend d’un restaurant au sens propre.
L’un des aspects les plus tristes de cette infortune est l’impact peu reluisant qu’il a sur le tourisme dans la région où les restaurants se sont transformés en bars ni plus ni moins, ne servant pas de plats de qualité, aucunement d’accueil attentif où le service soigné a disparu, le cadre agréable troqué contre l’ambiance taverne…
La situation a été aggravée par la politique de délivrance des licences. Le gouvernement ne délivre plus de licences pour les bars, seuls les restaurants, les cabarets et les nights peuvent en obtenir. Cela a conduit à une situation où certains propriétaires demandent des licences pour ouvrir des « restaurants », mais les transforment rapidement en bars sans rapport avec un véritable restaurant. Ce manque de contrôle a entraîné des conséquences néfastes pour l’image de la ville.
Ce manque de professionnalisme dans le secteur de la restauration explique en partie pourquoi le nombre de restaurants à El-Jadida diminue alors qu’il augmente dans d’autres villes touristiques du royaume. Les autorités compétentes doivent prendre des mesures pour effectuer des contrôles inopinés et sévir contre ces établissements qui ne respectent pas les normes.
Il est essentiel de remettre les pendules à l’heure maintenant. El-Jadida mérite de retrouver sa réputation de ville gastronomique avec son beau palais des congrès et cela ne peut se faire que par un renforcement des contrôles et un respect strict des normes de qualité. Les autorités doivent agir, et les restaurateurs doivent retrouver le sens de l’hospitalité et de la gastronomie qui ont fait la renommée de la ville. Sans cela, El-Jadida risque de sombrer davantage dans le chaos des bars et de perdre son attrait touristique.